Mais entre autres différences, il y a celle-ci, qu’un des artistes est le précurseur, et que l’autre est le successeur, que le premier n’a pas de modèle, et que le second a un modèle, que le premier voit les choses face à face, et que le second voit les choses par l’intermédiaire du premier, que plusieurs grandes parties de l’art se sont perfectionnées, que la simplicité et la grandeur de l’impression ont diminué, que l’agrément et le raffinement de la forme se sont accrus, bref que la première œuvre a déterminé la seconde. […] Il n’y a ici comme partout qu’un problème de mécanique : l’effet total est un composé déterminé tout entier par la grandeur et la direction des forces qui le produisent. La seule différence qui sépare ces problèmes moraux des problèmes physiques, c’est que les directions et les grandeurs ne se laissent pas évaluer ni préciser dans les premiers comme dans les seconds. […] Mais quoique les moyens de notation ne soient pas les mêmes dans les sciences morales que dans les sciences physiques, néanmoins, comme dans les deux la matière est la même, et se compose également de forces, de directions et de grandeurs, on peut dire que dans les unes et dans les autres l’effet final se produit d’après la même règle.
Mais dans sa grossièreté, notre France féodale et chrétienne a un principe de grandeur morale que la Grèce artiste et mythologue n’a pas connu. […] Nul esprit d’aventures, nulle folie de l’honneur, nul calcul de l’intérêt ne dégradent encore la brute grandeur des âmes : nulle galanterie non plus, ni fadeur ou grossièreté d’amour. […] Il n’est pas jusqu’à la forme que le mouvement et la grandeur du récit n’emportent et n’élèvent. […] Ils perdent toute dignité, toute grandeur, toute réalité, toute consistance aussi.
Certains héros de la Grèce primitive, certains saints du moyen âge, en qui la critique s’évertue à chercher des mythes, sont historiques, parce que nous nous reconnaissons dans leurs pensées, dans leurs actions, dans leur grandeur même, pour peu qu’elle ne soit pas inaccessible. […] On l’a appelé le grand Corneille, comme on a appelé Louis XIV Louis le Grand, autant pour la grandeur de leurs œuvres que parce qu’ils ont aimé avant tout le grand. […] Grandeur et simplicité sont choses qui vont ensemble. On ne s’avise pas de remarquer la simplicité dans un discours ordinaire ; on n’en est averti que là où la grandeur des pensées fait contraste avec la simplicité des mots.
Réalité et grandeur des images, vérité et sincérité d’inspiration, elle offre tous ces caractères, mais avec quelques taches de détail. […] Il a figuré, dans un moule qui ne s’oubliera plus, ce don divin du talent, avec tout ce qu’il y entre à la fois de grandeur, de tristesse et de misère.
Les beautés des tragiques et des lyriques, les grandeurs d’Homère se dérobaient par mille côtés, et par leurs côtés peut-être les plus sacrés : on en parlait à la légère, presque sur ouï-dire, un peu sur la foi de l’écho, et, même en les célébrant, on courait risque d’en méconnaître et d’en altérer le caractère. […] On a beaucoup et très-éloquemment parlé à ce propos de poésie populaire, de génie instinctif, d’épopée toute spontanée, et l’on a cru par là, retrouvant la grandeur, suppléer à l’unité.
Partout, dans ce circuit, éclate la grandeur ou la force. […] Plus de grandeur ni de puissance ; l’air sauvage ou triste s’efface ; la monotonie et la poésie s’en vont ; la variété et la gaieté commencent.