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2619. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

. — Courir à cheval à bride abattue par-dessus les haies, les fossés, les rivières, monter et descendre les montagnes pendant des journées, camper la nuit en plein vent, près d’un feu allumé au milieu des bois, c’étaient là ses goûts. […] Ses goûts n’avaient rien de personnel, d’égoïste ; ils tendaient tous à un but pratique d’intérêt général.

2620. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Il établit plusieurs fois les différences qui séparent ces deux partis, leurs reproches mutuels : « Nous les accusons, écrit-il dans le numéro 40, de vouloir détruire l’Église établie, et introduire, à sa place, le fanatisme et la liberté de penser ; d’être ennemis de la monarchie, de vouloir miner la présente forme du gouvernement pour élever une république ou quelque autre établissement de leur goût sur ses ruines. […] Pope félicitait Swift sans détour : « Je prédis, écrivait-il, que ce livre fera désormais l’admiration de tous les hommes. » Swift, lui-même, avait le sentiment de la grandeur de son œuvre, lorsqu’au mois d’août 1727, répondant à une lettre où l’abbé Desfontaines s’excusait d’avoir altéré Gulliver pour le rapprocher du goût de la France, il écrivait au timide traducteur : « Si les livres du sieur Gulliver ne sont calculés que pour les îles britanniques, ce voyageur doit passer pour un très pitoyable écrivain.

2621. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

Wilder donne la perfection de la traduction vulgarisatrice : sa traduction est exacte de sens ; elle est écrite littérairement ; elle est claire, tellement que les Allemands qui ne comprendront point des vers de la Walkure en chercheront l’intelligence en la Valkyrie ; au lieu des mots inusités, inventés ou renouvelés, du texte allemand, les mots sont ordinaires ; la grammaire, traditionnellement correcte, n’a rien des insolites complications de la grammaire Wagnérienne ; la métrique Wagnérienne est abandonnée pour l’usuelle versification des poèmes dramatiques français, — le vers rimé (nécessaire à une œuvre populaire), non allitéré, coupé selon le goût français non correspondamment au vers allemand ; c’est une francisation de ces œuvres formidablement différentes, une simplification d’elles qui les popularisera et, éminemment, une vulgarisation. […] Dujardin essaie de minimiser la portée politique de ce texte, ce qui est bien hasardeux quand on connaît les engagements politiques de Wagner et son goût pour les pamphlets.

2622. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

 » Il pouvait ajouter qu’une certaine joie aisée, agréable, piquante, vaut cent fois mieux, dans ces dissertations d’art et de goût, que toutes les formules algébriques. — Mais que fais-je, en ce moment, pourquoi donc cette dissertation à propos de mademoiselle Mars ? […] on ne résistait pas à cet entraînement contenu dans les plus correctes limites ; au contraire, on s’abandonnait volontiers à cette force sincère, à cette passion naturelle, à cet entraînement, qui obéissent à toutes les règles du goût, du bon sens, de la grâce, du sentiment.

2623. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

On pourrait citer un nombre infini d’exemples curieux et parfaitement authentiques de l’hérédité des goûts, des tempéraments et des caractères les plus divers, et même des façons d’agir ou des manières d’être les plus étranges, parfois associées avec certaines dispositions mentales ou avec certaines époques. […] Or, la sélection naturelle ne pourrait-elle conserver chaque légère variation tendant à adapter de mieux en mieux son bec pour une telle fonction, jusqu’à ce qu’il se produisît un individu, pourvu d’un bec aussi bien construit pour un pareil emploi que celui du Casse-noix, en même temps que l’habitude héréditaire, la contrainte du besoin ou l’accumulation des variations accidentelles du goût, rendraient cet oiseau de plus en plus friand de cette même graine ?

2624. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Pour mon goût, j’aimais mieux l’ancien, le barbare, comme disaient les badauds après ce finaud de Voltaire ! Mais il ne s’agit pas de mes affreux goûts… Sur un mot très simple et très explicable, placé dans un des chœurs du Henri V, en l’honneur du comte d’Essex, François Hugo, qui a l’imagination fort alerte, nous enfile toute une histoire qui, je le crains pour lui, ne passera pas plus que le chameau à travers le trou de l’aiguille… Selon François Hugo, le comte d’Essex n’était pas seulement le miroir… de la vieille Reine Élisabeth ; il était par en dessous l’ennemi de l’intolérance religieuse de son gouvernement : c’était un philosophe anticipé et préludant ; et comme ce d’Essex était l’ami de Southampton, et Southampton l’ami de Shakespeare, et comme les amis de nos amis sont nos amis, Shakespeare se trouve donc être par ricochet un libéral et un opposant politique… Et j’ai vu l’heure, ma parole d’honneur !

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