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449. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Je sais des gens pour qui l’homme d’un parti contraire n’existe pas. […] Mettez : gens de lettres, au lieu de poètes ; la chose est tout aussi vraie. […] Des gens de goût (pas beaucoup ; est-ce qu’il y en a jamais beaucoup ?) […] » Les gens d’aujourd’hui disent d’un homme : Tout habile qu’il est. […] Et ce n’est point de sa part négligence : il avertit les gens par une note.

450. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Elle se compose en grande partie de gens riches et distingués ou de fanatiques. […] Des milliers de gens perdirent la raison. […] Aussi, l’effet du mode d’expression mystique sur les gens qui se laissent ahurir est-il très fort. […] Le moyen, c’est la suggestion : il s’agit de donner aux gens le souvenir de quelque chose qu’ils n’ont jamais vu ». […] Dans « les fleurs des gens, les fleurs innombrables des champs », (Amour) « champs » et « gens » ont à peu près la même assonance.

451. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Dans presque toutes, la prolixité, ce trait commun de tous les ouvrages en vers du xiiie  siècle, détruit les proportions du genre ; les propriétés des animaux n’y sont pas observées ; ce ne sont ni des bêtes ni des gens de l’époque. […] Voir, voir, mais j’emplis ma pance De bons morceaux et de bous vins, Tels cum il affiert (appartient) a devins (gens d’Église). […] Jaim’mieux devant les gens orer (prêcher), Et affubler ma renardie Du manteau de papelardie. […] En l’absence du coupable, qui ne peut être interrogé, le président demande s’il se trouve dans l’assemblée quelque avocat d’office qui veuille prendre sa défense, Une foule immense se lève en tumulte, jeunes, vieux, gens des deux sexes et de toutes conditions, les uns pour excuser le coupable, les autres pour renchérir sur l’acte d’accusation. Les premiers demandent grâce pour sa jeunesse, pour son érudition, « telle, disent-ils, qu’il n’est personne qui puisse lui être comparé dans la langue française. » Quelques-uns prétendent qu’on se trompe sur ses intentions ; que, sous cette prétendue licence de langage, se cache un profond esprit de pénitence ; d’autres l’approuvent énergiquement d’avoir dit la vérité à tout le monde, nobles, gens d’Église, peuple.

452. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Quel autre but, disoit l’abbé De Pons, ont pu se proposer le Tasse, Milton, le Camoens, si ce n’est d’amuser leurs contemporains, de se faire lire des gens frivoles & désœuvrés. […] Controleur général des bâtimens sous Colbert, aimé & considéré de ce ministre, il employa sa faveur auprès de lui pour faire récompenser les gens de mérite. […] Peu de gens possèdent les vertus de la société dans un dégré aussi éminent, que les avoient ces deux frères. […] La traduction en prose de madame Dacier l’a comblée de gloire dans l’esprit de certaines gens. […] Mais après avoir passé toute la matinée à l’étude, elle recevoit, le soir, des visites de tout ce qu’il y avoit de gens de lettres en France.

453. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — II. (Fin.) » pp. 254-272

Ceci devient sérieux et de ton et de fond : « Il est bien difficile de n’être pas sérieux au fond, disait le prince en une de ses Pensées, si ce fond n’est pas, comme chez quelques gens, à la superficie. » Il était royaliste, non par préjugé, mais par réflexion et par principes. […] Bien des gens se sont flattés d’être des gentilshommes en émigrant : « et il n’y en a aucun, si petit qu’il soit, qui ne se croie égal à un Montmorency, puisqu’il sert l’autel et le trône ». […] Les gens d’esprit qui allaient chez elle n’en faisaient plus et devenaient presque de bonnes gens. […] Les femmes, la Cour, la ville, les gens d’affaires ne m’avaient pas trompé.

454. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Le roi de Navarre parla d’abord et posa cette première question : si, dans les circonstances présentes et nouvelles, les huguenots devaient avoir les mains croisées durant le débat des ennemis, envoyer tous leurs gens de guerre dans les armées du roi sans en faire montre (ce qui était l’opinion de plusieurs), ou s’ils devaient prendre séparément les armes pour secourir le roi en leur propre nom, et profiter de toutes occasions pour s’affermir ? Le vicomte de Turenne, depuis duc de Bouillon, opina le premier : c’était un homme de grands discours et habile à donner des infinités de raisons à l’appui des conclusions qu’il embrassait ; ayant été récemment accusé d’avoir été trop prompt à la dernière levée de boucliers, son point de départ, cette fois, fut qu’il fallait changer de méthode, mettre de son côté le droit et l’apparence, éviter avant tout l’odieux : « Si vous vous armez, disait-il, le roi (Henri III) vous craindra ; s’il vous craint, il vous haïra ; s’il vous hait, il vous attaquera ; s’il vous attaque, il vous détruira. » Par ces raisons subtilement déduites et enchaînées, il concluait qu’il fallait introduire, faire couler les gens de guerre dans les armées royales et servir de la sorte sans enseignes déployées : « Le roi devra sa délivrance à notre vertu, et sacrifiera sa haine passée à notre humilité. » Cet avis allait l’emporter, et la majorité semblait s’y ranger lorsqu’un mestre de camp, c’est-à-dire d’Aubigné, commandé de parler à son tour, s’exprima en sens contraire et changea la face de la délibération. […] On en voit le thème : il s’indigne pour les siens, pour les hommes de sa cause, à cette seule idée de se faufiler dans l’armée royale ; ce serait abjurer le passé : Ce serait, dit-il en commençant, fouler aux pieds les cendres de nos martyrs et le sang de nos vaillants hommes, ce serait planter des potences sur les tombeaux de nos princes et grands capitaines morts, et condamner à pareille ignominie ceux qui, encore debout, ont voué leurs vies à Dieu, que de mettre ici en doute et sur le bureau avec quelle justice ils ont exercé leurs magnanimités ; ce serait craindre que Dieu même ne fût coupable ayant béni leurs armes, par lesquelles ils ont traité avec les rois selon le droit des gens, arrêté les injustes brûlements qui s’exerçaient de tous côtés, et acquis la paix à l’Église et à la France… Je dis donc que nous ne devons point être seuls désarmés quand toute la France est en armes, ni permettre à nos soldats de prêter serment aux capitaines qui l’ont prêté de nous exterminer, leur faire avoir en révérence les visages sur lesquels ils doivent faire trancher leurs coutelas, et de plus les faire marcher sous les drapeaux de la Croix blanche qui leur ont servi et doivent servir encore de quintaine (point de mire) et de blanc. […] Il est trop plein et trop près de son sujet pour nous l’expliquer, et il parle à des gens qui alors l’entendaient à demi-mot.

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