Il ajoute avec un tact délicat : « Que le salon Charpentier aura peut-être la fortune — chose regardée comme impossible en France — de réunir et de mettre en contact des gens d’opinion différente, qui s’estiment et s’apprécient, chacun, bien entendu, gardant son opinion. » Et il parle de l’Angleterre, où le soir, dans le même cercle, les antagonistes les plus violents se donnent la main. […] Je viens de voir, sur un boulevard neuf, une grande librairie, qui n’a en montre que La Fille Élisa, étalant par toutes ses vitrines, aux gens qui s’arrêtent, mon nom, mon nom seul. […] Mercredi 4 juillet L’homme célèbre, qui dévoile une humanité bonasse aux gens, avec lesquels le hasard le met en rapport, perd de son prestige. Les inconnus, comme les domestiques, n’ont d’admiration que pour les gens qui ne les regardent pas comme leurs semblables. […] Et cependant elle avait été jetée cinquante fois au public de l’Odéon, cette phrase du « monsieur en habit noir » d’Henriette Maréchal : « Il y a des gens qui y disent des choses qui corrompraient un singe et qui feraient défleurir un lys sur sa tige. » Les propos à faire rougir un singe, ça me semble bien descendre de l’engueulement du bal d’Henriette Maréchal.
Que de gens, en arrivant à Naples, entre tant de belles choses à voir sous le soleil, n’ont rien de plus pressé que de courir au Musée secret ! Que de gens, dès qu’il est question du règne de Catherine II, vont tout droit, pour commencer, au corridor secret et à l’alcôve ! […] J’ai voulu tirer parti de vos Messieurs les gens d’esprit en istes, je les ai essayés ; j’en ai fait venir ; je leur ai quelquefois écrit ; ils m’ont ennuyée, et ne m’ont pas entendue ; il n’y avait que mon bon protecteur Voltaire.
» Et, si j’ai bien compris, il finit par se faire à lui-même cette réponse ou à peu près : « Si la vie a un sens, elle a celui que lui donnent les honnêtes gens et les braves gens, quels que soient, d’ailleurs, l’espèce et le degré de leur culture. » Seulement il a l’air de songer tout le temps : « Peut-être bien que la vie n’a pas de sens du tout. » Et c’est pourquoi son livre est triste, aussi triste, en vérité, que la Course à la mort. […] Sa compagne devient grosse… Je connais des gens qui, s’ils avaient une femme et si cela lui arrivait, auraient la candeur de s’en réjouir. […] (Je vous dis que ces gens-là ont toutes les veines !)
L’Arabe, qui n’a eu aucun maître, est souvent néanmoins très distingué ; car la tente est une sorte d’école toujours ouverte, où, de la rencontre des gens bien élevés, naît un grand mouvement intellectuel et même littéraire. […] La cour des rois lui apparaît comme un lieu où les gens ont de beaux habits 139. […] Le lien de l’idée est le seul que ces sortes de natures reconnaissent : « Voilà ma mère et mes frères, disait-il en étendant la main vers ses disciples ; celui qui fait la volonté de mon Père, voilà mon frère et ma sœur. » Les simples gens ne l’entendaient pas ainsi, et un jour une femme, passant près de lui, s’écria, dit-on : « Heureux le ventre qui t’a porté et les seins que tu as sucés !
Enfin, Saint-Simon dit que madame de Montausier cria au secours de ses domestiques ; et selon mademoiselle de Montpensier, madame de Montausier lui dit que si ses gens eussent été près d’elle, elle eût fait jeter le marquis par les fenêtres. […] Selon lui, quelque temps après la scène que fît Montespan à madame de Montausier, « cette dame descendant, avec son écuyer et ses gens, un petit degré pour aller de chez elle chez la reine, elle trouva une femme assez mal mise qui l’arrêta, lui fit des reproches sanglants sur madame de Montespan, et lui parla même à l’oreille. Elle empêcha ses gens de la maltraiter, et tout éperdue remonta chez elle, s’y trouva mal, et tomba incontinent dans une maladie de langueur qui lui fit fermer sa porte à tout le monde.
Cela n’a point cette note insupportable de l’originalité qui déchire l’oreille de l’amour-propre, — cette oreille, délicate et longue, qu’il faut ménager, — et cela ne tire pas non plus brusquement les gens qui les aiment de la béatitude des idées communes… Prévost-Paradol ne sonne point du cor de Roland, en littérature ; de ce cor qu’on n’entend pas toujours, malgré sa puissance, qui meurt sans écho et qui brise les cœurs épuisés… Il joue, lui, d’un instrument plus commode. C’est la flûte de la rhétorique, qu’on entend très bien et dont tant de gens ont l’embouchure. […] À l’exception des gens d’un goût difficile qu’il faut plaindre et qu’il est encore mieux de détester, tout le monde a goûté sur-le-champ cette musiquette.