» Vabre eût volontiers arrêté les gens dans la rue pour leur demander : « Avez-vous lu Shakespeare ? […] Ce sont des eaux-fortes d’artiste gravées de verve et sans les précautions minutieuses qu’y mettent les gens du métier. […] Le génie du poète dominait par instants les routines et les mauvais instincts de la foule qui regimbe contre tout ascendant qu’elle ne subissait pas la veille et trouve qu’elle admire déjà bien assez de gens comme cela. […] c’était à peu près tout le monde ; les banquiers, les agents de change, les notaires, les négociants, les gens de boutique et autres, quiconque ne faisait pas partie du mystérieux cénacle et gagnait prosaïquement sa vie. […] Il ne ressemble guère ni à l’un ni à l’autre de ses maîtres : — à vrai dire, les gens bien doués n’ont d’autre professeur qu’eux-mêmes, et ils ne prennent à l’atelier que des recettes et des procédés matériels, qu’ils modifient bientôt à leur usage.
Pour vivre, aujourd’hui comme autrefois, les gouvernements doivent s’assimiler les hommes forts en les prenant partout où ils se trouvent, et enlever aux masses les gens d’énergie qui les soulèvent… C’est ainsi que la Chambre des lords anglais s’assimile constamment des aristocrates de hasard. » Remarquez bien cette comparaison. […] Ils doivent être, des quantités égales, pour me servir d’une expression géométrique », ce qui est impossible, il l’avait dit ailleurs : « L’égalité sera peut-être un droit, mais aucune puissance humaine ne saurait convertir ce droit en fait. » Il en conclut qu’une majorité issue du vote de gens, inégaux en fortune, en capacités, en intérêts sociaux, ne représente qu’un chiffre brutal, sans signification réelle. […] Des gens de frontière, par exemple, n’ont pas, ne peuvent pas avoir les façons de penser et de sentir des gens de capitale. […] … Souhait impuissant du plus curieux, du plus agile des esprits, du plus incapable de s’emprisonner dans un cycle défini de mœurs et de gens ! […] Il tombait alors dans cet état de conversation exaspérée qui lui a donné aux yeux de beaucoup de gens une allure satanique et méchante, au lieu qu’il était le meilleur des hommes, le plus facilement touché d’une délicatesse, jaloux d’amitié mais si affable, si accueillant.
Si l’on rencontre parfois des gens simples comme Victor Pavie et d’excellents bonshommes comme Charles Nodier, on tombe aussi parfois sur un Sainte-Beuve. […] Que de lieux et que de gens ! […] Il en est qui furent de durs compagnons et d’âpres gens. […] Les Français sont des gens étonnants. […] Saint-Simon avait raison, ces époux Pontchartrain étaient d’excellentes gens et on sent que l’âcre duc s’étonne qu’ils aient pu mettre au monde un si vilain fils que le leuran.
Chez les gens du peuple et les hommes primitifs, l’œil et l’oreille, au lieu de décider immédiatement ce qui est beau ou laid, ne font qu’enregistrer le jugement des autres sens. « Quelle est cette jolie plante ? […] Un beau pays est encore pour les gens du peuple un pays riche où l’on mange abondamment ; pour un marin la mer semblera belle lorsqu’elle sera sûre, et laide précisément lorsque le touriste admirera ses grandes vagues blanches ; pour un cultivateur les charmants coquelicots rouges et les bluets sont une tache et une laideur dans un champ de blé. […] Hugo, les gens du peuple éprouveront des émotions violentes, presque pénibles, plutôt que des émotions vraiment esthétiques. […] Donc, malgré l’identité du sentiment moral avec le plus haut sentiment esthétique, l’art est tout autre chose que la morale : il s’y produit ce qui se produirait dans la musique si la musique s’adressait à des gens d’oreille un peu dure ; elle serait réduite à s’abstenir de toutes les nuances délicates, de toutes les mélodies fines et douces qui exigent pour être perçues une trop grande tension de l’oreille et de l’esprit ; au contraire, les effets bruyants et facilement saisissables fourniraient à ces tympans rebelles une agréable excitation. […] Si nous avions un odorat aussi aiguisé que celui du chien par exemple, il est probable que les odeurs entreraient comme élément nécessaire dans toutes nos émotions esthétiques, jusque dans nos jugements sympathiques (car un chien éprouve de la répulsion ou de l’attraction pour les gens suivant leur odeur, comme nous suivant l’expression de la physionomie).
vont dire ici les gens qui, depuis quelque temps, nous voient venir, nous vous tenons ! […] — Que de beautés pourtant nous coûtent les gens de goût, depuis Scudéry jusqu’à La Harpe !
Il y a peu de gens, après tout, contre qui l’on fasse des banquets, et, depuis le roi Louis-Philippe, je ne suis pas médiocrement fier d’en être le premier ! […] Ces grimaces n’imposèrent à personne, et l’action qu’on venait de faire fut d’autant plus détestée de tous les gens de bien qu’on ne put trouver un prétexte qui eût la moindre apparence.