Quelquefois aussi on la reçoit de la nature, et il faut bien la garder comme on l’a reçue. […] Si j’avais eu à former la place de Louis XV où elle est, je me serais bien gardé d’abattre la forêt.
Elle les a gardés nus toute sa vie, troués qu’ils étaient des clous du Sauveur, car c’était une stigmatisée ! […] Mais, excepté quelques âmes pieuses et mystiques, qui donc garda, pour la rappeler, l’impression de ce livre, un des plus impressifs pourtant qui aient jamais été écrits ?
Il avait touché à cette baguette magique d’acier qui s’appelle une épée et qu’on ne touche jamais impunément, et il en avait gardé dans la pensée je ne sais quoi de militaire et, qu’on me passe le mot ! […] Stendhal, un jour, aux environs de la Bérésina, se présenta devant son chef, Daru, l’intendant général, rasé et habillé avec la recherche qu’il aurait eue à Paris : « Vous êtes un homme de cœur », lui dit Daru, frappé d’un détail qui aurait frappé aussi Napoléon, car il révélait l’homme tout entier qu’était Stendhal, et, en effet, à part la petite terreur d’être dupe, rapportée des salons et que lui a reprochée si spirituellement Sainte-Beuve, il garda toujours inaltérables, dans toutes les positions et dans tous les dangers, sa bonne humeur et son sang-froid.
C’était un homme d’action, fils d’une époque qui avait été l’action même, et qui portait la réverbération de Napoléon sur sa pensée ; il avait touché à cette baguette magique d’acier qui s’appelle une épée, et qu’on ne touche jamais impunément, et il avait gardé dans la pensée je ne sais quoi de militaire et, qu’on me passe le mot, de cravaté de noir, qui tranche bien sur le génie fastueux des littératures de décadence. […] Sainte-Beuve, il garda toujours inaltérables, dans toutes les positions et dans tous les dangers, sa bonne humeur et son sang-froid.
Il s’est bien gardé, lui, de poétiser l’adultère ! […] Les plus prudes parmi ses lectrices, qui se cachent peut-être de l’aimer, peuvent garder aujourd’hui leur petite boîte de rouge toujours prête dans leur poche… Il n’y a plus ici à s’en servir.
Ce sont de grandes familles dépossédées, ou des gens qui ont la prétention d’en être, et qui ont gardé les armes de leur maison. […] Ce Waller, après avoir combattu et signalé son zèle pour Charles Ier, après avoir souffert, pour la cause des rois, la prison, l’exil, la perte d’une partie de ses biens, et sauvé à peine sa tête de l’échafaud, eut la bassesse de faire solliciter sa grâce auprès de son tyran, et la bassesse plus grande encore de louer publiquement son oppresseur et le bourreau de son maître : Milton, du moins, montra plus de courage ; lui qui avait servi Cromwell de son épée et de sa plume, après le rétablissement de Charles II, garda le silence, et resta pauvre et malheureux, sans flatter ni prier.