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461. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Malaise moral. » pp. 176-183

Le gouvernement français n’a pas proposé le plébiscite en Crète ; il n’a pas fait cette démonstration, inutile dans le présent, mais nullement dangereuse, conforme à notre mission dans le passé et à notre intérêt dans l’avenir, — parce qu’il a craint d’être plus magnanime que la nation. […] * * * À l’heure qu’il est, il n’est pas impossible qu’un boulet français tue des chrétiens en train de combattre pour des idées qui sont françaises. […] Voilà vingt-sept ans qu’il n’y a plus guère de plaisir à être Français.

462. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VI »

VI Une page inédite de Taine sur l’association‌ La Ligue de la « Patrie Française » avait entrevu (comme, dans un rêve) qu’il pourrait y avoir convenance pour elle de s’associer prudemment, un jour ou l’autre, à une conférence d’un distingué avocat, Me Michel Pelletier, sur le régime auquel sont soumises les associations en France et à l’étranger.‌ […] Et moi, adhérent de la « Patrie Française », si je suis assez magnanime pour reconnaître à mes compatriotes le droit de se grouper dans l’intention d’afficher et de propager des idées qui m’offensent, je trouve tout de même qu’on exigerait beaucoup de mon libéralisme, en me demandant, à cette minute, de m’allier avec la Société des Droits de l’Homme contre une législation d’ailleurs blâmable.‌ […] Il aurait continué à prouver que « le vice interne dont souffre notre société française, c’est l’émiettement des individus, isolés, diminués aux pieds de l’État trop puissant, rendus incapables par de lointaines causes historiques et plus encore par la législation moderne, de s’associer spontanément autour d’un intérêt commun ».‌ […] Dans la pratique, vous êtes de trop bons Français pour les accorder à vos adversaires et même pour en user.

463. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VI. La littérature et le milieu social. Décomposition de ce milieu » p. 155

Tantôt on reconnaîtra une action exercée sur la nation qu’on étudie par quelqu’une des époques de sa propre histoire ou bien par les sociétés se trouvant en contact avec elle ; ainsi en France, par une espèce d’atavisme, le moyen âge, le seizième siècle, le commencement du dix-septième ont obtenu, sous le premier Empire et lors de la Restauration, un regain de popularité qui est sensible dans le développement de notre école romantique ; ainsi encore on sait quelle déviation la résurrection de l’antiquité grecque et latine fit subir au génie français, lors de la Renaissance, ou à quel point nos écrivains du siècle dernier furent les disciples de l’Angleterre. Tantôt enfin on constatera que la littérature française déborde à certains moments au-delà de ses frontières naturelles et agit sur les pays environnants. Qui n’a remarqué ; par exemple durant le règne de Louis XIV et les cinquante années qui suivent, l’expansion de l’esprit français sur toute la surface de l’Europe ?

464. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Errata Du Tome second. » pp. -

Pag. 89. lig. 17. ajoutez, Justin a été traduit en françois par l’Abbé Favier. […] Pag. 117. lig. 28. ajoutez, Patercule a été très-bien traduit en françois par M. l’Abbé Paul ; sa version est in- 8°. […] Ajoutez avant l’alinea Dion & Suetone Tasite a été traduit en françois infidélement par d’Ablancourt ; durement par Amelot de la Houssaye & platement par Guerin.

465. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Ma biographie »

En 1844 je fus nommé à l’Académie française pour remplacer Casimir Delavigne. […] Sainte-Beuve parmi les poètes novateurs, comme son Tableau de la Poésie française l’avait classé parmi les critiques. […] Nommé en 1844 membre de l’Académie française à la place de Casimir Delavigne, il y avait été reçu le 17 février 1845 par M.  […] Sainte-Beuve à prêter l’oreille à l’appel qu’on faisait d’un professeur de littérature française pour l’Université de Liège. […] Le cours du mercredi et du vendredi, destiné aux seuls élèves, embrassait l’ensemble de la littérature française.

466. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

C’était un des hommes les plus solides, les plus aimables et les plus capables sous l’apparence de l’ancienne légèreté française. […] Un autre ami très lettré aussi, M. de Marcellus, était en même temps que nous à Londres, premier secrétaire de l’ambassade française, sous l’ambassadeur, notre plus grand poète, M. de Chateaubriand. […] La peine de mort, supprimée par ce prince, n’avait été rétablie que pour la forme par l’administration française sous Napoléon ; l’échafaud ne s’était jamais relevé sous le régime grand-ducal ; la Toscane était l’oasis de l’Europe. […] J’ai été assez heureux et assez prudent, en 1848, pour lui en donner des preuves muettes, en résistant aux instances de Charles-Albert et en opposant à ses empiétements contre les princes, ses anciens hôtes, ses parents et ses alliés, l’inflexible refus de la loyauté de la République française. […] Le grand peintre français Fabre, de Montpellier, ami de la comtesse d’Albany, fut son consolateur, et, l’on croit, son troisième mari.

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