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333. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Avis du traducteur » pp. -

Le génie impétueux de Vico l’a surchargée à chaque édition d’une foule de répétitions sous lesquelles disparaît l’unité du dessein de l’ouvrage.

334. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Que l’on prenne la scène des comices dans Madame Bovary, les files de filles de ferme se promenant dans les prés, la main dans la main, et laissant derrière elles une senteur de laitage, la myrrhe qu’exhalent les sièges sortis de l’église, les physionomies grotesques ou abêties de la foule, l’attitude nouvelle de Homais, les passes conversationnelles où Rodolphe conquiert la chancelante épouse, tout est saisi en de brefs aspects particuliers, sans le narré du train ordinaire qui dut accompagner ces faits d’exception. […] Mais le prodige qu’il lui fallait accomplir pour imposer au réel ce reflet de beauté, le visible effort avec lequel ses phrases plus grandes s’élèvent au-dessus des paragraphes qu’elles ornent, l’âcre dégoût sans doute mêlé d’ironie, de devoir ensuite se remettre à noter en mots impassibles les turpitudes d’une foule déniais, tout le supplice volontaire d’un artiste s’astreignant à une besogne vengeresse mais répugnante, faisaient se détourner Flaubert avec joie du roman, écrire après Madame Bovary, l’épopée de Salammbô, refaire après l’Éducation ce poème mi-didactique, mi-fantastique, la Tentation, et préluder par la Légende et Hérodias à son entreprise la plus abêtissante de toutes, Bouvard et Pécuchet. […] Sous les platanes, dans un jardin diapré de lis et de roses, les mercenaires célébrant leur festin ; la lente apparition de Salammbô descendue les apaiser, à la fois peureuse et divine, l’expédition nocturne de Mathô et Spendius dans le temple de Tanit, l’horreur de ces voûtes et le charme du passage du chef par la chambre alanguie où Salammbô dort entre la délicatesse des choses ; le retour d’Hamilcar, son recueillement dans la maison du Suffète-de-la-Mer ; Salammbô partant racheter de son corps le voile de la déesse, son accoutrement d’idole et ses râles mesurés, quand le chef des barbares rompt la chaînette de ses pieds ; puis le siège énorme de Carthage, la foule des peuplades accourues, l’écrasement des cadavres, l’horreur des blessures, et sur ce carnage rouge, l’implacable resplendissement de Moloch ; l’agonie de toute une ville, puis par un revers l’agonie de toute une armée, les dernières batailles, et, entre celles-ci, l’entrevue si curieusement mièvre et grave, où Salammbô voilée et parlant à peine reçoit le prince son fiancé en un jardin peu fleuri que passent des biches traînant à leurs sabots pointus, des plumes de paons éparses ; enfin le supplice de Mathô et les joies nuptiales, mêlant des chocs de verres et des odeurs de mets au déchirement d’un homme par un peuple, jusqu’à ce qu’aux yeux de Salammbô défaillante en l’agitation secrète de ses sens, Schahabarim arraché au supplicié son cœur et le tende tout rouge au rouge soleil, final tonnant dans lequel se mêlent le beau, l’horrible, le mystérieux et l’effréné en un suprême éclat. […] « Puis ils se trouvent l’un près de l’autre loin de la foule  et un silence, un apaisement extraordinaire s’est fait, comme dans le bois quand le vent s’arrête et que les feuilles tout à coup ne remuent plus. » « Cette femme est très belle, flétrie pourtant et d’une pâleur de sépulcre. […] Comme M. de Maupassant le dit dans sa préface aux lettres de Flaubert à George Sand, même les romans, Madame Bovary, l’Éducation, bien que réalistes, pleins d’actes et de lieux précis, ont pour personnages principaux des êtres-si parfaitement choisis entre une foule de similaires, qu’ils représentent une classe, ou une espèce plutôt qu’un individu.

335. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Le règne de Louis XVI lui avait donné la politique littéraire et oratoire, dans cette foule d’écrivains dont Mirabeau avait été la dernière voix ; il lui avait donné enfin la Révolution, qui n’était au fond qu’une dernière explosion des lettres françaises. […] On sait que le Temple n’était pas seulement la maison du Dieu Jéhova, mais l’habitation d’une foule innombrable de lévites, de prêtres, de pontifes, de prophètes, habitant, avec leurs familles consacrées, les immenses dépendances, portiques, cours, jardins, séminaires dont il était entouré. […] Un profond silence régnait dans la foule ; chacun se recueillait dans l’attente d’un drame déjà aussi réel qu’un événement. […] Sitôt que de ce jour La trompette sacrée annonçait le retour, Du temple, orné partout de festons magnifiques, Le peuple saint en foule inondait les portiques, Et tous, devant l’autel avec ordre introduits, De leurs champs dans leurs mains portant les nouveaux fruits, Au Dieu de l’univers consacraient ces prémices. […] Les plaisirs près de moi vous chercheront en foule.

336. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Avoir sous sa main son livre qui grandit, qui grandit à vue d’œil ; dire à la foule tout ce qu’on veut, tout ce qu’on sent, tout ce qu’on sait, le dire à tout le monde ; voir le monde qui fait des avances, et retirer la main ; savoir qu’il s’occupe de vous et ne pas s’occuper de lui ; être au-dessus de la foule, plus libre et plus heureux que le roi notre sire ; faire, en un mot, de la littérature facile ! […] Il faut bien les payer par une foule d’imitations graveleuses ou insipides ; ce n’est même pas les payer trop cher. […] Ce jour-là, la foule était grande, les cris nombreux, mais tout était calme. Une charge de gendarmes tomba sur cette foule innocente, plus d’un fut écrasé sous les pieds des chevaux. […] De ce lieu même, on entendait le bruit de ses pas et les vivats de la foule, on voyait l’éclat de son épée et les couleurs de son drapeau !

337. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villehervé, Robert de la = Le Minihy de La Villehervé, Robert (1849-1919) »

Je recommande encore, avec une admiration toute particulière : le Sonnet prologue, les vers À Célimène, Un Soir, le délicieux rondel intitulé : Calme plat, Mythologie, où revivent les grandes déesses, Crépuscule, le Retour de Marielle, Vers le jardin, très délicates terzo-rimes, et des vers bien langoureux et bien tristes aussi, la Fleur de larmes et encore le Masque ; presque tout enfin… M. de La Villehervé est un noble poète à qui manquera peut-être un applaudissement bruyant de la foule, mais non pas certes l’estime et l’admiration des gens de goût.

338. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 472-474

Les termes les plus bas sont sortis en foule de sa bouche sacrée ; en sorte que jamais Divinité ne fit entendre un pareil langage.

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