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1682. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

On sait comment son vaste récit, conduit sans défaillance par un effort d’esprit si long et si soutenu, a pris les allures d’une véritable épopée ; guidés par lui, nous avons vu, dans les fragments épars des traditions lointaines, l’idée d’une obligation se former, la morale entrer dans la religion ; nous avons assisté à la naissance et au premier rayonnement de l’idée divine, d’abord si obscure et si menacée ; à sa fortune miraculeuse, à la façon dont elle s’est maintenue, malgré des éclipses passagères, dans l’âme d’une peuplade prédestinée, jusqu’au jour où elle devait s’épanouir pleinement dans la personnalité sublime de Jésus. […] Quand mes anciennes croyances se sont écroulées, au lieu de pleurer et de m’irriter contre toi, j’ai pris le parti de faire contre mauvaise fortune bon cœur. […] Cette attitude austère et hautaine, la probité scrupuleuse de cet orgueilleux talent, ce souci de la perfection, ce dédain des moyens vulgaires par lesquels il est aisé de parvenir à la célébrité et à la fortune, semblaient de plus en plus, parmi nos générations impatientes et avides, un legs d’une autre race et d’un autre temps.

1683. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

— Lorsqu’il arrivait à de Vigny de parler de la grande fortune de sa famille ruinée par la Révolution, sa mère l’interrompait en lui disant : « Mais, Alfred, tu oublies qu’avant la Révolution nous n’avions rien. » — De Vigny a demandé à l’empereur à Compiègne, devant témoins, d’être le professeur qui apprendrait à lire au prince impérial, alors tout enfant.

1684. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Il nous suffit que le vrai Dieu, le Dieu Soleil Répande sur la terre rude en tous les âges La lumière des faulx parmi les champs vermeils, Dicte aux hommes futurs la loi des labourages, Sous les vignes tordues accroche des raisins, Mette des cris d’agneaux au fond des bergeries, Fasse monter les blés et tourner les moulins, Et luire les pains clairs dans les boulangeries… Je pense que de pareils poèmes méritent la plus belle fortune.

1685. (1933) De mon temps…

Je savais tout ce qu’elle contenait de bibelots rares et de curiosités et qu’au second étage s’ouvraient les pièces déjà célèbres du « Grenier » où être admis à pénétrer m’eût semblé la plus enviable des fortunes.

1686. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Quelques gouttes d’une essence précieuse valent une fortune. […] Ces fiers rochers, nids de pirates, qui furent ensanglantés jadis par la guerre, la sédition et le parricide, n’ont rien perdu de leur caractère, malgré leur plate fortune actuelle.

1687. (1900) La culture des idées

les petits livres grivois qui firent la fortune et la réputation de la Belgique. […] Il s’agit, bien entendu, de mille soudains et vertigineux, de vogues immédiates, de livres « enlevés », pile, fièvre et queue, car je ne vous crois pas homme à vous accommoder de ces probes et lentes fortunes qu’un demi-siècle n’épuise pas.

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