Il reconnaît que Silvia est d’une naissance honorable, qu’elle est fille d’un riche marchand milanais, et qu’il l’a aimée. […] Silvia, obligée d’écouter les confidences du capitaine Spavente qui l’entretient de ses nouvelles amours, faisait naturellement entendre les mêmes plaintes que la Lélia des Ingannati : « Pauvre et misérable fille, tu viens d’ouïr de tes propres oreilles, et de la bouche même de cet ingrat, l’amour qu’il te porte.
Le seul fait de l’avoir approché devenait un avantage décisif, de la même manière qu’après la mort de Mahomet, les femmes et les filles du prophète, qui n’avaient pas eu d’importance de son vivant, furent de grandes autorités. […] Je pense que le chemin taillé dans le roc, près d’Aïn-et-Tin, en faisait partie, et que la route se dirigeait de là vers le Pont des filles de Jacob, tout comme aujourd’hui.
Un jour qu’il avait été obligé de le quitter deux heures, il le retrouvait sur la place où il avait accroché le sous-préfet, et lui racontait comment les petites filles s’amusent dans les pensions. […] * * * — Sur le trottoir de la rue Saint-Honoré, j’entends derrière moi une fille disant à une autre : « Ah !
Turcas a une petite maison embuissonnée de roses grimpantes, un jardin de vingt-cinq pas au milieu duquel se dresse un divan en terre gazonnée, une maîtresse qui est la belle et grande fille du Palais-Royal, nommée Brassine, deux ou trois canots avec lesquels nous courons la mer, et encore, sur la plage, une cabane en planches où, dans une flânerie délicieuse, l’on fume des pipes, l’on boit des grogs ; pipes et grogs sans fin. […] * * * — J’ai un jeune ami chaste, dont la famille, hommes et femmes, est dans le désespoir qu’il n’ait pas de maîtresse, et qui, dans cette chasteté voyant une dégénérescence de la race, le gronde et le moralise sans relâche pour qu’il aille voir des filles.
Ni Crassus ni personne, même quand Rome, comme une femme qui se jette du haut d’une tour, se précipitait dans sa dernière heure, ne songea une minute à introduire la comédie dans la famille et à la faire jouer par sa femme, ses filles et ses fils. […] Demandez pourtant au christianisme, demandez à l’Église, et à la conscience qu’elle pénètre de son esprit, si elle ne voit nul inconvénient à ces amusements artistiques et littéraires, si c’est simplement insignifiant et destiné à nous faire passer agréablement quelques heures que ces comédies de société, qui tuent la société, et que des mères jouent devant leurs filles, quand elles ne les jouent pas en camaraderie avec elles ?
Mais sa fille, Marguerite d’Anjou, les effaça, sous le voisinage écrasant de son caractère, de sa gloire orageuse, du pathétique de ses malheurs. […] Elle emporta tout de l’intérêt qu’il aurait dû inspirer, dans l’immense intérêt qu’elle inspira, et le plus grand titre à la renommée de ce malheureux roi, qui était pourtant quelqu’un par lui-même, est peut-être d’avoir eu pour fille cette femme-là !