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21. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Louise Labbé, et Clémence de Bourges. » pp. 157-164

Il m’embrase d’un feu qui ne peut s’éteindre. Les plus hautes pyramides tombent, les fontaines tarissent, les villes & les empires ont un terme ; le feu même d’amour, quelque violent qu’il soit dans les autres, ne tient pas contre les années : Mais, las ! […] Elle implore ensuite l’Amour, pour qu’il daigne, au moins, lui faire partager ses feux, & qu’il mette dans le cœur de son nouvel amant autant ou plus, s’il est possible, d’ardeur pour son amante, qu’elle en ressent pour lui : Ah !

22. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Napoléon avait placé sa tente au centre d’un carré formé par sa garde, et n’avait laissé allumer que quelques feux ; mais l’armée prussienne avait allumé tous les siens. […] Les obus des Prussiens avaient mis en feu la ville d’Iéna, et, des plateaux où l’on avait combattu, on voyait des colonnes de flammes s’élever du sein de l’obscurité. […] Là, protégé à peine par quelques arbres, il voyait parfaitement la position des Russes, lesquels, déjà en bataille, avaient ouvert le feu par une canonnade qui devenait à chaque instant plus vive. […] Les premières lignes, arrêtées par le feu, ne pénètrent pas, et, se repliant à droite et à gauche, viennent se reformer derrière celles qui les suivent, pour charger de nouveau. […] « Le 24 juin au matin, ce qui, dans ce pays et en cette saison, pouvait signifier trois heures, le soleil se leva radieux et vint éclairer de ses feux une scène magnifique.

23. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

L’idéale blancheur de son teint s’était fondue, comme une neige, au feu de la fièvre ; les morbides rougeurs de l’épuisement rongeaient par places sa joue amaigrie. […] Il faut entendre les saillies en feu, les ironies électriques, les moqueries phosphorescentes qui se jouent sur l’écume du flot parisien, en, l’éclairant de mille lueurs mobiles. […] Le feu de l’esprit a la vertu du feu terrestre : il purifie tout ce qu’il touche, il épure la fange ardente que traversent, en courant, sans s’y salir, ces vérités nues, toutes frissonnantes de leur nudité. […] Marguerite, assise au coin du feu, compte les heures, en attendant son retour. […] Que de passages scabreux, risqués, demi-nus, ont défilé sains et saufs, protégés par le feu de cette mousqueterie scintillante !

24. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

. — Le signal de feu. — Angoisses du Chœur. — Clytemnestre proclame la victoire. — Hélène. — Le Messager du roi. […] C’est le veilleur chargé par Clytemnestre de guetter le signal de feu promis par Agamemnon, qui doit annoncer la conquête de Troie. […] Rien de grandiose comme la carte géographique dessinée en traînées de feu, qu’étale son récit. […] En énonçant sa prédiction, elle prononce sa condamnation ; son enthousiasme est une agonie et son feu sacré la dévore. […] Une langue de feu envolée du trépied de Delphes, semble frémir sur la bouche de la prêtresse d’Apollon.

25. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

Seulement, sous le ciel de l’Inde, cet hymne antique s’adressait aux forces matérielles de la nature : Agni, ou le dieu du feu ; Siva, ou la puissance destructive. […] Dépouillé du spectacle dont il s’entourait alors, arrivé jusqu’à nous sous les couleurs affaiblies de versions successives, on y sent encore ce feu d’enthousiasme que l’art ne saurait feindre et qui atteste la grandeur du péril et de la délivrance. […] Un feu dévorant marchera devant lui ; et un tourbillon s’amassera dans le cercle de sa présence. […] Quelle ne fut pas, en effet, la puissance de ces paroles de feu des anciens prophètes, lorsqu’elles jaillirent dans le monde avec la parole évangélique, dont elles semblaient tantôt le mystérieux prélude, tantôt la sanction pénale ! […] Ils représentaient, avec le rayon de feu sur le front, ce même combat de l’intelligence et de la vertu contre l’invasion homicide du dehors et la tyrannie homicide du dedans.

26. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Le Clerc lui-même et feu M.  […] Il sentit donc, sans être très avancé en âge, les premières atteintes du mal qui devait l’emporter : « Un gros rhume dont il fut attaqué vers la fin de l’année 1748, nous dit son biographe, le força de prendre une chambre à feu : c’est le seul adoucissement qu’il se permît. » Ainsi, jusque-là, il avait vécu, travaillé, étudié, comme le moins délicat de nous ne consentirait pas à vivre, même un seul hiver. — Sachons-le bien, quand l’encre venait à geler dans une de ces froides bibliothèques de bénédictins, le savant religieux était obligé, pour s’en servir, de l’aller faire dégeler un moment au feu de l’infirmerie ou de la cuisine. […] Ce 22e volume offre, je l’ai dit, un article sur le Roman de Renart ; il est de feu M.  […] Elle dit tout cela avec feu, avec pathétique, et de manière à persuader les bonnes âmes. […] Renart, le feu d’enfer te brûle !

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