Un grand feu brûlait dans la cheminée. […] Ce fut dans la soirée du 10 décembre 1896 que Ubu Roi, d’Alfred Jarry, affronta pour la première fois les feux de la rampe.
Et non seulement une terre mais même sur la terre de l’eau, de l’air, du feu, des minéraux et quelques autres telles choses qui sont les plus communes de toutes et les plus simples, et par conséquent les plus aisées à connaître. […] Elle a traversé l’épreuve, elle sort du feu. […] Quand l’homme sera venu, quand le maître sera là ; quand l’étranger aura fait vendre la maison ; quand l’huissier aura posé les affiches ; quand la table et le lit auront été dispersés au feu des enchères ; quand la tombe et le berceau auront été divulgués ; quand il n’y aura plus que le créancier ; quand il n’y aura plus que le maître ; quand il n’y aura plus que l’argent : où sera la servante ; et où sera la maîtresse. […] Et des lignes de feu qui déciment des lignes de feu.
La force du caractère voulait qu’il lui dît brusquement : « Votre sonnet ne vaut rien, jetez-le au feu », mais cela aurait ôté le comique qui naît de l’embarras du misanthrope et de ses je ne dis pas cela répétés qui ne sont au fond que des mensonges. […] Si Molière, comme Rousseau le voudrait, disait d’emblée à Oronte : « Votre sonnet ne vaut rien, jetez-le au feu », le public dirait : « Voilà tout simplement un grossier personnage » et Alceste serait ridicule et antipathique. […] Ils ressemblent à cet Irlandais qui ne voulait pas sortir de son lit, quoique le feu fût à sa maison. « La maison brûle, lui criait-on. Que m’importe, répondait-il, je n’en suis que le locataire. » A la fin, le feu pénétra jusqu’à lui. […] — Cette nuit, en éteignant le feu d’une maison, je me suis brûlé le bras. — Dormez dans votre lit ; pourquoi vous faire pompier ?
Tout succès attise le feu de la haine et rend plus épaisse la fumée qui retombe. […] Nos jugements d’aujourd’hui, ceux qui paraissent les plus sages, les plus sains, seront ridicules dans vingt ans, parce que notre patience lassée n’a pu reconstituer la feuille entière, ou parce que le feu ou le vent ont dévoré une partie des petits carrés. […] Un feu d’artifice peut émouvoir tout comme une tragédie ; la seule hiérarchie est celle de l’intensité. […] Il s’agissait de faire tourner une roue, voici un feu d’artifice ; il s’agissait de conserver l’espèce, voici que naît l’idée de beauté.
C’est ainsi que l’on voit par exemple certaine querelle conjugale s’achever chez lui, dans une burlesque apothéose, embrasée de feux de bengale. […] Et si l’on ne se laisse point abasourdir par ce déballage de pacotille, que l’on aille un peu chercher ce que recouvre cette camelote bariolée, on ne trouve rien de solide dedans, ni de sérieux dessous : pas de philosophie, point de sens social, une politique de bienséance, une esthétique de complaisance, ce rien de culture et d’érudition qu’ont la plupart des collectionneurs, rien qui approche de l’abondance anecdotique de feu Claretie, point de hauteur ni d’ingéniosité dans les vues, ni d’ampleur. […] Ce n’est plus alors qu’une ample sonorité dont le battement agite la surface de la phrase ( car tes yeux n’avaient pas le regard qui défend et ta main n’avait pas le geste qui repousse ), une grande ondulation oratoire en quoi l’on retrouve, assoupie et amortie, l’ampleur de l’antithèse romantique, Il n’avait pas d’enfer dans le feu de sa forge Il n’avait pas de fange en l’eau de son moulin.
Les vieilles forêts antédiluviennes, en accumulant ici les aliments du feu, y ont emmagasiné la puissance qui remue la matière, et la mer fournit le vrai chemin sur lequel la matière peut être transportée.