bien plus à un opéra qu’à la vie d’une femme, telle qu’elle doit être et qu’on pourrait la désirer. […] Pour suivre l’image acceptée, ce n’est encore qu’un bas lilas, c’est-à-dire qu’il y a en elle de la femme encore, de la grâce de femme, de la nuance légère ! […] La poésie de l’amour meurt donc avec l’amour chez la femme. […] La patrie elle-même n’existe qu’à travers l’époux et les enfants pour les femmes. […] S’il y a du singe dans la plus jolie femme, a dit un moraliste amer, il y en a peut-être aussi dans la femme du talent le plus sincère.
Cette page, qu’il vaudrait mieux oublier que reproduire, sinon pour Emmet, qui mourut bravement, au moins pour l’Irlande qui le laissa tuer, une femme (car c’est une femme que l’auteur de Robert Emmet) a eu la fantaisie de l’écrire ; et vraiment on se demande pourquoi, à moins que ce ne soit parce qu’il y a une autre femme dans cette histoire. […] Cette femme, qui n’était pas un bas-bleu, quoiqu’elle ait écrit, cette femme qui heureusement pour elle n’était qu’une femme et non pas un homme, comme le disaient les hommes, lesquels en disant cette sottise, croyaient lui faire un compliment, et à eux aussi, cette vraie femme de Mme de Staël, d’un cœur si passionné et si sincère et d’une sagacité si enflammée, est morte sans avoir révélé tout ce qu’elle avait, sans doute, vu dans l’âme et dans l’esprit de lord Byron. […] Ses doigts de femme, que j’imagine charmants, ont la tache d’encre comme les doigts de Rosine, mais Rosine l’avait attrapée, cette vilaine petite tache, en écrivant à Almaviva, — une vraie occupation de femme ! […] Seulement, pour y connaître et y comprendre, il fallait le tact, la sensibilité, la divination de la femme ; mais on n’a plus rien de tout cela, quand on s’est fourré dans un bas-bleu, cette gaine étranglante de toutes les facultés des femmes ! […] Il n’y a que les femmes pour juger les femmes, et surtout les roses pour juger les bleues.
Eh bien, la femme de ce talent rare, — plus rare que des talents plus grands, — et que je vous donne comme la plus suave boîte à rouge nuancé que les femmes puissent se mettre sur la joue, et qui ne s’y fonce jamais trop, c’est cette femme qui prend le parti de nous écrire un roman ! […] Elle connaît son temps, cette femme acérée. […] Madame de Molènes est, d’essence, une femme comme il faut, — un genre de femme qui existe bien encore quelque part, mais pas dans la littérature ! […] Il n’y a que des femmes qui puissent remplacer des poètes. La monnaie des poètes, c’est les femmes d’esprit !
C’est toujours une bonne idée, pour qui tient à être lu et à faire son petit bruit immédiat, que d’écrire un livre sur les femmes… les femmes quelconques. […] Mais pourquoi les femmes de la Révolution ? […] Pourquoi les femmes, quand on ne croit pas même aux hommes de la Révolution ? […] La vie de cette femme est percée à jour. […] … N’est-ce pas assez de se soutenir au niveau de soi-même, et de continuer l’auteur du Prêtre et de La Femme dans Les Femmes de la Révolution ?
. — Molière, voyant les progrès des femmes de bonne compagnie, fait Les Femmes savantes . […] C’étaient là les femmes dont les mœurs inquiétaient Molière, et offensaient la cour. C’étaient ces femmes-là que le poète voulait attaquer sous le nom de Femmes savantes. […] Un travers de ce genre, qui ne peut exister que dans des conditions élevées, n’est d’aucune importance pour ces pères de famille que la médiocrité de fortune autorise à blâmer toute occupation qui distrait leur femme du soin de leur ménage : ajoutons qu’attaquer simplement les femmes savantes, c’eut été s’exposer à de dangereuses inimitiés. […] Molière a donné lieu, comme La Bruyère, à bien des méprises, Les commentateurs veulent que le Trissotin des Femmes savantes soit précisément l’abbé Cottin.
Pour qui une femme ne l’a-t-elle pas été au moins une fois dans sa vie ? […] Elle n’était qu’une femme d’esprit, très inférieure, — par cela même qu’elle écrivait, — à une foule de femmes d’esprit de son temps qui n’écrivaient pas. […] Pour une femme, un pareil tort mène à tout. […] ce qu’elle est pour la plupart des femmes, une occasion de conversation, de commérages et de coterie ; car jamais les femmes n’ont rien compris à la grande littérature solitaire. […] le bas-bleu qu’elle était le manqua, ce sujet de femme !