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474. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Au sortir du collège, sa mère n’était plus ; il pouvait se croire orphelin dans le monde et délaissé ; mais non, c’eût été une injustice, lui-même nous le dit : Car de l’école à peine eus-je franchi les grilles, Que je tombai joyeux aux bras de deux familles. […] Hégésippe Moreau, en entrant dans la vie, avait pourtant rencontré deux familles, on l’a vu, plus que disposées à l’accueillir et presque à l’adopter. […] Lebrun, l’auteur de Marie Stuart, et notre confrère à l’Académie, n’est pas né à Provins, mais il en est depuis de longues années par les habitudes et par les liens de famille. […] Le sentiment de la famille et celui de la campagne furent de bonne heure développés en lui.

475. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Claude-Alexandre de Bonneval, né le 14 juillet 1675, cadet de grande maison, et d’une des plus anciennes familles du Limousin, eut une éducation rapide, pas trop négligée, une instruction précoce, et, au sortir des Jésuites, il entra à onze ans dans la marine, où l’invitait son parent, l’illustre Tourville. […] Sa famille profita de ce passage à Paris pour le marier ; on le prit comme au vol.  […] Sa mère, la marquise de Bonneval, avait jeté les yeux sur Mlle Judith de Biron, sa parente, l’un des vingt-six enfants du duc de Biron, très protégé du Régent, et qui, avec une telle famille, avait besoin de l’être. […] Il y avait des moments pénibles où l’homme de la famille, de la patrie, je n’oserais dire de la religion, se réveillait en lui.

476. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Chagrin et méditatif par nature ou par suite de l’abandon de son père, il inspira de l’intérêt à un oncle maternel, la seule personne de sa famille qui le visitât quelquefois. […] Son lait nourrit la famille arabe, sous les diverses formes de caillé, de fromage et de beurre ; souvent même on mange sa chair. […] quoi, vous qui parlez et qui venez de si loin pour apprendre, dites-vous, la vérité et pour rapporter la sagesse, n’êtes-vous point d’une famille, d’une patrie ? […] Bonaparte, simple officier d’artillerie, visita la Corse et sa famille à l’époque où Volney était près d’Ajaccio.

477. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Érasme, Bayle, Scaliger, Saint-Évremond, Voltaire, bon nombre de Pères de l’Église, des familles entières de philosophes, l’École d’Alexandrie en masse, Cicéron, Horace, Lucien, Plutarque, Josèphe, Dion Chrysostome, Denys d’Halicarnasse, Philostrate, Métrodore de Lampsaque, Platon, Pythagore, ont rudement critiqué Homère. […] Un type ne reproduit aucun homme en particulier ; il ne se superpose exactement à aucun individu ; il résume et concentre sous une forme humaine toute une famille de caractères et d’esprits. […] L’homme d’Homère, Achille, est un Adam ; de lui vient l’espèce des tueurs ; l’homme d’Eschyle, Prométhée, est un Adam ; de lui vient la race des lutteurs ; l’homme de Shakespeare, Hamlet, est un Adam ; à lui se rattache la famille des rêveurs. […] On lui ôterait sa famille, son pays, son spectre, et toute l’aventure d’Elseneur, que, même à l’état de type inoccupé, il resterait étrangement terrible.

478. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Celui-là est un des nôtres, un homme établi, marié, riche, considérable et considéré, père de famille. […] Toute la famille, pendant huit jours, est après le même os. […] Et c’est à ces cinq paroles que se borne la scène de famille. […] Sans famille. — 1878. […] — Avez-vous le consentement de votre famille ?

479. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — II »

Mais c’est aussi une espèce d’originalité bien rare et désirable, que celle qui s’accommode si aisément des idées reçues, des sentiments consacrés, des préjugés de jeunes filles et de vieillards ; qui parle de la mort comme en pense l’humble femme qui prie, comme il en est parlé depuis un temps immémorial dans l’église ou dans la famille, et qui trouve en répétant ces doctrines de tous les jours une sublimité sans efforts et pourtant inouïe jusqu’à présent. […] La vie de campagne, la vie patriarcale de famille dans ces belles provinces qu’arrose la Saône, les hautes herbes qui ploient sous l’aquilon, les bois dont le murmure et l’ombre sont au maître, les entretiens des pâtres autour des feux allumés, ces rayons de soleil couchant sur les fléaux, les socs de charrue et les gerbes des chars, ces ombres allongées des moulins monotones, toutes ces douces géorgiques de notre France ont une beauté forte et reposée qui égale à nos yeux la splendeur blanchissante du Golfe de Gênes et les autres tableaux enchantés que l’Italie a inspirés au poète.

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