Mais il faut sentir surtout que d’Aubigné a trouvé l’une des plus riches sources de lyrisme qu’il y ait, un des sentiments les plus hauts, les plus universels par son objet que l’homme puisse exprimer un de ceux aussi qui prennent l’individu tout entier, et jusqu’au fond. […] Mais, dans ce raffinement, l’Espagne continuait d’exprimer son génie national par les sonorités emphatiques des mots, et par l’héroïque boursouflure des pensées. […] Il a dépensé plus d’esprit à dire des riens, qu’un autre à exprimer des pensées solides.
Il y eut en ce temps-là, sinon un homme de génie, du moins un esprit heureux qui a tracé quelques ébauches de caractères finement observés, et, comme il arrive, trouvé une langue toute formée pour exprimer ces premiers traits de la vérité dramatique. […] Quelle joie dut causer à nos pères ce langage si bien approprié à la diversité des sentiments qu’il exprime, si haut et si fier dans les scènes d’explication et de défi, si naïf et si fin dans les scènes d’amour combattu, si poétique dans les épisodes ! […] Si la poésie est à la fois un langage, une peinture et une musique, si elle doit plaire à l’âme, à l’imagination et à l’oreille, il restait à faire connaître, après le style de Corneille, plus oratoire que poétique, plus énergique qu’harmonieux, plus ferme que varié, où il y a plus de feu que de douceur et plus de mouvement que d’images, un style qui réunît à toutes les beautés du style de Corneille, dans des vérités dramatiques du même ordre, toutes les beautés propres aux vérités dramatiques qui restaient à exprimer ; un style qui contentât la raison par l’exactitude des paroles, l’âme par leur accent, l’imagination par leur éclat, l’oreille par leur harmonie.
Après deux mois écoulés depuis que Natalie m’a fait part de votre départ pour Tréglamus, j’ai un petit moment à moi pour vous exprimer, ma chère et bien bonne amie, toute la part que je prends à votre triste position. […] Je ne m’exprime librement qu’avec les gens que je sais dégagés de toute opinion et placés au point de vue d’une bienveillante ironie universelle. […] Mon antipathie pour les jésuites se fût exprimée en ne parlant jamais d’eux ; un fond de gallicanisme mitigé se fût dissimulé sous le couvert d’une profonde connaissance du droit canonique.
« Nous reconnûmes bientôt la nécessité, dit-il, de relever les mouvements plastiques en leur donnant un rythme. » Comme le grand éloignement qui se trouve entre l’acteur et le spectateur est supprimé dans le théâtre de Bayreuth (voir plus haut), le premier peut exprimer les mouvements expressifs des émotions intérieures, qui sont alors visibles pour le spectateur. — Aux gestes exagérés des bras, qu’il reprochait à l’instant aux acteurs, Wagner oppose des mouvements plus modérés : « Nous pensâmes, dit-il, qu’une simple élévation du bras ou un mouvement caractéristique de la main ou de la tête, suffirait à exprimer les émotions de l’acteur. » A cette immobilité contre nature du chanteur, à cette situation étrange où se trouvent les acteurs, dans les ensembles des opéras, a cette nécessité enfin de parler devant le public ou de se dérober aux trois-quarts à sa vue, Wagner remédie par une simple attitude, basée sur l’observation de la nature : « Nous tirâmes, dit-il, de la passion même du dialogue le changement de poses que nous cherchions : nous avions observé que les accents les plus pathétiques de la fin d’une phrase donnaient lieu naturellement à un mouvement de la part du chanteur. « En effet, la force de l’expression se porte toujours à la fin d’une phrase, et, même dans la conversation ordinaire, nous faisons involontairement un geste pour ponctuer en quelque sorte le sens de notre discours (tome X, 389 et sq.) « Ce mouvement fait faire à l’acteur un pas en avant et, en attendant la réponse, il tourne à demi le dos au public ; ce mouvement le montre en plein à son partenaire : celui-ci, en commençant sa réponse, fait aussi un pas en avant, et, sans être détourné du public, il se trouve face à face avec le premier. » Ce jeu de scène paraîtra bien simple et indigne d’explication à nos critiques qui n’y verront « qu’un truc » comme un autre. […] Un des premiers rôles de l’opéra Henry VIII exprimait la tristesse en portant en avant le bras gauche et le pied droit ; les mouvements de violence et de résolution étaient réservés au bras droit et au pied gauche.
Je les remercie ensuite de l’estime qu’ils témoignent pour mes sentimens & pour la maniere dont je les ai exprimés. […] Telle est, Monsieur, la maniere dont je me serois exprimé, si j'avois eu sur le personnel de M. […] Je ne rapporterai pas non plus les choses horribles qu'on m'apprend sur son compte, quoiqu'on me permette de les rendre publiques : je me bornerai à citer les Morceaux où l'Auteur de la Lettre exprime le regret qu'il a de s'être fait l'organe du mensonge & l'instrument de la méchanceté.
Le mérite de toutes les autres c’est d’exprimer celle-ci. […] Rien n’apprend mieux à connaître une idée que de la voir exprimée en différents langages : le critique doit être un artiste32 ; Que l’esthétique daignât s’humaniser et descendre de plus en plus de ses hautes formules dans l’enseignement pratique de la littérature. […] Je me demande souvent pourquoi nous laissons à nos voisins d’Angleterre et d’Allemagne le privilège de ces Revues dignes de leur nom, qui rendent un compte fidèle des ouvrages publiés, en donnent des extraits, en indiquent l’esprit, la méthode et en expriment, pour ainsi dire, le suc.