L’art existe dans le cœur de l’artiste, et par contrecoup dans le cœur du consommateur compétent de ses produits. […] Divin Platon, ces dieux que tu rêves n’existent pas. […] Il n’y a pas eu un homme de génie heureux depuis que l’humanité existe. […] L’idée en tant qu’idée n’existe que dans l’entendement, vous a dit M. Proudhon, et moi je vous dis : Le sentiment en tant que sentiment n’existe que dans le cœur.
De toute évidence, la condition indispensable pour que s’accomplisse un acte liberticide, c’est que la liberté existe. […] L’idée césarienne n’existe pas encore chez nous et n’y a pas de sens. […] Autant vaudrait contester à la littérature le droit d’exister. […] En fait on constate que la jalousie peut exister sans l’amour. […] Ce droit n’existe pas.
Il existe ainsi des thèmes, simples ou complexes, fournis par la nature ; et il y a, d’autre part, mille variations exécutées sur eux par la fantaisie humaine. […] Cette image n’en existe pas moins, et il suffit d’un léger effort pour la ressaisir. […] Or le mot existe, et vous en usez, et il représente pour vous quelque chose, comme d’ailleurs pour nous tous. […] Le panthéon existe indépendamment de l’homme, mais il dépend de l’homme d’y faire entrer un dieu, et de lui conférer ainsi l’existence. […] Elle existe en principe, mais elle admet cri fait des variations sur le thème une fois posé.
Ses personnages n’existent qu’à l’état d’entités sentimentales ou symboliques ; ils s’appellent l’Amant, l’Amante, la Courtisane, la Mendiante ; ils ont si peu de réalité extérieure, qu’on ne sait à quelle époque les situer et quels costumes leur donner.
Il avait existé sous l’ancienne monarchie un clergé puissant, en possession d’une grande partie du sol, ne supportant aucune des charges publiques, faisant seulement, quand il lui plaisait, des dons volontaires au trésor royal, constitué en pouvoir politique, et formant l’un des trois ordres qui, dans les états généraux, exprimaient les volontés nationales. […] L’homme, jeté au milieu de cet univers, sans savoir d’où il vient, où il va, pourquoi il souffre, pourquoi même il existe, quelle récompense ou quelle peine recevront les longues agitations de sa vie : assiégé des contradictions de ses semblables, qui lui disent, les uns qu’il y a un Dieu, auteur profond et conséquent de toutes choses, les autres qu’il n’y en a pas ; ceux-ci, qu’il y a un bien, un mal, qui doivent servir de règle à sa conduite ; ceux-là, qu’il n’y a ni bien ni mal, que ce sont là les inventions intéressées des grands de la terre ; l’homme, au milieu de ces contradictions, éprouve le besoin impérieux, irrésistible, de se faire sur tous ces objets une croyance arrêtée. […] « Une telle croyance, on ne saurait l’inventer quand elle n’existe pas depuis des siècles. […] Cette croyance pure, morale, antique, existait ; c’était la vieille religion du Christ, ouvrage de Dieu suivant les uns, ouvrage des hommes suivant les autres, mais, suivant tous, œuvre profonde d’un réformateur sublime ; réformateur commenté pendant dix-huit siècles par les conciles, vastes assemblées des esprits éminents de chaque époque, occupées à discuter, sous le titre d’hérésies, tous les systèmes de philosophie, adoptant successivement sur chacun des grands problèmes de la destinée de l’homme les opinions les plus plausibles, les plus sociales, les adoptant, pour ainsi dire, à la majorité du genre humain ; arrivant enfin à produire ce corps de doctrine invariable, souvent attaqué, toujours triomphant, qu’on appelle unité catholique, et au pied duquel sont venus se soumettre les plus beaux génies ! Elle existait, cette religion, qui avait rangé sous son empire tous les peuples civilisés, formé leurs mœurs, inspiré leurs chants, fourni le sujet de leurs poésies, de leurs tableaux, de leurs statues, empreint sa trace dans tous leurs souvenirs nationaux, marqué de son signe leurs drapeaux tour à tour vaincus ou victorieux !
Mais il existe aussi dans une société des institutions permanentes ou des groupements éphémères qui ont un caractère spécialement littéraire et qui, par conséquent, sont liés plus étroitement au développement de la littérature et de la langue. […] Les discussions passionnées sur l’éducation se produisent chez un peuple à tous les moments de crise morale, quand la société, lasse de ce qui existe, aspire à un ordre nouveau ; elles annoncent, elles marquent la fin d’un régime. […] Ce retard, qu’on peut évaluer à un espace de quinze à vingt ans, n’a depuis lors jamais cessé d’exister et il durera autant que ce sénat littéraire ; il est dû en effet aux conditions de son existence ; il tient à la constitution de l’Académie elle-même ; il en explique les caractères essentiels. […] C’est pourquoi sans doute de grands écrivains ont dédaigné de se mettre sur les rangs, contents de figurer avec éclat parmi les occupants du quarante et unième fauteuil, celui qui n’existe pas et qui fut toujours le mieux rempli. […] On commence à comprendre qu’il ne peut exister de beau immuable, de forme éternellement la même pour les conceptions changeantes de l’intelligence humaine ; qu’en ce domaine, comme en tous les autres, l’immobilisme est la pire des utopies.