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231. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

J’ai montré comment l’existence de chaque espèce dépend beaucoup moins du climat que de la présence d’autres formes organiques déjà bien définies, et que, par conséquent, les conditions de vie véritablement efficaces et directrices ne se graduent pas insensiblement les unes dans les autres, comme la chaleur ou l’humidité. […] Assurément la géologie ne nous révèle pas encore l’existence d’une chaîne organique aussi parfaitement graduée ; et c’est en cela peut-être que consiste la plus sérieuse objection qu’on puisse faire à ma théorie. […] Tout le long de la côte occidentale, habitée par une faune marine toute particulière, les couches tertiaires sont si peu développées, que plusieurs des faunes marines successives, toutes spéciales aux diverses formations de cette période, ne laisseront probablement aucune trace de leur existence aux âges géologiques futurs. […] Si l’on admet que des roches, telles que le gneiss, le micaschiste, le granit, la diorite, etc., ont nécessairement été recouvertes autrefois d’autres terrains, comment peut-on expliquer l’existence en diverses parties du monde de régions immenses où ces rochers se montrent à nu et affleurent le sol, à moins d’admettre qu’elles ont été postérieurement dénudées ? […] Dernièrement, le professeur Pictet a fait remonter leur existence à un sous-étage encore plus reculé ; et quelques paléontologistes croient que quelques poissons beaucoup plus anciens, dont les affinités sont encore imparfaitement connues, sont réellement des Téléostéens.

232. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

La conscience vérifie l’existence des principes nécessaires qui dirigent la raison tout aussi bien que celle des sensations et des volitions. […] Mais la raison de l’existence de l’homme ne peut pas être la même que la raison de l’existence du cheval : cela est absurde ; chaque chose a donc été créée en vertu de raisons qui lui sont propres. […] Ainsi ces vérités nécessaires, étant antérieures aux existences des êtres contingents, il faut bien qu’elles soient fondées dans l’existence d’une substance nécessaire. […] Dieu est la substance des vérités incréées, comme il est la cause des existences créées. […] Au faîte de l’existence, encore plus qu’à son plus humble degré, tout est déterminé, tout est développé, tout est distinct, comme tout est un.

233. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

C’était celui d’une existence uniquement consacrée à son labeur d’écrivain, dans un milieu tout familial. […] La rigueur de sa probité s’étendait, au-delà des affaires d’argent, à tous les actes de son existence. […] Je ne crois pas que jamais il ait accordé à un journaliste une interview, ni qu’il se soit permis une confidence qui touchât à son existence intime. […] Et c’est alors une succession de rivalités entre les princes, qui aboutit, au quinzième siècle, à l’existence simultanée de trois empereurs ! […] Mais si l’histoire nous apprend l’existence de cette psychose collective, elle ne nous en donne pas le mot.

234. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

L’une et l’autre dériveraient d’une forme d’existence plus vaste et plus haute. […] Est-ce là l’existence de la matière ? […] On peut néanmoins présumer que l’existence physique incline dans ce second sens, comme l’existence psychique dans le premier. […] Néanmoins, les anciens n’hésitèrent pas à mettre tous les genres sur le même rang, à leur attribuer la même existence absolue. […] L’existence de l’ordre serait donc un mystère à éclaircir, en tous cas un problème à poser.

235. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

L’Eglise avait vu avec peine et défiance Descartes mettre à la portée de tout le monde des discussions réservées jusqu’alors aux initiés ; et tout d’abord, bien que Descartes eût professé le plus pur spiritualisme, bien qu’il eût pris l’existence de Dieu pour preuve de l’existence du monde, ses doctrines avaient inquiété les théologiens et elles avaient été proscrites de l’enseignement. […] La littérature réformée n’est pas la même dans les moments et dans les pays où le protestantisme peut se développer à l’aise et dans ceux où il est réduit à lutter pour son existence. […] Il semble en même temps qu’elle dégage et rende de plus en plus visible ce qui en est l’âme, l’essence, je veux dire le sentiment religieux qu’éveille soit notre ignorance de l’origine et de la fin des êtres, soit le contraste de notre existence éphémère et de notre faiblesse avec la perfection et l’éternité que nous rêvons.

236. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

La duchesse du Maine en était une, et des plus singulières : elle mérite d’être étudiée, elle et son existence princière, dans sa petite cour de Sceaux, où elle nous apparaît comme une des productions extrêmes et les plus bizarres du règne de Louis XIV, du régime monarchique poussé à l’excès. […] En ces cent années il s’est fait une assez grande révolution dans l’ordre et le gouvernement de la société, dans l’ensemble des mœurs publiques, pour que l’existence et la vie que menait cette petite reine fantasque nous semble presque comme un conte des Mille et Une Nuits, et pour qu’on se dise sérieusement : « Était-ce donc possible ?  […] La description qu’a faite de ce premier séjour l’un des collègues de Malezieu, l’abbé Genest, et qu’il a adressée à Mlle de Scudéry, est assez piquante et nous montre l’origine de ce long jeu de bergerie qui va devenir l’existence même de la duchesse. […] Un enseignement sérieux ne pourrait-il pas se tirer déjà à la vue d’une telle existence et d’une telle nature, qui nous semblent aujourd’hui fabuleuses ?

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