Il s’écrie contre l’existence ; il va presque jusqu’à la maudire : Monarque universel, que peut-être j’outrage, Pardonne à mes soupirs ; je connais mon erreur.
On y conteste mon existence, on veut à toute force faire de moi un pseudonyme, comme si Van Engelgom n’était pas un nom comme un autre, comme si ma famille, assez connue Dieu merci !
Diopithès, dit Plutarque, « fit un décret qui ordonnait de dénoncer ceux qui ne reconnaissaient pas l’existence des dieux ou qui enseignaient des doctrines nouvelles sur les phénomènes célestes ».
Et la façon péremptoire et ironique dont il se dérobe ici, parce qu’il sait que, cette fois, on n’ira pas voir, nous montre tout ce qu’il devait y avoir de concession aux pédants et sans doute de moquerie secrète dans les passages de ses préfaces où il se donnait tant de mal pour prouver l’existence historique de tel ou tel personnage secondaire qu’il aurait pu simplement inventer.
Tout ceci, la douleur ou le rire, la joie ou les larmes, l’exclamation ou l’abattement, appartient à la vie ordinaire, à l’existence de chaque jour, et s’il était nécessaire qu’en effet, le comédien éprouvât, l’une après l’autre ou tout à la fois, ces émotions courantes de l’existence journalière, il aurait le droit de vous dire aujourd’hui : — Ma foi, je suis gai, content, je me porte à merveille, et je n’irai pas représenter la colère d’Achille ou la douleur d’Agamemnon pour vous divertir !
Or, si la foule a écouté avec indifférence ses affirmations téméraires, les esprits studieux qui, avant de traiter un sujet quelconque, prennent la peine d’en sonder les difficultés n’ont pu voir, sans étonnement, confondre dans un même anathème les doctrines sensualistes qui nient l’existence de l’âme, et le scepticisme qui va jusqu’à nier l’existence du monde extérieur. […] Il règne dans les trois premiers actes une gaîté franche ; quoique les personnages relèvent de la seule fantaisie, quoiqu’il soit impossible de dire où se trouvent les types qu’ils représentent, leurs sentiments et leurs pensées s’expriment avec abondance, avec spontanéité ; rien ne languit, tout marche rapidement, et nous croyons volontiers à l’existence de ce monde imaginaire.