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520. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre premier. » pp. 5-11

Les écrivains qui accréditent cette erreur ne remarquent pas que si leur opinion était juste, la gloire de Molière, qu’ils croient rehausser, serait au contraire rabaissée : car, s’il était vrai qu’il eut fait la guerre à la marquise de Rambouillet, à sa fille Julie, aux Sévigné, aux La Fayette, aux La Suze, au lieu de la faire seulement aux Scudéry, on pourrait dire qu’il est sorti vaincu d’un côté, étant vainqueur de l’autre, un effet, s’il a purgé la langue et les mœurs des affectations hypocrites et ridicules des Peckes, d’un autre côté les femmes illustres, qui ont survécu à l’hôtel de Rambouillet et en avaient fait partie, ont banni du langage et des mœurs des grossièretés et des scandales qu’il protégeait, et y ont apporté des délicatesses et des larmes dont elles ont eu les premières le sentiment.

521. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 196-203

La Nature en eux, lassée d'incommodités & de peines, s'abandonne aux premiers plaisirs qu'elle rencontre ; alors ce qui avoit paru vertueux, se présente avec un air rude & difficile, & l'ame, qui croit s'être détrompée d'une vieille erreur, se complaît en elle-même de son nouveau goût pour les choses agréables.

522. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre VI »

Mais cette beauté du vocabulaire, on ne la diminue pas moins en proscrivant la variété individuelle dans la permanence du type, et c’est là l’erreur des phonétistes64 et le danger de leurs théories.

523. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Enfin, si quelque passion éclate dans ce livre, j’ose dire que c’est seulement celle de la vérité et du bien : heureux si j’avais pu mettre en garde contre quelques erreurs, dissiper quelques illusions, empêcher ou guérir quelque mal ! […] On imaginerait difficilement, d’ailleurs, si les preuves n’en étaient fournies, à quelles extrémités a été poussée de nos jours, en tous sens, la logique de l’erreur. […] Il n’en a rien été ; et on pourrait s’en étonner, si on ne savait que tout se tient dans l’ordre des idées philosophiques, et que l’erreur engendre l’erreur comme l’abime appelle l’abîme. […] On se tromperait, si on pensait qu’il n’y a eu là après tout qu’une erreur passagère, une surprise faite au goût public. […] De ce devoir moral que la charité impose au riche, on fait sortir un droit positif pour le pauvre : et ici commence l’erreur, car s’il y a devoir d’un côté, il n’y a nullement droit de l’autre.

524. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

La réflexion est le théâtre des combats que la raison soutient avec elle-même, avec le doute, le sophisme et l’erreur. […] C’est un maître intérieur, qui me fait taire, qui me fait parler, qui me fait croire, qui me fait douter, qui me fait avouer mes erreurs ou confirmer mes jugements. […] Le privilège triste et sublime de la réflexion, c’est l’erreur ; mais la réflexion est le remède au mal qu’elle produit. […] Heureux ceux qui passent aussi en bien faisant, et qui répandent dans les esprits et dans les âmes, avec quelques erreurs innocentes, le goût sacré du vrai, du beau et du bien ! […] Mais l’erreur mérite un conseil, non une punition.

525. (1885) L’Art romantique

Je me contente de noter et d’analyser l’erreur, la supposant désintéressée. […] Combien de contresens et de sophismes peut imposer à la langue française une erreur d’esthétique ! […] Mais aujourd’hui l’erreur a pris un autre cours et de plus grandes proportions. […] Je pourrais, si l’envie m’en prenait, écrire un nouvel article qui réfuterait victorieusement cette injuste erreur. […] Augier s’est trompé, et son erreur contient sa punition.

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