Il ajouterait ici, si cela valait la peine d’être dit, que, la part faite à l’erreur possible, ce mot, sorti de sa conscience, a été la règle de sa vie.
Sans doute l’âme n’est pas détruite par là même, et elle conserve encore virtuellement la puissance de penser ; mais la pensée actuelle, mais la pensée individuelle, la pensée enfin accompagnée de conscience et de souvenir, cette pensée qui dit moi, celle-là seule qui constitue la personne humaine et à laquelle notre égoïsme s’attache, comme étant le seul être dont l’immortalité nous intéresse, que devient-elle à ce moment terrible et mystérieux où l’âme, en rompant les liens qui l’unissent à ses organes, semble en même temps rompre avec la vie d’ici-bas, en dépouiller à la fois les joies et les misères, les amours et les haines, les erreurs et les souvenirs, en un mot perdre toute individualité ?
Homère, ce nous semble, est d’abord tombé dans une erreur, en employant le merveilleux.
Les contempteurs des anciens ne sont en droit de reclamer, comme des gens de leur secte, que ceux des critiques qui ont avancé que les anciens ne devoient qu’à de vieilles erreurs et à des préjugez grossiers une réputation dont leurs fautes les rendent indignes.
A peine il la répand qu’une commune erreur, D’eux tous, l’un contre l’autre, anime la fureur ; Ils s’entr’immolent tous au commun adversaire, Tous pensent le percer quand ils percent leur frère, Leur sang partout regorge, et Jason, au milieu, Reçoit ce sacrifice en posture d’un dieu.
Il est désintéressé, j’en conviens ; c’est par là que son erreur est plus dangereuse, parce que ne la connaissant pas, il ne songe même pas, à se prémunir contre elle ou à s’en corriger.