En la faisant expliquer, ils eurent dispute ensemble touchant l’explication d’un passage, et ni l’un ni l’autre ne vouloit se rendre au sentiment de son compagnon ; Mme de La Fayette leur dit : Vous n’y entendez rien ni l’un ni l’autre. — En effet, elle leur dit la véritable explication de ce passage ; ils tombèrent d’accord qu’elle avoit raison. […] Même sans cela, à force d’entendre unir son nom à la louange ou à la critique de l’œuvre, on l’adopte plus étroitement. […] Le bon Adry, faute d’y entendre malice, s’embarrasse donc bien gratuitement de ce mot de Segrais, ma Zayde. […] Il y a des jours plus sérieux et non moins délicieux, où, à Saint-Maur, dans cette maison que M. le Prince avait prêtée à Gourville, et dont Mme de La Fayette jouissait volontiers, on entendait en compagnie choisie la Poétique de Despréaux qu’on trouvait un chef-d’œuvre. […] Elle s’entendait bien aux procès, et l’empêcha de perdre le plus beau de ses biens en lui fournissant les moyens de prouver qu’ils étaient substitués.
Car il y a des choses générales : j’entends par là des choses communes à plusieurs cas ou individus ; ce sont des caractères ou groupes de caractères. […] — Un nom de classe, le nom d’araucaria, prononcé ou entendu mentalement, c’est-à-dire un son significatif, lequel est compris, et qui, à ce titre, est doué de deux propriétés. […] C’est donc à ce caractère seul que le nom, mentalement entendu ou prononcé, correspond ; ce qu’on exprime en disant que le nom désigne et signifie le caractère. […] Si le chien aboie, il rit, il est enchanté, il est doublement tenté de prononcer lui-même le son animal très frappant et tout nouveau dont il n’a encore entendu qu’une contrefaçon humaine. — Jusqu’ici, rien d’original ni de supérieur ; tout cerveau de mammifère est capable d’associations pareilles ; un renard qui saisit un lapin, a certainement imaginé d’avance le cri aigu et sec que pousse le lapin ; un chien de chasse qui entend le rappel d’une perdrix, imagine certainement la forme visuelle de la perdrix dans l’air, et, quant à la reproduction instinctive du son entendu, on connaît les perroquets et plusieurs autres espèces d’animaux imitateurs. […] Tantôt il les empruntait à des sons qu’il saisissait au passage ; par exemple, pour arrêter (to stop), il disait ohoer (to woh), ayant entendu les charretiers dire oho !
Cruchot ou M. des Grassins, s’ils entendaient le propos. […] s’écria Grandet en se redressant sur ses jarrets comme un cheval qui entend tirer le canon à dix pas de lui. […] Tu ne verras rien arriver de bon de tout cela, entends-tu ? […] Vous m’avez entendu, marchez ! […] Mon père, entendez-vous ?
Ils ne se doutaient pas, et je l’entends des plus habiles, que la comédie fût autour d’eux, à leur main, en eux. […] Il ne lui reste qu’à l’entendre de la jolie bouche d’Isabelle. […] La prude Arsinoé, qui a voulu la brouiller avec ses amants pour pêcher un mari en eau trouble, reste sans mari, et prude avec le châtiment de se l’entendre dire. […] Il l’entendait non seulement du poète philosophe, mais du poète comique, savant entre tous dans son art. […] Le plus grand nombre est indirect : ce sont des confidences du cœur humain dont ses devanciers n’ont entendu que la moitié, et qu’il complète.
Mais, s’il m’était permis de m’entendre de bien près avec eux, nous verrions jusqu’à quel point leur ardeur scientifique n’est pas une noble inconséquence. […] C’est ce que Hegel entendait dire, quand il avance que chaque penseur est libre de créer le monde à sa manière. […] Il faut s’entendre. […] Or il est clair que le bon sens ainsi entendu ne peut suppléer la science dans la recherche de la vérité. […] J’ai entendu un homme, excellent du reste, se réjouir du choléra ; car, disait-il, ces calamités opèrent un retour aux idées religieuses.
* * * — Dans une lettre de Flaubert à Mme Sand, mon ami dit qu’il me voit uniquement préoccupé de coller, dans mes livres, un mot entendu dans la rue, et proclame qu’il n’y a absolument au monde parmi les hommes de lettres que lui, pour savourer « l’ombre nuptiale » de Ruth et Booz. […] Samedi 19 avril Cette préface de Chérie, il est bien entendu que je ne l’aurais pas écrite, si je n’avais pas eu de frère. […] Presque aussitôt j’entends, montant de l’escalier, une voix anhélante qui me dit : « Ah ! […] Et soudain, et à tout moment, la femme disparaissant dans la pièce voisine, où l’on entend un bruit sec, le bruit de ses genoux qui cognent le plancher, suivi du bruissement de baisers. […] » — une phrase qu’elle répète plusieurs fois de suite, et que la dernière fois on n’entend plus, que comme si elle la soupirait.