Très peu connu, quoique très célèbre, parce que les partis qu’il a blessés, et souvent jusqu’au cœur, en les combattant, avaient un intérêt de passé et d’avenir à calomnier un ennemi aussi redoutable, on n’a guères vu Cassagnac qu’à travers leur injure. […] C’est qu’avant tout, intelligence autoritaire, en prenant parti pour les gouvernements, en choisissant cette cause qu’il a indissolublement épousée, c’était leur autorité qu’il voulait sauver ou défendre et qu’il a souvent défendue même contre eux ; car le pouvoir des lâches temps que nous avons traversés a eu d’effroyables pentes au suicide, et bien souvent il a mêlé imbécilement sa main à celle de ses ennemis pour se frapper. […] Ma citation, probablement, ne serait agréable qu’à l’Université, à l’École des Chartes et à l’Académie, parce qu’elle détournerait de lire leur ennemi qu’on croirait, qui sait ? […] Il avait plus de bonne humeur contre l’ennemi que de mauvaise. […] Il le savait ; il en avait la sécurité profonde ; et cela lui donnait cette tranquille assurance de l’homme sûr de lui qui se moulait jusque dans l’aplomb de sa démarche quand, sa canne sur sa large épaule comme un fusil, le chapeau un peu en arrière sur l’oreille et sur ses cheveux gris coupés en brosse, il passait au boulevard, allant à son journal, avec ce sourire sur les lèvres que Lord Byron disait garder pour ses ennemis.
En raison même de la tranquillité relative dont les Réformés avaient joui durant son règne, des progrès qu’ils avaient par conséquent accomplis et de leur multiplication, leur force s’était lentement accrue en même temps que la sourde haine de leur mortel ennemi, ce clergé qui, malgré ses efforts pour ranimer l’Inquisition, était solidement maintenu en repos. […] Nous avons pu déjà le constater : ceux que Louis XIV et les catholiques feignaient de considérer comme les ennemis de la nation, en constituaient, à vrai dire, l’élite. […] On sait que nous n’avons pas en Allemagne d’ennemis plus intransigeants… La Prusse existait à peine avant l’édit de Postdam : le lendemain elle avait les éléments d’une prospérité qui devait faire d’elle une grande puissance, tandis que la France, appauvrie d’autant, commençait sa marche vers le déclin. […] Tel est aujourd’hui l’état du monde civilisé qu’un Français ne saurait rien faire contre le catholicisme, qu’il ne le fasse au détriment de la grandeur de la France, pour le plus grand avantage de quelque puissance ennemie, et réciproquement dans le monde entier, que ce soit en Chine ou au Canada, tout ce que l’on fait dans l’intérêt du catholicisme, on le fait, ou du moins on l’a fait jusqu’ici dans l’intérêt de la France elle-même »93. […] Ou vous cesserez de vous indigner contre un ennemi, qui ne fut qu’un instrument aux mains de la destinée normale et fatale qu’engendra votre héros, ou bien vous avouerez, comme nous, que ce héros ne fut en vérité qu’un traître.
On lui reproche de manquer de critique, de s’appuyer sur des documents arbitrairement choisis et sans valeur sérieuse. « Il nous cite toujours, dit-on, les Mémoires de Bourrienne, qui sont en grande partie apocryphes, et ceux de Mme de Rémusat, qui sont d’une ennemie, d’une femme qui avait contre l’empereur des griefs personnels et des griefs féminins. […] Pendant la retraite de Russie, quand les soldats gisaient dans la neige, à demi-morts, si quelqu’un disait : « Voilà l’ennemi ! […] Metternich est le constant ennemi de la Révolution, dont l’empereur est pour lui le représentant. […] Taine étaient suspects, parce qu’ils émanaient des ennemis de l’empereur.
S’il a du caractère, il brise à l’instant le cadre trop étroit dans lequel sa trop grande individualité ne peut se renfermer ; il fait éclater le cadre, il devient ennemi-né de ce qui le rétrécit, et il a bientôt pour ennemis lui-même tous les membres du corps, offusqués par sa supériorité. […] Cette pseudo-terreur de paroles, puérile plagiat de la Convention, n’intimida personne et servit de prétexte aux ennemis de la démocratie constituée ; ils prirent la société tremblante sous leur égide, ils lui montrèrent du doigt les faux terroristes comme les Spartiates montraient aux enfants les ilotes ivres pour les dégoûter de l’ivresse. […] Vergniaud, le plus sublime lyrique d’éloquence qui ait jamais prophétisé sa propre mort et la mort de ses ennemis sur une tribune les pieds dans le sang ; orateur pathétique de la pitié, de la justice, de la modération, des remords, de la supplication à un peuple charmé mais sourd, chant du cygne de la littérature et de l’éloquence françaises expirantes, fait pour parler en présence de la mort, et à qui on ne peut supposer une autre tribune que l’échafaud. […] Nous avons, disent-ils, énervé ainsi la démocratie, nous avons fait répudier au peuple sa seule force, la terreur ; nous avons rassuré et encouragé d’avance par l’impunité les réactions de ses ennemis.
Cependant, ennemi du cruel fanatisme, Secrétement blessé d’un trop grand despotisme, Je n’ai point l’air esclave au milieu de mes fers.
Ce Discours est écrit avec une noble simplicité qui n’est rien moins qu’ennemie de l’élégance, & dont M.