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1721. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Attirer tous les yeux sur les plaies qui dévorent la société, réveiller toutes les âmes endormies, en leur montrant dans chaque vice un ennemi à combattre. […] Il se promène autour des traditions consacrées comme un soldat autour des murailles d’une place ennemie pour surprendre une pierre ébranlée, un pan de rempart chancelant, et arrêter dans sa pensée par où il fera brèche et pénétrera dans la place. […] Plein de confiance dans sa jeunesse, dans la sève exubérante de ses pensées, il construit à la hâte une poétique hardie qui contredit toutes les idées de la foule, mais qu’il espère défendre glorieusement en multipliant ses ouvrages comme autant de sorties contre l’ennemi. […] N’est-ce pas dans la discussion qu’il a entrevu pour la première fois la nécessité d’étudier l’armée ennemie avant de l’attaquer ?

1722. (1891) Esquisses contemporaines

» L’étrange cohabitation de ces deux ennemis irréconciliables luttant au sein d’un même être, n’est pas un problème psychologique d’un médiocre intérêt. […] Nous retrouvons ici l’ancien ennemi d’Amiel. […] L’épuisement de l’imagination, le vide de la pensée, la sécheresse du cœur, voilà l’ennemi qui rôde autour de nos jeunes hommes de lettres et qui les terrasse trop souvent. […] À peine campé sur une terre mal soumise, l’homme devint ennemi de l’homme.

1723. (1901) Figures et caractères

Des ennemis de la femme et du mariage, il en est un que Michelet distingue entre tous, d’autant plus dangereux qu’il est l’instrument d’une doctrine. […] Il est l’ennemi. […] Ce bénédictin de lettres cache sous sa robe la haire et la discipline de Tartufe, et, lorsqu’il s’agira de ses contemporains, de ceux qui dépassent leur temps de la hauteur du génie, vous entendrez siffler les rancunes et les haines assoupies dans cette âme envieuse et délicate, vous verrez qu’il y eut dans cet homme je rie sais quoi d’aigri et de mauvais et vous reconnaîtrez, dans la couronne de laurier qu’il tresse malgré lui aux gloires ennemies, la feuille de ciguë qu’il y mêle sournoisement. […] Son shooner défie à la course corvettes et frégates ennemies. […] Les commentateurs sont les plus mortels ennemis de la Poésie.

1724. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Une lâcheté, la pire des lâchetés, l’abandon de ses armes afin d’être plus prompt à la retraite, la honte d’être soi tout entier, le masque accepté dans l’espoir de tromper le monde, de pénétrer chez l’ennemi et de le réduire par la traîtrise ! […] Après avoir demandé des rectifications de frontières, la reine d’Angleterre dit : « Pour ce qui est de la Grande-Bretagne, je voudrais que mon gouvernement consentît spontanément l’autonomie de l’Irlande, sous mon sceptre, la rétrocession des îles françaises de la Manche à la France, de l’île de Malte à l’Italie, de Gibraltar à l’Espagne, l’évacuation de l’Égypte et, enfin, je souhaiterais l’abandon définitif de cette politique traditionnelle du peuple anglais qu’on pourrait appeler le britannisme à outrance et qui lui a fait tant d’ennemis. » Quant à l’empereur François-Joseph, il émet le vœu que l’autonomie soit donnée à la Bohême et aux autres groupes de son empire, par exemple au Trentin, à la Transylvanie et à la fraction de la Pologne qui fait partie de ses États ; il admettrait même que le Trentin fût réuni à l’Italie et la Transylvanie à la Roumanie. […] Ensuite les Prussiens arrivèrent derrière l’ennemi. […] Épiant tous les mouvements de l’ennemi, il assistait à toutes les rencontres et souvent faisait le coup de fusil comme un simple grenadier. […] Si, ayant pris quelque notion de la stratégie en vogue chez l’ennemi, ils avaient tenté d’appliquer les principes qu’il pratiquait, sans doute ils eussent été battus, mais ils n’étaient pas si sots.

1725. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Plaçant donc tour à tour l’art, ou du moins la poésie, en présence des gouvernements, en présence du public et des salons, en présence des critiques et des gens de lettres, enfin en présence des philosophes, il la vit de toutes parts entourée ou d’indifférents, ou d’ennemis et d’oppresseurs ; il s’attacha d’autant plus étroitement à la noble idée en détresse ; il y reporta tout son dévouement.

1726. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

M. de La Rochefoucauld, pour la guider dans la politique, n’y était pas assez ferme lui-même : « Il y eut toujours du je ne sais quoi, dit Retz, en tout M. de La Rochefoucauld. » Et dans une page merveilleuse où l’ancien ennemi s’efface et ne semble plus qu’un malin ami133, il développe ce je ne sais quoi par l’idée de quelque chose d’irrésolu, d’insuffisant, d’incomplet dans l’action au milieu de tant de grandes qualités : « Il n’a jamais été guerrier, quoiqu’il fût très-soldat.

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