La première impression de la vie, la première image qui se soit incrustée dans nos yeux d’enfant, ces yeux qui grandissent tout ce qu’ils regardent, quand nos yeux d’homme le diminuent et finissent, de désabusement ou de mépris, par ne plus le voir ! […] En effet, qui de nous, quand il était enfant, n’a pas eu sa Bible illustrée, n’a pas penché son jeune front, curieux ou rêveur, sur quelques images, plus ou moins bien exécutées, qui nous faisaient entrer dans l’esprit le texte sacré par les yeux ? […] … Ainsi quelques-unes des parties du Samson, la Reconnaissance de Joseph par ses frères, le Jugement de Salomon, — où la vraie mère a une manière si passionnée de se jeter et de se traîner sur les genoux devant l’homme qui va fendre son enfant d’un seul coup de sabre, — mais dont le dessinateur se souviendra trop dans la Mort d’Athalie.
Tout cela, — des contes d’ogre pour des enfants qui se croient des hommes, — n’a qu’une prise d’un moment sur l’imagination du lecteur, et manque, comme impression d’art, de profondeur et de vraie beauté. […] Elle vient d’une grande chose, de la foi qui lui montre l’enfer à œil nu et de l’indignité sentie, qui lui dit qu’il y peut tomber, tandis que la peur d’Edgar Poe est la peur de l’enfant ou du lâche d’esprit, fasciné par ce que la mort, qui garde le secret de l’autre monde, quand la religion ne nous le dit pas, a d’inconnu, de ténébreux, de froid. C’est l’application du mot de Bacon : « les hommes ont peur de la mort comme les enfants ont peur de l’ombre. » Cette peur des sens soulevés prend mille formes dans les Histoires de Poe ; mais soit qu’elle se traduise et se spécifie par l’horreur qu’il a d’être enterré vivant, ou par le désir immense de tomber, ou par quelque autre hallucination du même genre, c’est toujours la même peur nerveuse du matérialiste halluciné.
L’idée que cette guerre doit être la dernière des guerres, c’est une vieille idée populaire, « A nous de souffrir, nos enfants seront plus heureux ! […] Il assista au service avec les soldats, les gens du village et les enfants d’un orphelinat de la guerre. […] A l’issue d’une guerre où tous les enfants de la France furent plus beaux que dans aucun siècle, la patrie doit un hommage aux femmes et aux mères des héros, l’enthousiasme glorieux de nos combattants est fait pour une grande part du courage et de l’abnégation des Françaises, et celles-ci, quand la funeste nouvelle tombe dans leurs foyers, sont dignes de recueillir (pour la défense de leur famille et de la patrie) le bulletin de vote du soldat dont l’âme était pareille à la leur.
La Rue fut l’orateur de la cour, dans cette époque qui succéda à quarante ans de gloire, lorsque Louis XIV, malheureux et frappé dans ses sujets comme dans sa famille, ne comptait plus au-dehors que des batailles perdues, et voyait successivement dans son palais périr tous ses enfants. […] Le texte de l’orateur semblait être une prédiction de l’événement, et il exprimait le triste spectacle qu’on avait sous les yeux, du père, de la mère et de l’enfant, frappés et ensevelis tous trois ensemble74. […] « Pourquoi vous attirez-vous par vos péchés un tel malheur, que de voir enlever par la mort, du milieu de vous, l’époux, l’épouse et l’enfant. » Jér.
Çà et là la nature humaine est prise sur le fait, brutalement, comme un papillon saisi soudain par la main d’un enfant. […] Il n’a pas assassiné son ami, il l’a laissé périr ; sentez-vous la nuance, enfants du xixe siècle ? […] Plus tard il pourra dire à ses enfants : Je fus pauvre un certain jour ! […] À ces enfants on peut prédire à coup sûr une destinée douloureuse. […] À sa première entrée, Stéphane n’est qu’un enfant fiévreux, emporté et pervers.
Ainsi, par exemple, et je choisis cette circonstance entre mille, son héros voyage ; il voyage en compagnie de M. et de madame de Couaën et de leurs enfants. […] Un collecteur anglais en tournée emmène sa femme, son enfant. […] C’est un représentant de l’éternelle rivale de l’Angleterre, un enfant de la France, un ami de ceux qui ont reconquis la liberté de la France à coups de fusil. […] Accessibles à la civilisation anglaise dans toutes les habitudes de la vie civile, comme soldats, comme agriculteurs, comme négociants, leur vie domestique est murée ; elle n’admet ni nos usages, ni nos mœurs, ni le respect de la femme, ni les saintes et paisibles vertus de la famille ; nulle affection, nulle sympathie ; les enfants méprisent leur mère, le père maltraite ses enfants ; d’implacables jalousies, des haines atroces fermentent dans le cœur des frères. […] Une passion profonde, dévorante, s’empara de toutes ses facultés, et il n’était pas encore au bout des six mois que devait durer cette rude épreuve, qu’il était fou d’amour, le pauvre enfant !