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555. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

« Mais ta vie était alors avec les astres et avec la mer, audacieux enfant de Ligurie, quand au delà des Colonnes d’Hercule, et par de là les rivages où l’on croyait sur le soir entendre frémir l’onde au plonger du soleil, te confiant aux flots infinis, tu retrouvas le rayon de ce soleil qu’on croyait tombé et le jour qui naît quand pour nous il a disparu. […] le monde mieux connu ne s’accroît point, mais plutôt il diminue, et l’éther résonnant, la féconde terre et la mer paraissent bien plus vastes au tout petit enfant qu’au sage. […] Vous dormez ; et je viens, sous l’aiguillon cruel, A ma fenêtre ouverte, en face du beau ciel, Saluer cette antique et puissante nature, Mais qui, pour moi chétif, ne fut jamais que dure : « Loin de toi l’espérance, enfant, m’a-t-elle dit ; Oui, même ce rayon, l’espoir, t’est interdit. […] Ruysch éveillé regarde à travers les fentes de la porte, il a un moment de sueur froide malgré toute sa philosophie ; il entre pourtant : « Mes enfants, à quel jeu jouez-vous ? […] C’est une enfant très-belle, et non point telle à voir Que de lâches effrois la veulent concevoir : L’enfant Amour souvent l’accompagne et l’emmène ; Ils volent de concert sur cette route humaine, Portant à tout cœur sage allégeance et confort.

556. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

Mon père et ma mère s’aimèrent du plus saint amour pendant dix-huit ans, avec le plus grand désir d’avoir des enfants. […] Toutes les personnes qui étaient présentes lui demandèrent, en le félicitant, quel nom il voulait donner à cet enfant ? […] Dans ce temps-là, j’achevai un ouvrage d’argent en bas-relief, grand comme la main d’un enfant. […] Nous fûmes amis depuis, et je fus parrain de l’un de ses enfants. […] C’était le plus beau et le plus honnête enfant que l’on pût voir.

557. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Son grand-père, vicaire de l’Église anglicane, dans le comté d’Hereford et tout dévoué à la cause royale pendant les guerres civiles, avait eu quatorze enfants. […] Voilà qui est bien ; enfants, gardez-les propres et brossez-les souvent. […] Car, mes frères, ne vous souvenez-vous pas d’avoir entendu comme moi, quand nous étions enfants, quelqu’un dire qu’il avait entendu le domestique de mon père dire que mon père donnerait volontiers le conseil à ses enfants de porter des galons d’or, aussitôt qu’ils auraient de l’argent pour en acheter ? […] Pour le peuple même, la religion n’est pas inutile ; il n’y croit pas plus que les hautes classes ; mais il s’en sert pour faire tenir les enfants tranquilles, et s’en amuse pendant les longues soirées d’hiver. […] « Ce que je vais vous dire est, après votre devoir envers Dieu et le soin de votre salut, du plus grand intérêt pour vous et pour et vos enfants ; votre pain, votre habillement, toutes les nécessités de la vie en dépendent.

558. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

C’est ainsi que nous apprenons à entendre une langue étrangère ; c’est ainsi que l’enfant, hésitant d’abord sur les lettres et les syllabes, en vient à interpréter couramment les mots et les phrases. […] Placez un enfant au milieu de grandes montagnes, il reste insensible à ce spectacle, mais il voit un jouet avec plaisir. […] Tous deux consistent à saisir des ressemblances et des différences, seulement le savant en aperçoit des centaines, des milliers, là où l’enfant et l’animal n’en voient qu’un petit nombre. […] Mill a appelé le raisonnement du particulier au particulier », qui est propre aux enfants et aux animaux supérieurs. […] Est-ce le réalisme de la vie commune, de l’enfant du paysan ?

559. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Pour affirmer que le feu brûle, l’enfant qui ne sait pas parler écarte sa main du feu, s’il en est près, ou accomplit par l’imagination ce mouvement, s’il en est loin. […] Supposez donc, chez un enfant, une conscience entièrement vide dans laquelle apparaîtrait une représentation unique, « celle d’un cheval ailé », pour prendre l’exemple de Spinoza. Il est clair que cette représentation du cheval ailé, étant seule, sans qu’aucune perception ni aucun souvenir la contrarie, constituera toute l’actualité pour l’intelligence de l’enfant : le cheval ailé sera présent pour l’enfant, et, à lui seul, sera tout l’objet de sa conscience : ce sera son univers, ce sera la réalité au-delà de laquelle il ne peut rien concevoir et contre laquelle il ne peut rien élever. […] Quant à savoir si ce cheval vu existe hors de la conscience dans un monde étendu, c’est une question que l’enfant ne pose pas, puisqu’il lui manque les idées nécessaires pour la poser. […] Sans doute l’enfant et l’animal ne dégagent pas ces lois abstraites ; ils n’en obéissent pas moins à ces lois ; et si l’animal avait à sa disposition, comme l’enfant, l’instrument du langage, il pourrait abstraire et généraliser la loi de raison suffisante et d’identité sous laquelle il agit.

560. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Elle avait été assez heureuse pour arrêter son saignement de nez, mais Mlle Aimée qui était très jalouse d’elle, lui avait repris l’enfant d’entre les mains, n’avait pas su arrêter le saignement de nez, quand il était revenu, et le pauvre enfant était mort d’anémie, à la suite de la perte de tout son sang. […] Ils sont vraiment des enfants gâtés ces peintres, ces sculpteurs. […] Un curieux mot de Léon enfant, le lendemain de la prise de possession de Champrosay par les Prussiens : « Papa, puis-je me réveiller ?  […] Et dans la crainte qu’il se déclarât un cas chez la femme et les enfants, avec l’aide de la police, il embarquait de force la veuve et sa petite famille, au milieu des injures de la femme… qui, arrivée en Europe, lui adressait une lettre de remerciement. […] » J’ai été embarrassé comme du pourquoi troublant d’un enfant.

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