Tu auras partagé l’enthousiasme imprévoyant des armées affamées de gloire et des citoyens affamés d’ordre pour un empire sorti des camps pour expirer sur le sol deux fois conquis de la patrie. […] Thiers, dont on ne m’accusera pas de dénigrer les grandes œuvres historiques (voyez mes Entretiens sur l’Histoire de l’Empire, que j’ai appelée, le premier, le livre du siècle), M. […] Si l’empire qu’il sert aujourd’hui, comme il a servi la légitimité, la royauté de juillet, la république, avec un zèle qui ne faiblit jamais et avec un talent qui grandit toujours ; si, dis-je, l’empire venait à chanceler dans une journée de février quelconque, que penserait M. Dupin d’un républicain, d’un légitimiste, d’un orléaniste qui viendrait sur le champ de mort de l’empire écroulé, quoi faire ? Proclamer un empire de branche cadette et factieuse ?
L’Église étant, aux yeux de Veuillot, la vérité et, par suite, l’empire du monde lui appartenant, l’esprit laïque, c’est-à-dire l’esprit libéral, qui se défie d’elle et qui prétend la cantonner dans le secret des temples ou du foyer domestique, apparaît nécessairement à Veuillot comme l’esprit d’erreur. […] Après le coup d’État, il est contre eux, et pour l’Empire, en homme aux yeux de qui l’intervention directe de la Providence dans les événements de ce monde est une réalité vivante. […] Mais il a été contre le régime de Juillet, et contre l’Empire, du jour où l’Empire a trahi l’Église. […] Contre le régime de centralisation à outrance issu de la Révolution et de l’Empire, contre l’esprit jacobin, la tyrannie de l’État, la bureaucratie, les chinoiseries administratives, et contre ce qu’il y a, dans l’individualisme moderne, de funeste à la démocratie même, il abonde en magnanimes fureurs et en sarcasmes clairvoyants. […] J’ai quelque idée que, si Veuillot vivait encore, il préférerait le moment où nous sommes, malgré ses misères inouïes, à l’époque de la monarchie de Juillet ou aux dix dernières années du second Empire.
Ceux par lesquels il commence sa Didon, ne sont pas irréprochables ; mais on en a fait de nos jours de plus mauvais : Grands Dieux, qui disposez de l’Empire du Monde ; Toi, qui portes en main le tonnerre qui gronde, Jupiter, ennemi du Peuple Phrygien, Qui fait que notre Troie à present n’est plus rien, &c.
Il a semblé à l’auteur que les émotions d’une âme n’étaient pas moins fécondes pour la poésie que les révolutions d’un empire.
À cet égard notre époque peut se comparer à celle qui suivit la chute du premier Empire, de 1815 à 1830. […] Admiration juvénile, exaltée, pour les gloires de la Révolution et du premier Empire, qu’on avait tendance à confondre. […] La vraie société balzacienne serait alors celle du second Empire. […] Sous le second Empire même elle n’était encore qu’à peine adolescente. […] C’est ainsi que pensait à Paris cette petite bourgeoisie du second Empire dont France est si paradoxalement l’interprète.
Il y a plus de cent cinquante ans que ces vers sont faits : mais tel a toujours été l’empire du sentiment ; il fait vivre les Ouvrages, comme il nourrit, anime & embellit la Société.