Francis Melvil Voici un élégant volume (Le Poème du siècle), qui ne contient pas-moins de douze à treize mille vers… Il renferme, je crois, tous les genres de vers et de strophes connus… L’ouvrage contient deux parties distinctes : la première est tout historique ; la seconde est la peinture animée, vivante, des efforts de notre siècle pour se reconstituer une croyance.
Frédéric Saisset, de très réelles qualités, le plus souvent dissimulées et gênées par des hésitations, des indécisions, des appréhensions, et l’on sent trop que le poète doute de soi-même et ne parvient pas à se libérer de certaines influences malgré des efforts continuels, mais sans hardiesse.
Des succès exceptionnels récompensèrent ces efforts. […] Il me semble que je pense maintenant à vous avec un souvenir plus tendre… Les idées sont abstraites ; on ne s’y élève que par un effort. […] Mon effort est d’atteindre l’essence, comme disent les Allemands, non de primesaut, mais par une grande route, unie, carrossable. […] Jamais homme n’a mieux su le but où il tendait, ni dépensé à ses œuvres une plus grande intensité d’application, un plus grand effort de volonté. […] C’est de ce côté que se tournent tous les efforts de la bourgeoisie gouvernante.
L’hiver, une cuirasse de glace couvre les deux fleuves ; la mer repousse les glaçons qui descendent ; ils s’entassent en craquant sur les bancs de sable, et oscillent ; parfois on a vu des vaisseaux, saisis comme par une pince, se fendre en deux sous leur effort. […] L’effort, l’effort tenace et douloureux, l’exaltation dans l’effort, voilà leur état préféré. […] Tout leur effort est pour abréger, resserrer la pensée dans une sorte de clameur tronquée58. […] Seul parmi ces clercs qui pensent en écoliers studieux d’après leurs chers auteurs, et sont doublement séparés du monde à titre d’hommes de collége et à titre d’hommes de couvent, Alfred, à titre de laïque et d’esprit pratique, descend par ses traductions en langue saxonne, par ses vers saxons, à la portée de son public ; et l’on a vu que son effort, comme celui de Charlemagne, s’est trouvé vain. […] Bien plus, sous la contrainte du climat et de la solitude, par l’habitude de la résistance et de l’effort, le modèle idéal s’est déplacé pour lui ; ce sont les instincts virils et moraux qui ont pris l’empire, et parmi eux, le besoin d’indépendance, le goût des mœurs sérieuses et sévères, l’aptitude au dévouement et à la vénération, le culte de l’héroïsme.
Si enfin il s’obstine dans son effort infructueux, deux habitudes indépendantes peuvent se créer et coexister en lui, l’une, involontaire et purement musculaire, de mal parler extérieurement, l’autre, volontaire et psychique, de bien parler intérieurement. […] La reconnaissance, en effet, est un jugement, et un jugement analogue à la perception externe ; c’est un jugement tout spontané, qui ne nous prend aucun temps et ne nous demande aucun effort pour être porté, et que la parole intérieure, d’ordinaire, néglige d’exprimer. […] — Cf. saint Augustin, au début des Soliloques : « J’étais livré à mille pensées diverses…, je faisais les plus grands efforts pour me trouver moi-même, moi et mon bien…, quand tout à coup, — était-ce moi-même ? […] Je ne sais, et c’est justement à le démêler que tend tout mon effort). […] Peu d’idées, ce me semble, sont plus difficiles à acquérir pour l’enfant. « Il y a longtemps, longtemps », ne signifie pas d’abord clairement pour lui avant ma naissance ; il lui faut un grand effort pour imaginer qu’avant lui quelque chose pouvait être.
Nulle part de l’effort ; partout de la grâce.