/ 2489
542. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Cette loi n’a point d’effet rétroactif. — Article 3. […] N’est-il pas temps de se débarrasser de cette littérature à faux effet, de cette fantasmagorie théâtrale ? […] Ces excentriques ne réussiraient qu’auprès des artistes et des journalistes à qui ils font l’effet de ciselures et de travaux d’orfèvrerie. […] » Il démontre que le portrait et le paysage ne produisent presque jamais l’effet qu’on en attend dans la littérature. […] Ces préfaces, toujours généreuses en promesses, me font l’effet de cornes d’abondance qui seraient vides.

543. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Montesquieu disait de je ne sais plus qui : « Il est si doux qu’il me fait l’effet d’un ver qui file de la soie. » — Flourens me fait l’effet d’une couleuvre plus ou moins innocente qui glisse sur l’herbe. […] E pure… On dirait de la plupart de ses jolies petites pièces et saynètes que c’est traduit on ne sait d’où, mais cela fait l’effet d’être traduit. […] le besoin de faire de l’effet, de compléter le drame ! […] Pour celui qui a vingt ans ce jour-là, les Tristesses d’Olympio feront l’effet du Lac de Lamartine. […] Son pamphlet publié à Paris a dû avoir un contrecoup et faire un effet épouvantable à Rennes où il habitait.

544. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

. — Cette association est un effet de l’expérience. — Opinion d’Helmholtz. — Les sensations rétiniennes et musculaires de l’œil deviennent des signes abréviatifs. — Analogie de ces sensations et des noms. — Elles sont comme eux des substituts d’images. — Ordinairement, ces images restent à l’état latent et ne peuvent pas être démêlées par la conscience. — Procédé comparatif par lequel nous évaluons les grandes distances. — Nous ne comparons plus alors que des signes. […] Un anatomiste qui fléchit sa main imagine la contraction de chacun des muscles qui concourent à cet effet, le grand palmaire, le palmaire grêle, le cubital antérieur et les autres. […] Mais ce transport n’est pas, comme dit Kant, l’effet d’une structure d’esprit innée et inexplicable ; il est l’effet d’une disposition acquise, instituée en nous par l’expérience, et nous avons pu montrer, l’un après l’autre, tous les pas de cette acquisition. […] Car, en règle générale, chaque variation dans cet ébranlement et dans sa position réelle se traduit par une variation proportionnée dans la sensation et dans sa position apparente, de sorte qu’en règle générale notre faux jugement aboutit au même effet qu’un jugement vrai. […] Tout ce mécanisme est admirable, et le lecteur voit maintenant la longueur de l’élaboration, la perfection de l’ajustement qui nous permettent de faire, avec effet et réussite, une action aussi ordinaire, aussi courte, aussi aisée que la perception extérieure.

545. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

Ici il importe de distinguer deux faits bien différents et dont les effets convergent pourtant : le drame à thèse et le goût du théâtre. […] Dans l’arrêt de 1548 il faut donc voir un effet beaucoup plus qu’une cause. — Si l’on comparait, à ce point de vue, l’histoire du théâtre français avec celle du théâtre italien, on aboutirait à des résultats très intéressants ; j’en dirai un mot au chapitre III. […] Tel mot, qui ne frappe point le lecteur, fait un effet profond sur le spectateur ; il y a des choses qu’on lit mais qu’on ne veut point entendre, et d’autres qui feraient fermer un livre et qu’on accepte à la scène. […] Pour citer un exemple : Du Bellay a mis en coupe réglée Sperone Speroni ; mais pourquoi la Défense a-t-elle eu un effet que l’œuvre de Speroni n’a jamais eue ? […] Ce qui a fait la France, c’est une collaboration de circonstances naturelles, un ensemble d’éléments durables, dont les effets sont nécessaires ; d’où la logique de son histoire.

546. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Le sauvetage est de même héréditaire chez les races dressées à cet effet, comme chez les Chiens de berger l’habitude de tourner autour du troupeau, au lieu de lui courir sus. […] Dès que la disposition à arrêter fut devenue assez forte dans une race pour être remarquée et appréciée, la sélection méthodique, avec ses effets héréditaires, et l’éducation, avec ses moyens de contrainte, agissant sur chaque génération successive, eurent bientôt achevé l’œuvre de transformation. […] Mais un pareil instinct chez nos poussins domestiques est maintenant sans utilité, les mères ayant perdu presque complétement l’usage de leurs ailes par l’effet de la domesticité. […] Mais je dois avouer que, malgré toute ma confiance dans la haute valeur de la loi de la sélection naturelle, je n’aurais jamais supposé qu’elle pût avoir des effets si puissants, si les insectes neutres n’avaient été là pour m’en convaincre. […] Ne peut-on conclure de là que la stérilité des insectes neutres dans les sociétés d’hyménoptères n’est en réalité qu’un effet de la loi de balancement de croissance, c’est-à-dire une conséquence de la prédominance anormale du cerveau sur les organes homologues de la génération ?

547. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

L’idée d’enseigner est une idée et un pédantisme modernes, et le naïf Shakespeare, qui n’était réfléchi que pour combiner des effets de beauté plus grands ou d’un plus poignant pathétique, ne pensait pas plus à l’enseignement qu’il ne pensait aux masses, qui n’étaient pour lui que son parterre et lui-même. […] Mais ce qui est presque comique, c’est le sérieux avec lequel François-Victor Hugo exécute cette puérilité de mettre aux œuvres de Shakespeare des titres auxquels Shakespeare n’a jamais pensé, et qui, d’ailleurs, ont pour effet sérieux d’égarer l’esprit sur les procédés de composition du grand poète. […] C’est Hazlitt, je crois, qui prétendait qu’essayer une description de ce drame ou de son effet sur la pensée était une impertinence, une pure impertinence (mere impertinence). […] Mais ne pas dire l’effet d’un drame de Shakespeare sur la pensée, c’est nier la Critique et la tuer d’un mot. […] Le plus souvent, ses introductions nous ont introduits à un Shakespeare idéal infini et inventé, dans lequel il s’absorbait comme un fakir indien dans la conception de Bouddha ; car c’est un bouddhiste shakespearien que François-Victor Hugo, et, justement à cause de cela, il voit dans Shakespeare un torrent de choses qui me font l’effet, à moi, de n’y être pas !

/ 2489