Rica, visitant la grande bibliothèque d’un couvent de dervis, y remarque les historiens et surtout les historiens de la décadence romaine ; c’est Montesquieu lui-même qui prend date, et par d’admirables réflexions sur la chute de l’empire romain révèle une pensée en travail, et met la main sur le sujet, du droit du premier occupant. […] Il sent à la fois s’accroître ses connaissances et ses droits sans que ses devoirs s’en augmentent. Les vérités du siècle précédent lui parlaient d’obéissance et de déférence, des droits des autres et de ses propres devoirs ; elles le traitaient en sujet de quelqu’un ou de quelque chose ; elles armaient sa raison contre lui-même. […] On ne sent pas assez chez lui, dans une grande faveur pour l’idée du droit, une ferme croyance au devoir. […] Une morale, c’est plus que le goût de tout ce qui est moral, plus que l’amour du droit, plus que la justice et la bienfaisance ; c’est la certitude que toutes ces choses ne sont pas de purs mérites de la volonté, mais des lois divines obéies, et qu’en les pratiquant d’un cœur sincère, on reste infiniment au-dessous de ce qu’elles prescrivent.
Or ce que j’ai voulu inculquer avant tout en ce livre, c’est la foi à la raison, la foi à la nature humaine. « Je voudrais qu’il servît à combattre l’espèce d’affaissement moral qui est la maladie de la génération nouvelle ; qu’il pût ramener dans le droit chemin de la vie quelqu’une de ces âmes énervées qui se plaignent de manquer de foi, qui ne savent où se prendre et vont cherchant partout, sans le rencontrer nulle part, un objet de culte et de dévouement. […] Il faut un certain courage pour résister à la réaction que ces fats provoquent chez les esprits droits. […] Le scepticisme seul a le droit de rire, car il n’a pas à craindre les représailles. […] Nous aspirons à cette haute impartialité philosophique qui ne s’attache exclusivement à aucun parti, non parce qu’elle leur est indifférente, mais parce qu’elle voit dans chacun d’eux une part de vérité à côté d’une part d’erreur ; qui n’a pour personne ni exclusion ni haine, parce qu’elle voit la nécessité de tous ces groupements divers et le droit qu’a chacun d’eux, en vertu de la vérité qu’il possède, de faire son apparition dans le monde. […] C’est au sein de la putréfaction que se développe le germe de la vie future, et personne n’a droit de dire : « Celle-ci est une pierre réprouvée », car peut-être sera-ce la pierre angulaire de l’édifice futur.
Ainsi encore, pour le fidèle de l’Église romaine, la soumission aux décisions du pape en matière de foi est chose méritoire ; pour le libre-penseur, pour l’homme de science, soumettre tout croyance au contrôle de l’expérience et de la raison, puis se décider en pleine indépendance est à la fois un droit et un devoir. […] De même qu’elle l’a repoussé jadis par obéissance il son père, de même elle le congédie avec une dignité profonde par respect des droits que Polyeucte, en devenant son mari, a reçus à son affection. […] Tandis que Sévère s’éloigne triste et résigné, Zamore presse Alzire de se soustraire au joug qu’elle a subi et réclame hardiment des droits antérieurs à ceux du mari. […] Mais l’historien n’a point à faire un choix entre ces conceptions diverses ; il aura rempli tout ce qu’on est en droit d’attendre de lui, s’il a su relever les effets littéraires différents qui en découlent. […] Il serait à souhaiter qu’à toute époque un représentant de tous les groupes intellectuels existant alors eût pris la peine de faire un travail analogue pour lui et les siens ; on aurait de la sorte une série de témoignages qui donneraient le droit d’embrasser une époque entière dans les conclusions qu’on tirerait sur l’origine de ses principales tendances.
Là-dessus Descartes est d’une précision à laquelle il n’y a rien à désirer, qui ne laisse certainement rien à désirer. « Au reste, je me suis étendu ici sur le sujet de l’âme à cause qu’il était plus important ; car après l’erreur de ceux qui nient Dieu, laquelle je pense avoir ci-dessus assez réfutée, il n’y en a point qui éloigne plus tôt les esprits faibles du droit chemin de la vertu que d’imaginer que l’âme des bêtes soit de même nature que la nôtre, et que, par conséquent, nous n’avons rien à craindre ni à espérer après cette vie, non plus que les mouches et les fourmis. […] La seconde par droit : ce droit, vous le savez, c’est le droit du plus fort. […] Ce sont les plus forts, c’est le plus fort, et après lui ceux qui sont les plus forts, qui gouvernent et qui ont le droit pour eux, et Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.
On peut ne pas les lire, c’est même un droit : il ne faut pas les calomnier. […] Assurément, l’écrivain doit connaître le mal, mais il n’est pas fait pour ne dire que cela, pour ne pas voir la santé à côté de la maladie, le remède à côté de la souffrance, et surtout, puisqu’il touche à des plaies, il n’a pas le droit de les aviver ou de les traiter comme une simple matière à description. […] Et c’est pourquoi encore je ne puis pas lui reconnaître un droit à l’épithète de populaire, c’est-à-dire de fraternel. […] Vous n’êtes qu’un fait, devenez un droit. […] L’existence de romans populaires n’est pas une preuve ; il faut prouver qu’ils ont le droit d’exister.
La théorie de la Relativité est en droit de le dire, — nous verrons à quelle condition. […] On y trouverait l’idée que la distinction du « petit » et du « grand », du « peu éloigné » et du « très éloigné », n’a pas de valeur scientifique, et que si l’on peut parler de simultanéité en dehors de tout réglage d’horloges, indépendamment de tout point de vue, quand il s’agit d’un événement et d’une horloge peu distants l’un de l’autre, on en a aussi bien le droit quand la distance est grande entre l’horloge et l’événement, ou entre les deux horloges. Il n’y a pas de physique, pas d’astronomie, pas de science possible, si l’on refuse au savant le droit de figurer schématiquement sur une feuille de papier la totalité de l’univers. […] S’il s’agit de couleur, par exemple, la conscience intervient sans doute au début de l’étude pour donner au physicien la perception de la chose ; mais le physicien a le droit et le devoir de substituer à la donnée de la conscience quelque chose de mesurable et de nombrable sur quoi il opérera désormais, en lui laissant simplement pour plus de commodité le nom de la perception originelle. […] Je vous concède le droit de substituer au temps une ligne, par exemple, puisqu’il faut bien le mesurer.