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1307. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

— et la gaîté française conserve le total de ses droits. […] Si nous laissons de côté la question du vers libre, liée au symbolisme, non seulement de fait, mais de droit (n’est-ce point le sentiment de l’idéalité du vers parallèle au sentiment de l’idéalité du monde ?) […] Vertigineuses sautes en un effroi que reconnue ; anxieux accord. » Sans cesse sont présentes l’idée et la défiance de l’ennemie, de la Nature dont les grandes lignes droites et nues fusent et se répètent indéfiniment. […] Dans l’élan droit d’un raisonnement, d’un argument, il flairait le prestige, l’erreur, la grossièreté oratoires. […] Le vers, droit sur le blanc de la page, l’évoque

1308. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Rodrigue et Chimène ont les mêmes droits que Roméo et Juliette et ne sont pas plus criminels. […] Il laisserait seulement entendre à Ophélie qu’il n’a plus le droit de l’aimer, qu’il appartient tout entier à un grand devoir. […] Nous ne nous demandons plus : « Avait-elle le droit de le faire ?  […] Nous nous occupons, nous, de la loi et des droits du cœur. […] Mais le premier consul a reçu du pape le droit de l’en délier.

1309. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Et puis, comme dans le Louis XIV, un fonds de droit sens mêlé même au faste, de la mesure et de la proportion dans la grandeur. En osant la métaphore comme jamais on ne l’avait fait en français avant lui, M. de Chateaubriand ne s’y livre pas avec profusion, avec étourdissement ; il est sobre dans son audace ; sa parole, une fois l’image lancée, vient se retremper droit à la pensée principale, et il ne s’amuse pas aux ciselures ni aux moindres ornements. […] Nous n’entendons pas ici précisément parler des deux brochures politiques de M. de Chateaubriand : nous en serions fort mauvais juge, incapable que nous nous trouvons, par suite d’habitudes anciennes et de convictions démocratiques, d’entrer dans la fiction des races consacrées et des dynasties de droit.

1310. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Il va de soi que, si une fleur suinte les poisons, elle a droit à une place de faveur. […] Bourde semble le prendre particulièrement à partie ; il se croit donc le droit de tâcher d’éclaircir ce point d’esthétique mal défini. […] Quant à Rutebœuf, souffrez que je m’étonne de votre indifférence : «  Je ne parle pas de Rutebœuf, dites-vous, que je n’ai guère pratiqué. » Il me semblait cependant que le « doux trouvère » avait droit à l’estime de tout bon poète.

1311. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Il est l’organe de tous, plutôt qu’une personne privilégiée ayant des pensées qui n’appartiennent qu’à lui, et qu’il impose en vertu d’un droit extraordinaire. […] Plus indépendante du corps que la sensibilité et l’imagination, elle ne souffre pas que la nature entreprenne sur ses droits. […] Nous l’aimons, parce qu’elle nous paraît la meilleure patrie pour l’homme en général ; nous voudrions y donner le droit de cité à tout le genre humain.

1312. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

J’imagine que c’est pour des vers comme ceux qui suivent que Malherbe s’adoucissait118 ; il s’agit de la justice de saint Louis : Lui voyant ces abus ouvrir ainsi la porte Aux lamentables maux que l’injustice apporte Le bon droit ne servir, le tort ne nuire en rien. Mais la seule faveur, sous une robe feinte, Régner es jugements sur la raison éteinte ; La justice, au palais, sa balance employer, A peser, non le droit, mais, l’argent du loyer L’ignorance élevée aux dignités suprêmes… Plus loin, la charité du saint roi ne l’inspire pas moins heureusement : Maints rois s’armant les bras d’un fer victorieux Rendent par l’univers leur renom glorieux, Brident de saintes lois la populaire audace, Laissent de leur prudence une éternelle trace, Et gagnent tout l’honneur qu’on s’acquiert ici-bas Par les arts de la paix et par ceux des combats Mais peu daignent tourner leur superbe paupière Vers le pauvre étendu sur la vile poussière Et penser qu’en l’habit d’un chétif languissant C’est Christ, c’est Christ lui-même, hélas ! […] Cette gravité qui n’a rien de triste, cette majesté sans affectation, ce grand air que tempère la grâce, sont d’un poëte qui n’a prétendu régler que la méthode de communiquer nos pensées par le langage, mais qui ne s’arroge aucun droit sur la liberté de notre esprit.

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