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2021. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

« Tous deux nous chercherons les bosquets où est Madame Marie avec ses cinq demoiselles d’honneur, dont les noms sont cinq douces symphonies, Cécile, Gertrude, Madeleine, Marguerite et Rosalys ». […] Je voudrais que la terre eût ton corps comme fruit à manger, et qu’aucune bouche, mais seulement quelque ver, te trouvât douce. […] Plus douces jeunes filles jamais ne furent demandées en mariage ; anneaux de métal rouge pour la fille du roi ». […] (des saltigrades doux n’iront plus vers les mers….) […] Lignes et tons « durs » et « mous », voix « douces », sont des expressions fréquentes qui reposent sur la transposition des perceptions d’un sens aux impressions d’un autre sens.

2022. (1883) Le roman naturaliste

Le récit des amours effarouchées de Désirée Delobelle, de sa tentative de suicide, et de son retour au nid maternel, est d’une douce et touchante émotion, d’un accent de sympathie profonde et réelle. […] Il tient la plume, et ses yeux ne sont pas fixés sur son papier ; ils suivent à travers l’espace un fantôme encore indécis, un paysage encore flottant ; ni les contours du portrait, ni les lignes du tableau ne sont encore bien nettes ; les voilà cependant qui commencent à se dessiner, évoqués pour ainsi dire de l’ombre et comme arrachés au brouillard qui les enveloppait, par la persistance, impérieuse et douce à la fois, du regard qui les attire ; un premier contour s’est dégagé nettement et, d’un geste nerveux, presque involontaire, rapide et fugitif comme l’apparition elle-même, M.  […] Souvent — on entendait sous les buissons glisser un petit battement d’ailes, ou bien le cri rauque et doux des corbeaux qui s’envolaient dans les chênes. » Donnons-nous le plaisir d’en citer encore un troisième : « La nuit douce s’étalait autour d’eux ; des nappes d’ombre emplissaient les feuillages. […] Cependant elle n’avait pas le caractère grondeur que l’on supposerait être une condition nécessaire de telles habitudes, et son naturel, très doux, très patient, la portait à rechercher les choses les plus sérieuses et les plus tristes de la vie pour en nourrir son esprit.

2023. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

C’est le Hollandais Gika, le marchand de perles, et ce sont des colliers, des unions, des fils aux éclairs argentés, des perles grosses comme des noisettes, deux boutons de 14 000, une perle de 21 000 francs, tout un doux et laiteux ruissellement qu’il remue sous les yeux de la princesse, dont les perles sont la passion, et qui succombe et finit par se donner une perle de 8 000 francs. […] Je ne voulais pas parler, parce que je ne me souciais pas que la scène d’un récent dîner recommençât, mais un peu asticoté par les uns et par les autres, je pris la voix la plus douce pour affirmer que j’avais plus de plaisir à lire Hugo qu’Homère, essayant cette fois de parer les foudres de Saint-Victor avec le nom d’Hugo.

2024. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Les Parques, les harpies sont plutôt hideuses par leurs attributs que par leurs traits ; les furies sont belles, et on les appelle Euménides, c’est-à-dire douces, bienfaisantes. […] Il ferait passer à chaque instant l’auditoire du sérieux au rire, des excitations bouffonnes aux émotions déchirantes, du grave au doux, du plaisant au sévère.

2025. (1930) Le roman français pp. 1-197

Prenons-le pour ce qu’il fut vraiment, un descendant de petits bourgeois du Midi, chez qui, depuis des générations, la vie fut modeste, mais douce, agréable, heureuse, même dans une demi-pauvreté. […] Enfin, comme il ne croyait à nulle vie future, seulement à celle-ci, que du moins cette pauvre vie terrestre soit pour tous la plus douce possible. […] Le nationalisme, comme facteur principal de l’émotion littéraire, Barrès en marque le point culminant, mais comme d’une chaîne de montagnes qui s’élèverait d’un côté en pentes douces, par d’harmonieuses vallées, de l’autre tomberait à pic. […] On songe à nos aïeules, disant d’un livre : « Il m’a fait verser de bien douces larmes. » À leur tour, Clara d’Ellébeuse, Almaïde d’Étremont — et sentez-vous comme ces noms sont bien choisis, comme ils nous replongent dans une ambiance disparue, presque ultra-romantique, et que nous regrettons plus ou moins, dans le fond de nos cœurs — sont bien près de nous faire verser des larmes. […] Marcel Proust … Un enfant délicieux, gâté — délicieux quoique gâté — toujours malade et toujours surnaturellement agile d’esprit et même de corps, un petit prince des contes de fées qui n’avait qu’à peine l’air d’être de ce monde, mais qui fut — et trop — « du monde » ; né dans la bourgeoisie, mais une bourgeoisie presque trop riche, d’une mère qui lisait Mme de Sévigné et en savait les lettres presque par cœur, d’un père, médecin illustre, qui avait du sang israélite dans les veines ; impérieusement doux, faisant on ne sait comment fléchir toutes les volontés devant ses volontés, qui étaient changeantes — sauf celle « d’écrire » et d’être « un grand écrivain » ; malicieux sans malignité, désireux, comme une femme, de plaire ; plaisant, en effet, à tout le monde ; mais à la fois avec l’égoïsme d’un enfant qui, étant artiste (un grand nombre de vrais artistes restent toujours enfants), veut se servir de ce don de plaire pour son art, et avec la patiente ingéniosité d’un médecin psychiâtre qui flatte et enjôle pour, à la fin, sortir avec une « fiche » originale sur un cas nouveau.

2026. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Orgueilleux humains sous un extérieur humble, vous qui parlez d’un ton si doux & qui trempez vos mains dans le sang ; quel démon funeste vous introduisit parmi nous » ? […] C’est, dit-il, que notre langue n’est point, comme celle des Italiens, douce, sonore, harmonieuse, susceptible des molles tournures. […] Ils nous assurent que le compositeur excitoit toutes les passions ; qu’il rendoit, à son gré, tel homme doux ou furieux, ingénieux ou hébété, chaste ou impudique. […] Cette nation aimable & bisarre, timide & fière, douce & violente, humaine & injuste, constante & volage, étoit représentée avec tous les traits distinctifs de son caractère. […] Son caractère doux & liant lui procura de vrais amis.

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