On connaît ainsi, sous la date de 1670, quelques exemplaires du livre de Bossuet : Exposition de la doctrine de l’Église catholique sur les matières de controverse. […] Mais, dans cette édition, les infidélités abondent, et des infidélités qui altèrent jusqu’à la doctrine, et à ce point que l’on s’est demandé si le texte en avait seulement passé sous les yeux de Calvin. […] Je dis seulement, que, depuis une trentaine d’années, la doctrine de l’évolution a incliné la disposition générale des esprits, et la science elle-même, dans le sens de Buffon. […] Telles sont en effet les inévitables conséquences d’une doctrine qui faisait du poète l’unique matière de ses chants. […] En dépit des dilettantes, c’en est fait désormais pour longtemps de la doctrine de l’art pour l’art.
Il y a des doctrines philosophiques et religieuses qui favorisent ce sentiment vif qu’on a de la nature ; il y en a qui le compriment et l’étouffent. Le stoïcisme, le calvinisme, un certain catholicisme janséniste, sont contraires et mortels au sentiment de la nature ; l’épicuréisme, qui ne veut que les surfaces et la fleur ; le panthéisme, qui adore le fond ; le déisme, qui ne croit pas à la chute ni à la corruption de la matière, et qui ne voit qu’un magnifique théâtre, éclairé par un bienfaisant soleil ; un catholicisme non triste et farouche, mais confiant, plein d’allégresse, et accordant au bien la plus grande part en toutes choses depuis la Rédemption, le catholicisme des saint Basile, des saint François d’Assise, des saint François de Sales, des Fénelon ; un protestantisme et un luthéranisme modérés, que les idées de malédiction sur le monde ne préoccupent pas trop ; ce sont là des doctrines toutes, à certain degré, favorables au sentiment profond et aimable qu’inspire la nature, et aux tableaux qu’on en peut faire. […] Ampère, dans son cours, a rapproché le sermon du grand-prêtre Génius, des doctrines panthéistiques avec lesquelles il a plus d’un rapport. […] Quand Racine fils, plus tard, dans son Poème de la Religion, a fait de si tendres peintures des instincts et de la couyée des oiseaux, il se ressouvenait plus de Fénelon que des pures doctrines de Saint-Cyran. […] Bien qu’aucune doctrine philosophique ou religieuse (excepté celles qui mortifient absolument et retranchent) ne soit contraire au sentiment et à l’amour de la nature ; bien qu’on ait dans ce grand temple, d’où Zenon, Calvin et Saint-Cyran s’excluent d’eux-mêmes, beaucoup d’adorateurs de tous bords, Platon, Lucrèce, saint Basile du fond de son ermitage du Pont, Luther du fond de son jardin de Wittemberg ou de Zeilsdorf, Fénelon, le Vicaire Savoyard et Oberman, il est vrai de dire que la première condition de ce culte de la nature paraît être une certaine facilité, un certain abandon confiant vers elle, de la croire bonne ou du moins pacifiée désormais et épurée, de la croire salutaire et divine, ou du moins voisine de Dieu dans les inspirations qu’elle exhale, légitime dans ses amours, sacrée dans ses hymens : chez Homère, le premier de tous les peintres, c’est quand Jupiter et Junon se sont voilés du nuage d’or sur l’Ida, que la terre au-dessous fleurit, et que naissent hyacinthes et roses.
Parallèlement à ces efforts d’une piété orthodoxe se dresse Port-Royal, très supérieur à Saint-Sulpice, à Saint-Lazare, à la Doctrine chrétienne et même à l’Oratoire, pour la fermeté de la raison et le talent d’écrire, mais à qui manque la plus essentielle des vertus catholiques, la docilité. […] mieux vaut le faux. « La vérité, comme a très bien dit Bacon, sort plutôt de l’erreur que de la confusion. » Ainsi, au milieu du pathos prétentieux qui a envahi, de nos jours, l’apologétique chrétienne, s’est conservée une école de solide doctrine, répudiant l’éclat, abhorrant le succès. […] Le Comte de Valmont ou les Égarements de la Raison est un roman de l’abbé Gérard, où, sous le couvert d’une intrigue des plus innocentes, l’auteur réfute les doctrines du xviiie siècle et inculque les principes d’une religion éclairée. […] Qu’il doit être dangereux de présenter avec tant de force les mauvaises doctrines ! […] Et ce sont celles-ci, les bonnes doctrines, qui remplissent les six ou sept volumes du Comte de Valmont !
Les principales additions consistent dans les études sur Hartley, sur les rapports de la morale de Stuart Mill avec la doctrine de l’association, sur les récentes publications de Bain et de Lewes, sur les naturalistes qui se rattachent à l’Ecole, etc., etc.
Arcésilas était aussi peu stoïcien que possible dans ses mœurs : Carnéade se contentait de ne pas l’être dans sa doctrine. […] La doctrine néo-académique entendue dans son vrai sens est la plus libérale et la plus favorable au progrès des sciences. […] C’est une doctrine discutable, mais qui se tient. […] Or la doctrine de Descartes et celle de Pascal sont en opposition absolue. […] Le prestige qu’il tirait de ses amitiés royales servait son œuvre et sa doctrine.
Planter, par exemple, dans les âmes des vieux Germains, ces âmes de héros, d’enfants et de bêtes, la doctrine du péché et de la damnation, qu’est-ce autre chose sinon les empoisonner ? […] Cette doctrine a — elle le sait bien et s’en vante avec raison — renouvelé la nature humaine ; seulement elle l’a faussée. […] Stuart Mill qui ont donné la plus grande célébrité à la doctrine des affections sympathiques et de la pitié ou de l’utilité pour les autres comme principe d’action. […] Mais cette pensée est bien la pensée angulaire ou fondamentale de la doctrine de l’homme théorique. […] Il y a maintenant une doctrine de la morale foncièrement erronée, doctrine très fêtée surtout en Angleterre.