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264. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Jacques Colonna était digne d’un tel ami, Pétrarque était digne d’un tel protecteur. […] Il faut que je vous confie une faiblesse digne d’une femmelette : je suis fâché qu’il y ait quelque chose de si beau hors de l’Italie. […] La pompe fut digne du peuple romain et du premier des poètes vivants ; le Capitole revit les jours antiques ; le procès-verbal de la cérémonie, que nous avons sous les yeux, porte : « Pétrarque a mérité le titre de grand poète et de grand historien, et, en conséquence, tant par l’autorité du roi Robert de Naples que par celle du sénat et du peuple romain, on lui a décerné le droit de porter la couronne de laurier, de hêtre ou de myrte, à son choix ; enfin on le déclare citoyen romain, en récompense de l’amour qu’il a constamment manifesté pour Rome, le peuple, la république, etc. » Cette gloire officielle ne fit rien à son bonheur et déchaîna contre lui plus d’envie. […] Grâce à ce disciple, digne adorateur de ce maître, ce dithyrambe de l’amour et du souvenir sera bientôt rajeuni dans la langue d’André Chénier. […] Le ciel qui nous l’enlève semble nous envier la possession d’un trésor dont nous n’étions pas dignes.

265. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Cette théorie, plus digne selon nous du nom de démence que du nom de science, n’a qu’un nom qui puisse la caractériser, c’est l’athéisme de la loi, ou plutôt c’est le suicide des gouvernements et par conséquent le suicide de l’homme social. […] Une précoce gravité cependant ajouta ainsi à sa jeunesse l’habitude calme et digne de la physionomie de l’âge mûr. […] » Il visita surtout les philosophes les plus renommés par leur doctrine dans toutes les villes de l’empire, et se fit humblement leur disciple afin de se rendre plus digne d’enseigner à son tour. […] Il conserva son modique patrimoine, gage de son indépendance et héritage de son fils ; il vivait selon la condition à la fois digne et modeste dans laquelle il était né ; il refusa le don qu’on voulait lui faire de villes ou de provinces en propriété. […] Ces temps de désordre et de corruption ne sont pas dignes de nous comprendre ! 

266. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVe entretien » pp. 317-396

Bien loin donc de me croiser les bras dans une oisiveté digne ou indigne, l’ otium cum dignitate (c’est le travail, selon moi, qui est la vraie dignité), je vais, pendant toutes les années saines que Dieu me laisse, redoubler d’étude et de zèle pour continuer en l’améliorant l’œuvre de ce Cours familier de Littérature, œuvre que j’ai entreprise avec votre appui. […] Le profond respect que les Chinois conservent pour la mémoire de leur sage par excellence, et pour tout ce qui peut contribuer à leur en rappeler le souvenir, leur fait regarder ce tronc aride comme un monument digne de toute leur attention. […] En offrant le sacrifice, je priai le Ciel que, si celui dont j’avais écrit le nom avait toutes les qualités requises pour bien régner, il daignât le conserver et le protéger ; que si, au contraire, il n’était pas digne du trône, faute d’avoir ces qualités, d’abréger le cours de sa vie, afin qu’il ne préjudiciât pas à l’empire et que je pusse moi-même me nommer un successeur qui fût véritablement digne de régner. […] Quand elle eut reçu cette grâce, au lieu de redoubler d’attentions et de ne rien oublier pour me persuader de plus en plus qu’elle en était digne, elle n’eut plus que de l’orgueil. […] Ce que dit à ce sujet le lettré porte avec soi sa réfutation, ne mérite aucune réponse et n’est digne que de mépris.

267. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

S’ils le font de bonne foi, et non par peur du mot de Voltaire que « qui ne se plaît pas à Regnard n’est pas digne d’admirer Molière », c’est moi qui ai tort. […] Soit ; je ne suis pas digne d’admirer Molière. […] C’est un trait de génie d’avoir entouré Turcaret de fripons ; la compagnie est digne de l’homme. […] Lisette surtout, quand je la vois aux trousses du Méchant, me rappelle Dorine aux trousses de Tartufe ; par le bon sens, la riposte leste, le mot vif et heureux, elle en est par moments la digne fille. […] Il était digne d’y être admis.

268. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

L’abbé de Montesquiou, étant venu faire part d’un arrêté au nom de l’ordre du clergé, prononce un discours et loue le secrétaire de l’Assemblée, c’est-à-dire Bailly, comme l’ami des pauvres et l’écrivain des hôpitaux : J’ai promis, s’écrie Bailly, que mon âme serait ici toute nue, et en conséquence je dirai que cette justice qui me fut rendue inopinément au milieu de mes collègues, dans une si digne assemblée et par un autre ordre que le mien, me causa une vive et sensible émotion. […] Joie naïve d’un président d’ailleurs digne et énergique ! […] Bailly prévôt des marchands, ou plutôt maire de Paris ; et le digne homme, toujours modeste, mais toujours cédant et s’abîmant en reconnaissance, ne sait qu’accepter avec sanglots : Je ne sais pas si j’ai pleuré, dit-il, je ne sais pas ce que j’ai dit ; mais je me rappelle bien que je n’ai jamais été si étonné, si confondu, et si au-dessous de moi-même.

269. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Mme de Montespan y vint passer l’après dîner et joua avec le roi. » La retraite et la chute de Mme de Montespan était donc imposante encore, et digne, sinon menaçante. […] » Louis XIV remarquait là une chose assez piquante : il eût été digne de son esprit judicieux (s’il eût été plus étendu) de se dire que Schomberg était avant tout un réformé, le soldat européen de sa cause religieuse et politique, et que c’était lui seulement, Louis XIV, qui vers la fin, et quand le vieux soldat s’était cru Français, l’avait trop fait ressouvenir de cette patrie antérieure. […] Qu’il me soit donc permis, Seigneur, de finir ici en le félicitant de votre protection divine, et en lui disant à lui-même ce qu’un de vos prophètes dit à un prince bien moins digne d’un tel souhait : « Rex, in aeternum vive ! 

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