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1331. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

les trésors ne leur suffisaient pas ; ils avaient l’audace de s’indigner s’ils ne partageaient point la considération attachée à la dignité, croyant voiler ainsi leur servitude… L’empereur chassa du palais ces animaux dévorants, ces monstres à cent têtes, et voulut qu’ils regardassent comme une grâce la vie qu’il leur laissait. » Il était difficile, sans doute, de mieux peindre la corruption profonde de la cour de Byzance, cette chaîne de brigandage et d’oppression, et l’abus du crédit, dans une classe d’hommes qui, voués par état à des emplois obscurs, mais approchant du prince, ou paraissant en approcher, imprimaient de loin l’épouvante, parce qu’ils habitaient le lieu où réside le pouvoir.

1332. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Cette scène entre César et Catilina, que l’on prétend avoir été si difficile à faire, ne vaut pas la peine qu’elle a coûtée ; c’est une scène de rhéteur, dans laquelle Catilina et César parlent comme ils n’ont jamais parlé, et ne disent pas ce qu’ils doivent dire : leur entrevue même, dans le moment où on la suppose, est une invraisemblance. […] Il résulte de tout ce récit que le personnage est extrêmement difficile, parce qu’il est équivoque et faux, et parce que l’auteur lui-même savait mieux ce qu’il avait voulu faire que ce qu’il avait fait. […] Il eût été difficile de mal faire une pareille scène : Voltaire, il est vrai, l’a traitée avec une grande supériorité ; il avait l’espèce de talent qui convient à ces antithèses de caractères. […] Il leur serait difficile de nier cette haine après l’aveu naïf que Voltaire en a fait en mille endroits de sa correspondance, et spécialement dans cette petite anecdote qu’il raconte joyeusement. […] L’expérience a prouvé le contraire : les mœurs des chevaliers sont intéressantes ; mais il faut les adapter à un sujet, les faire entrer dans une action ; ce qui est très difficile, quand on ne veut pas se jeter dans les aventures romanesques.

1333. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

On aime encore les lettres, on croit difficile de s’en passer ; mais le charme qu’elles exercent ressemble à tous ceux qu’on se reproche, auxquels on cède à regret et sans rien conclure en l’honneur de l’objet aimé. […] Il est aussi difficile de se déshabituer, à point nommé, du mauvais que l’on a sciemment pratiqué dans sa littérature en attendant le génie, que du vice que l’on a laissé germer dans son âme en attendant la vertu. […] Je me disais, en le lisant, qu’il était difficile d’être plus Français que le sujet choisi par son double patriotisme : son style, ses pensées, l’âme qui respire dans son livre, ne m’ont pas fait changer d’avis. […] Richelieu et Mazarin ont marqué et sauvé le difficile passage entre la monarchie féodale et cette monarchie absolue, destinée, hélas ! […] Cette entreprise si difficile et si périlleuse réussit à

1334. (1881) Le roman expérimental

J’avoue que je n’ai pas poussé mon étude jusque-là, l’enquête est difficile et demanderait beaucoup de temps. […] C’est un enfantillage que de se plaindre du difficile accès des éditeurs. […] Je ne veux nommer ici aucun romancier vivant, ce qui rend ma démonstration assez difficile. […] C’est ce qu’il serait très difficile de dire. […] Il est difficile de spécifier ce qui est banal.

1335. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Mais ce n’était plus cette voie droite ou royale ; c’était un chemin difficile et oblique ; et tandis qu’elles le gravissaient lentement et péniblement, la conception de la vie substituée par le jansénisme à celle du cartésianisme occupait le devant de la scène. […] On a dit de lui qu’il était une réponse vivante aux Provinciales, et on a eu raison, car il est difficile d’enseigner une morale plus sévère que la sienne, plus pure, plus étrangère à ces compromissions que Pascal avait éloquemment reprochées aux jésuites. […] La philosophie de Molière Il est difficile, je le sais, de se faire entendre, et j’admets volontiers que quiconque n’y réussit point, c’est sa faute. […] La philosophie de la nature Il ne semble pas qu’il ait pris aucun souci de la dissimuler, ni, par suite, qu’elle soit bien difficile à reconnaître ou à nommer. […] Dans sa situation difficile de jeune femme d’un vieux mari, comme de belle-mère d’une grande fille et d’un grand garçon, pour ne donner aucune prise à la médisance, et pour demeurer foncièrement honnête, Elmire n’a en qu’à suivre sa nature, et pas le moindre besoin de la corriger, de la vaincre, ou d’essayer seulement de la perfectionner.

1336. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Heureuse légèreté qu’il est si difficile d’acquérir et si aisé de perdre ! […] Les idées compteraient pour bien peu dans l’histoire, la civilisation serait achetée trop cher au prix qu’elle coûte, si nous devenions plus éclairés, sans devenir plus délicats dans nos sentiments et plus difficiles sur nos jouissances. […] Croit-on qu’il nous fût si difficile de retrouver dans le Gendre de M.  […] En beau jouteur, il recherche les occasions les plus difficiles de faire éclater son adresse. […] Mais comme la juste mesure, en de telles occurrences, est difficile à garder, il n’y a guère pour un gouvernement, quel qu’il soit, république ou monarchie, de tentation plus périlleuse que celle de venger, étant roi, les injures du duc d’Orléans.

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