Maintenant, à y regarder de près, on découvre des différences autrement profondes. […] Kraepelin, qui a insisté sur cette première différence, en signale encore une autre 32. […] Entre la perception et le souvenir il y aurait une différence d’intensité ou de degré, mais non pas de nature. […] S’il n’y a entre le souvenir de la sensation et la sensation elle-même qu’une différence de degré, la sensation deviendra souvenir avant de s’éteindre. […] Si donc les deux images sont les mêmes, elles ne Bc présentent pas dans le même cadre, et le vague sentiment de la différence des cadres entoure, comme une frange, la conscience que je prends de l’identité des images et me permet à tout instant de les distinguer.
Quoi qu’il en soit, la différence de caractère des langues ne permet presque jamais les traductions littérales, délivre le traducteur de l’espèce d’écueil dont nous venons de parler, de la nécessité où il se trouverait quelquefois de sacrifier l’agrément à la précision, ou la précision à l’agrément. […] La différence seule d’harmonie dans les deux langues, oppose une difficulté insurmontable aux traductions en vers. […] mais la différence d’harmonie est encore le moindre obstacle.
Dès le dix-septième siècle, Pascal disait ne pas faire de différence entre le métier de poète et celui de « brodeur ». […] On sait que, dans les langues antiques, il existait entre les syllabes brèves et les syllabes longues une différence de durée assez régulière pour que la longue fût considérée comme valant toujours deux brèves : c’est sur cette différence de durée parfaitement calculable que fut fondé le vers antique. […] L’identité de la consonne d’appui ne peut racheter la différence des voyelles. […] La rime, nous l’avons vu, accentue encore cette différence. […] Ici les différences d’orthographe correspondent à des distinctions de classification auxquelles l’esprit tient à bon droit : la différence fondamentale du nombre et du genre doit donc être respectée dans la rime, précisément parce que la rime cherche à produire sur l’esprit l’impression du semblable.
À ce moment il était plutôt gêné par les similitudes et tâchait de s’en débarrasser en les traitant comme des minima de différence. […] Et sans doute, au fond, la différence des deux cas fut moindre qu’elle ne le paraît d’abord. […] Quoique cette différence n’ait rien d’absolu et permette les transitions, elle n’est pas moins réelle. […] Il ne serait guère utile d’insister sur les différences qui distinguent le cas de Berlioz du cas de M. […] Qu’on relise le récit de Poë et celui de M. de Curel on sera frappé par des différences considérables.
C’est pourquoi il ne faut point voir dans la tentative d’André Chénier une renaissance gréco-latine ; c’est véritablement une renaissance française, conséquence des xvie et xviie siècles, avec cette différence que le xvie siècle avait vu la Grèce à travers l’afféterie italienne ; le xviie , à travers le faste de Louis xiv ; tandis qu’André Chénier a, dans l’âme de sa mère, respiré la Grèce tout entière ; il parle la même langue que Racine, mais trempée d’une grâce byzantine, attique même, naturelle et innée, et dans laquelle se fondent heureusement l’ingéniosité grecque et la franchise gauloise. » Certes, André Chénier n’a pas réussi partout ; plus d’une pièce de lui trahit des inexpériences sensibles ; il y a des différences d’âge entre ses poésies ; mais celles de sa dernière manière, les élégies lyriques à Fanny, à la Jeune Captive, l’ode à Charlotte Corday, les Iambes, ne laissent rien à désirer.
Il y a cependant des différences à observer. […] Il convenait, ce me semble, que La Fontaine exprimât cette différence et donnât deux moralités diverses.