C’est donc une étude d’ethnographie et une étude d’histoire nationale qu’un livre sur les destinées de Shakspeare en France. […] Jusserand suit les destinées de Shakspeare en France depuis 1616 jusqu’en 1810. […] On ne dissimula pas à Corneille que sa pièce était destinée à un échec. […] Je suis épouvantée de ce revirement inattendu des destinées. […] Ce sont des plaidoyers brillants ou des considérations éloquentes et un peu déclamatoires sur leurs destinées qu’échangent ses personnages.
Et la musique des cheveux blancs fut, paraît-il, plus belle encore que celle des cheveux blonds. « … Depuis ce jour, nous importunions souvent notre tante pour qu’elle laissât dépouiller par nos mains son beau front… » Et il ajoute que la destinée idéale pour un poète, ce serait de faire, dans sa jeunesse, des vers qui rendraient le même son que les cheveux de sa sœur et, dans ses dernières années, des vers qui chanteraient comme les cheveux de sa tante… Ah ! […] (Voir la Préface et les Destinées de la poésie.) […] Ainsi se réduit, dans la destinée de Lamartine, la part du « surnaturel ». […] mon Dieu, tout cela est très bien, et la plupart des hommes ne rêvent point une autre destinée. […] Et la suite, qui est l’histoire des douleurs, mais aussi de la charité grandissante et, finalement, de la sainteté de Jocelyn, prouve bien que le vieil évêque avait raison et qu’il fut, dans sa violence inspirée, bon aiguilleur de cette destinée hésitante.
Que si vous demandez aux poétiques la raison de ces erreurs ou de ces lacunes du drame, les poétiques vous répondent que le public a besoin de grands hommes et qu’à tout prix il lui en faut ; que le seul spectacle salutaire à offrir aux masses, c’est celui de ces gestes extraordinaires et de ces éclatantes destinées ; et qu’en fin de compte, ce n’est pas faire œuvre d’art que mettre l’homme, tel qu’il est, face à face avec lui-même, et le claquemurer dans la prison de ses infirmités et de ses misères. […] De ces pauvres petits, nés avec une complexion délicate, la plupart sont morts avant l’expiration des mois de nourrice — malgré tous les soins des éditeurs ; — quelques-uns, moins chétifs et mieux avisés, ont survécu à l’époque du sevrage, et ont pris bravement leur parti de la destinée. […] Pas plus que l’auteur des Insomnies, que je soupçonne de n’être plus jeune, celui des Châtaigniers, paysannerie en vers, ne me semble destiné à opérer un rajeunissement dans notre littérature travaillée par la goutte et l’hydropisie […] — Dans ce Noukahiva du drame où l’a déportée sa destinée, elle rêve du paradis où fleurissent les citronniers et le wergissmeinnicht immortels. — Mimi est une sœur de Mignon, ou plutôt la Mignon de Goethe n’était qu’un pressentiment de mademoiselle Thuillier. […] C’est généralement l’inévitable destinée de ces héros de l’improvisation et de l’aventure, de disparaître avant le temps et de se sentir manger vifs en pleine jeunesse de l’âge, en pleine fleur du talent.
La barrière destinée à fermer la cage de l’ascenseur était justement ouverte. […] Il ne se représente certainement pas qu’il est destine a mourir, qu’il mourra de mort naturelle si ce n’est pas de mort violente. […] La première était destinée à écarter des dangers que l’intelligence pouvait faire courir à l’homme ; elle était infra-intellectuelle. […] Mais supposons que sur un point particulier, employée à un certain objet, cette fonction soit indispensable à l’existence des individus comme à celle des sociétés : nous concevrons sans peine que, destinée à ce travail, pour lequel elle est nécessaire, on l’utilise ensuite, puisqu’elle reste présente, pour de simples jeux. […] Quant au sacrifice, c’est sans doute, d’abord, une offrande destinée à acheter la faveur du dieu ou à détourner sa colère.
« Elle subit la destinée des ondes de Leucade », dit, dans sa quinzième Héroïde, Ovide qui, comme tant d’autres, identifie la courtisane amoureuse avec son homonyme, la poétesse. […] Cependant, il faut subir la destinée. […] L’espoir qui me remet du jour au lendemain, Essaie à gagner temps sur ma peine obstinée, Et, me venant promettre une autre destinée, Me fait monter plus haut qu’un empereur romain. […] il n’était pas si paresseux pour accomplir sa destinée, c’est-à-dire à suivre les Muses immortelles. […] Enfin, à propos du Marchand de Venise, ce n’est pas la méthode de Vigny qu’il faut accuser, c’est la faiblesse accidentelle du grand poète des Destinées.
— Plusieurs couples ont été séparés par une bousculade, qui sont destinés à ne plus se rejoindre. — Plus d’un cavalier, entré avec une robe rose au bras, s’en est allé avec une robe bleue, — sans trop savoir comment la métamorphose s’était opérée. — Enfin, pendant la semaine qui a suivi cette belle fête, il y a eu nombre de mutations, non préméditées, dans les ménages clandestins, et les employés à l’état civil de Cythère ont eu, sans doute, une rude besogne. […] Dès qu’il a constaté son existence par une première publication, il utilise ce précédent pour se faire comprendre parmi les collaborateurs des feuilles éphémères destinées à mourir du CROUP littéraire à l’âge de deux ou trois numéros. […] Scribe et ses écoliers, quelques fervents, toujours en quête de l’inconnu, découvrirent dans cette enfant celle qui allait être la grande muse tragique de l’époque. — Une destinée favorable ne permit point cependant que ce début prît les proportions d’un événement […] Mademoiselle Rachel ne fut pas seulement une grande artiste dont le nom est destiné à se perpétuer au théâtre : — en dehors de la scène, elle était encore une des plus illustres personnalités de son époque. — Dépouillée du prestige dramatique, elle retrouvait dans le monde une autre souveraineté, qui était reconnue par tous ceux qui eurent l’honneur de l’approcher. […] Les plus grandes dames d’aujourd’hui auraient pu consulter mademoiselle Rachel sur la manière de s’envelopper dans un châle. — Elle possédait, avec la merveilleuse intuition que donne l’art, le sens intime des grandes élégances de l’attitude et du vêtement. — Dans le moulage qui aurait reproduit les plis formés par son cachemire, un statuaire aurait pu, sans commettre d’anachronisme, couler la tunique destinée à revêtir les lignes harmonieuses d’une figure antique.