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1623. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Que ce soit bien là l’une des origines de la critique moderne, on n’en saurait douter, quand on a bien saisi, dans le livre de Burckhardt, le rapport qui lie ces trois termes entre eux : Esprit critique, Désir de gloire et Réveil ou Développement de la personnalité. […] Entraîné par le désir de plaire, et par la facilité surtout qu’il y trouvait de transformer les admirateurs des anciens en pédants, Perrault a trop abondé dans ce sens ; et à cet égard encore, tout en reconnaissant qu’il n’a pas eu complètement tort — ou même en le louant du service qu’il a rendu, qui est d’avoir élargi le public, — on ne saurait omettre de dire qu’il n’a pas eu complètement raison, et de le faire voir. […] Surtout, ils n’ont pas pris eux-mêmes, ou paru prendre, ni traité la vie plus sérieusement qu’on ne faisait autour d’eux ; ou du moins, quand ils l’ont fait, c’est que leur génie était plus fort en eux que le désir de plaire ; et voilà pourquoi nous regrettons qu’en provoquant les mondains à s’ériger en juges de l’art, Perrault et les Modernes, faisant ainsi du plaisir ou de la volupté de l’esprit l’objet de la littérature, l’aient comme nécessairement orientée du côté de la mode ou de la frivolité. […] L’œuvre et l’homme, dans ses leçons, ne sont pas encore assez mêlés l’un à l’autre, et le choix des particularités n’y semble pas tant procéder du besoin de connaître que du désir de plaire. […] Ma curiosité, mon désir de tout voir, de tout regarder de près, mon extrême plaisir à trouver le vrai relatif de chaque chose et de chaque organisation, m’entraînaient à cette série d’expériences, qui n’ont été pour moi qu’un long cours de physiologie morale.

1624. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Il l’est, non par souci de limiter l’autorité souveraine, mais par désir de la fonder sur l’ignorance populaire ; et non par désir de hiérarchiser la nation, mais par passion de maintenir une énorme distance entre le peuple et les hautes classes : « Je crois que nous ne nous entendons pas sur l’article du peuple, que vous croyez digne d’être instruit. […] Ils proscriront l’argent, dont l’effet est de grossir la fortune des hommes au-delà des bornes que la nature y avait mises, d’apprendre à conserver inutilement ce qu’on avait amassé, de même de multiplier à l’infini les désirs et de suppléer à la nature, qui nous avait donné des moyens très bornés, d’irriter nos passions et de nous corrompre les uns les autres. […] Ô vous… qui pouvez laisser au milieu des villes vos funestes acquisitions, vos esprits inquiets, vos cœurs corrompus et vos désirs effrénés, reprenez, puisqu’il dépend de vous, votre antique et première innocence ; allez dans les bois perdre la vue et la mémoire des crimes de vos contemporains, et ne craignez point d’avilir votre espèce en renonçant à ses lumières pour renoncer à ses vices.

1625. (1881) Le naturalisme au théatre

Mon seul désir est d’étudier dans quelles conditions fâcheuses la critique se trouve exercée, par suite des infirmités humaines et des fatalités du milieu où se meuvent les juges dramatiques. […] Je suis persuadé qu’une bonne partie du public anglais a été attirée par le désir de se rendre enfin compte d’un théâtre qu’il ne comprend pas. […] Si l’on a le seul désir de réussir au théâtre, d’étudier ce qui plaît au public et de lui servir le plat qu’il aime et auquel il est habitué, sans doute il faut se conformer à la formule actuelle.

1626. (1895) Les confessions littéraires : le vers libre et les poètes. Figaro pp. 101-162

et mon plus ardent désir est que les poètes nouveaux nous apportent en effet du nouveau. […] J’avais toujours eu le désir profond de l’inaugurer.

1627. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Paroles de Bonnet J’étais à Genève en 1787 ; j’eus le désir de voir l’illustre Bonnet, disciple de Locke, précurseur de Condillac, auteur de l’Essai analytique des Facultés de l’Âme et des Observations sur les Corps organisés. […] Sous l’empire d’une religion qui commande au désir tant de sacrifices, il doit y avoir plus de luttes entre le devoir et les passions. […] Il faut plaindre les anciens qui n’avaient trouvé dans l’Océan que le palais de Neptune et la grotte de Protée ; il était dur de ne voir que les aventures des Tritons et des Néréides dans cette immensité des mers, qui nous donne une mesure confuse de la grandeur de notre âme, et un vague désir de quitter la vie pour embrasser la nature et nous confondre avec son auteur. » Je crois qu’en répandant sur ce chapitre l’éclat des plus vives images, l’auteur a confondu quelques objets qu’il faut distinguer.

1628. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

En parcourant avec un inexprimable intérêt ces feuilles nombreuses réunies par la piété domestique, il nous est venu le désir qu’un volume encore d’extraits, un volume plus littéraire que les Conseils de Morale, et conservant sans façon le cachet primitif, pût s’y ajouter et mettre en lumière, ou du moins sauver d’un entier oubli, tant de jugements une fois portés avec rectitude et finesse, plus d’un trait précis qu’on devra moins bien redire en parlant des mêmes choses, et plus d’un qu’on ne redira pas.

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