/ 2187
300. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

« Si j’avais reçu vos lettres, écrit Rousseau à Mme de La Tour, je n’en aurais point nié la réception. » Sentez-vous le défaut ? […] Je dis les défauts, mais il ne faut pas trop y insister d’abord, et il convient de ne pas perdre le fil du petit roman qui est noué à peine. […] Rousseau lui-même, quoique ce soit là une beauté dans son genre et taillée sur le patron de son idéal, sent bien le défaut. […] Chateaubriand, dans un jugement final, insistant sur le défaut essentiel du caractère, a dit de lui : Qu’un auteur devienne insensé par les vertiges de l’amour-propre ; que toujours en présence de lui-même, ne se perdant jamais de vue, sa vanité finisse par faire une plaie incurable à son cerveau, c’est de toutes les causes de folie celle que je comprends le moins, et à laquelle je puis le moins compatir.

301. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Ce défaut de Montesquieu est infiniment honorable, mais n’en est pas moins très réel. […] M. d’Argenson ne se trompait pas dans un sens, mais il se trompait dans un autre : le livre de Montesquieu, avec tous ses défauts, allait déjouer les craintes et surpasser les espérances de ses amis mêmes. […] J’ai dit le défaut radical que je crois à la politique de Montesquieu : il met la moyenne de l’humanité, considérée dans ses données naturelles, un peu plus haut qu’elle n’est. […] On citera de Montesquieu, sans doute, tel chapitre où il avertit le législateur en France qu’il ne faut pas tout corriger, et combien il faut être attentif à ne point changer l’esprit général d’une nation16 ; il rapproche les Français des Athéniens, et fait entendre qu’avec les qualités et les défauts, ils doivent rester ce qu’ils sont.

302. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Hors de là, il est tout à fait guéri de son défaut national, et il ne prend pas le nôtre. […] Il lui donne les jugements les plus sûrs et les meilleures directions à l’égard de tous ceux qui l’entourent ; il l’avertit de ses défauts à elle : « Ne précipitez rien, je vous en conjure ! c’est un de vos vieux défauts d’aller toujours trop vite. […] La volumineuse collection de ses feuilles, malgré les défauts et les bigarrures, malgré les morceaux de différentes mains qui y sont entrés, fait un corps d’ouvrage et mérite d’être inscrite au nom de Grimm.

303. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

Un tel art aurait au plus haut point le défaut inhérent à tous les arts, qui est de se montrer infiniment plus étroit que la nature. […] Enfin ces principes expliquent mieux qu’aucun commentaire les défauts de Salammbô, qui, comme on l’a dit, est une sorte d’opéra en prose. […] Un des défauts caractéristiques auxquels se laisse bientôt aller celui qui vit trop exclusivement pour l’art, c’est de ne plus voir et sentir avec force dans la vie que ce qui lui paraît le plus facile à représenter par l’art, ce qui peut immédiatement se transposer dans le domaine de la fiction. […] Ainsi s’explique la vogue de certains personnages et de certains romans qui, après avoir paru de purs chefs-d’œuvre aux contemporains, — dont ils représentaient, en les outrant peutêtre, les tendances, qualités ou défauts, — semblent par la suite froids, faux même et dépourvus de vie.

304. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « APPENDICE. — M. DE VIGNY, page 67. » pp. -542

Mais ces défauts relèvent d’un autre plus général : M. de Vigny est resté au point de vue actuel, et n’a écrit qu’avec des souvenirs. […] Sachons gré pourtant à M. de Vigny, même de ce dont nous l’accusons ; plus d’une fois il a été véritablement poète, quoique peut-être hors de propos, et ce défaut-là n’est pas si commun aujourd’hui qu’il faille tant s’en irriter.

305. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre II. Des Orateurs. — Les Pères de l’Église. »

Il est fleuri, doux, abondant, et à quelques défauts près qui tiennent à son siècle, ses ouvrages offrent une lecture aussi agréable qu’instructive ; pour s’en convaincre, il suffit de parcourir le Traité de la Virginité 184 et l’Éloge des Patriarches. […] Mais saint Cyprien imite presque partout Tertullien, en affaiblissant également les défauts et les beautés de son modèle .

/ 2187