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1758. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Le malheur, c’est que ces religions inédites ressemblaient singulièrement à l’ancienne et ne pouvaient pas ne point lui ressembler beaucoup ; et c’est pourquoi, pour les traditionistes ayant le tort d’être nouvelles et pour les curieux de choses vraiment nouvelles ayant le ridicule d’être des vieilleries dissimulées, elles n’ont eu de succès auprès de personne. […] La destinée curieuse de ce philosophe consiste en ceci qu’on a oublié son système pour ne se souvenir que de sa méthode et qu’on a pris sa méthode pour son système. […] On reconnaît là, chose curieuse, l’esprit genevois de 1550 conservé aussi pur que si l’on était encore en 1550. […] Je serais assez curieux de savoir ce qu’elle pourrait être. […] On pourrait même dire : « un peu plus » ; car la moitié des professeurs de l’Université cléricalisant la jeunesse, les cléricalisera avec plus d’autorité que des professeurs libres, parce qu’ils auront comme l’estampille et l’apostille de l’État et feront comme partie du gouvernement ; et l’on aura ce spectacle curieux d’un gouvernement « affranchissant » et « libéralisant » la France par une moitié de ses professeurs et la christianisant et cléricalisant par l’autre moitié.

1759. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Mais l’ensemble de son œuvre apparaît comme la curieuse traduction de ce que jouissaient et souffraient communément, dans la fiévreuse vie de Paris, les hommes de la génération précédente. […] Mais, tandis que la plupart de nous, en sérieux démocrates, se détournent, avec un haussement d’épaules, devant le seuil de ce théâtre aux portes verrouillées, quelques-uns, curieux encore des altiers désirs interdits, appliquent leurs oreilles aux fentes des murs. […] Et j’imagine que, entre ces livres, les curieux d’un art délicat et unique aimeront les Moralités légendaires, comme aussi les Derniers Poèmes de mon cher Laforgue. […] Je crois vraiment que ces phénomènes surnaturels, dont tout le monde aujourd’hui se montre si curieux, n’auront, en fin de compte, qu’un seul résultat pratique : ils nous feront voir combien nous avons été imprudents de perdre si vite notre foi dans les doctrines religieuses.

1760. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Les yeux, les oreilles, tous les sens curieux, exaltés, ont leur contentement dans le cliquetis des syllabes, dans le chatoiement des beaux mots colorés, dans le choc inattendu des images drolatiques ou familières, dans le roulement majestueux des périodes équilibrées. […] Au milieu du jardin était une fontaine — de la plus riche substance qu’il puisse y avoir sur la terre,  — si pure et si transparente, que l’on eût pu voir — le flot d’argent courant dans chacun de ses canaux. —  Très-splendidement elle était décorée — de curieux dessins et de figures d’enfants nus,  — dont les uns semblaient, avec une gaieté rieuse,  — voler çà et là et s’ébattre en jeux folâtres,  — pendant que les autres se baignaient dans l’eau délicieuse. […] Il a les yeux tournés non vers le ciel, mais vers la terre, non vers les choses « abstraites et vides », mais vers les choses palpables et solides, non vers les vérités curieuses, mais vers les vérités profitables.

1761. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Il nous en parla comme à des gens qui, pour en être très curieux, n’y étaient guère préparés. […] Accoutumés, durant toute leur vie active, à lire pour acquérir et pour retenir, quand leur mémoire, comme un vase fêlé, laisse échapper ce qu’ils y versent, comment seraient-ils curieux d’apprendre ce qu’ils sont certains d’oublier ? […] P*** qui continua de garder le secret, et comme il n’avait que d’honnêtes raisons pour se taire, je me tus moi-même, ne voulant pas à la fin lui paraître plus curieux que reconnaissant.

1762. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Il y a là un phénomène d’échange fort suggestif et aussi, pour le moins, une coïncidence curieuse. […] Mockel, écrit son distingué commentateur88, par sa thèse de l’aspiration poursuivie à travers les transformations d’une âme en perpétuel devenir, nous aura permis de noter un des plus curieux états d’esprit poétique manifesté à la fin du xixe  siècle et qui pourrait se formuler ainsi : le lyrisme symboliste est un lyrisme d’intuition ou d’immanence qui, au moyen de rythmes associés, s’efforce de mouler aussi étroitement que possible l’inspiration subjective du poète sur les manifestations extérieures de la réalité mouvante ; autrement dit : de conjuguer dans le même transport la vie, qui est mobilité, continu, etc., avec l’expression de cette vie dans une conscience individuelle. […] Maurice Wilmotte les domine tous par sa belle intelligence, curieuse, agile et fine, la sagacité de son esprit, l’opulence de son érudition.

1763. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

Il est curieux de voir une sécrétion sous l’influence d’un nerf moteur, mais nous vous montrerons que dans la cinquième paire, il y a d’autres portions qui n’influencent pas du tout la parotide, mais qui agissent sur d’autres glandes ; ainsi le nerf lingual détermine, quand on l’excite, une sécrétion très active dans la sous-maxillaire, mais non dans la parotide. […] Une autre expérience curieuse est la suivante : en injectant dans une glande salivaire une petite quantité (4 ou 5 centimètres cubes pour ne pas infiltrer la glande) de prussiate de potasse, on vit qu’au bout de quelques minutes cette substance avait été absorbée, puisqu’elle était parvenue dans les urines. […] Dernièrement deux observateurs ont fait sur un veau une expérience curieuse sous ce rapport.

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