Le superficiel, c’est la critique des mœurs. […] Il dit son mot sur les affaires actuelles, sur le système de Law, dont il fait la critique. […] D’abord la critique y est insuffisante. […] C’est un livre presque impossible à dominer, et qui invite le critique à se perdre dans le détail à la suite de l’auteur. […] Brunetière, Études critiques, 4e série.
En ce sens, les Vingt-huit-Jours de Chocolat, figurés au Nouveau-Cirque, valurent mes applaudissements : c’était du Chivot moins Chivot (il y avait donc un progrès), et aussi moins les “effets” de vos comédiens qui me crispent à en pleurer ; leur inintelligence normale est mise en valeur par l’hypertrophie de leur vanité ; et je ne vois d’égal à leur cabotinage que celui des critiques, qui tous ont le front de nous entretenir chaque lundi des “artistes”, comme si nous ne savions pas d’avance qu’ils approuvent la distinction de Mlle Bartet et la rondeur de M. […] Le sage classement qu’un critique proposait, un jour, pour les artistes de lettres, va nous suggérer une solution. […] Lefranc, la critique. […] Nous allons à ce résultat fatal avec une si étonnante vitesse, que je ne conçois pas qu’elle échappe au critique officiel de l’ancien théâtre : il laissait une fois couler ces plaintes d’une touchante mélancolie : « Je me dis quelquefois : quel malheur que les critiques de théâtre ne vivent pas comme les corbeaux deux ou trois siècles… Encore un peu plus outre, comme dit Corneille, et notre heure sera venue. […] Mais la ruine du théâtre ne hâtera pas celle de la critique, elle a ses rez-de-chaussée à bail, on ne l’en expropriera point.
Grimm en fut charmé, et, bien qu’amoureux, il ne l’était pas assez pour que son sens critique en fût troublé : « En vérité, disait-il de cet ouvrage, il est charmant. […] Il est assis devant moi, il tisonne, il rit ; il dit que je me moque de lui, et que j’ai l’air de faire sa critique. […] Il y eut un moment critique dans la vie de la pauvre Mme d’Épinay, et où sa réputation eut à subir un terrible assaut. […] Comme écrivain, c’est un des critiques les plus distingués, les plus fermes à la fois et les plus fins qu’ait produits la littérature française. […] » Voilà le critique qui se retrouve avec tous ses avantages jusque dans l’amant.
Avant de tirer une réflexion de ses lectures, il faudrait se demander si les historiens disent vrai ; il y a une critique à faire sur les textes et sur les traditions à demi fabuleuses : Montesquieu ne la fait pas. […] Cette critique est fondamentale et porte, selon moi, sur tout L’Esprit des lois. […] » — On rapporte du cardinal Alberoni une critique de Montesquieu qui est dans ce sens : Il y a de la témérité, disait cet ancien Premier ministre, à chercher les causes de la grandeur et de la décadence des Romains dans la Constitution de leur État. […] Il y a autant d’esprit que de connaissances pratiques. » Ce dernier point est devenu douteux pour nous : « Il n’y a aucun livre, a dit au contraire un critique anglais moderne, qu’on puisse citer comme ayant autant fait pour la race humaine dans le temps où il parut, et duquel un lecteur de nos jours puisse tirer si peu d’idées positives applicables. » Mais c’est là la destinée de presque tout ouvrage qui a fait marcher l’esprit humain. […] On peut se faire quelque idée de la conversation de Montesquieu : dans une Défense qu’il daigna faire de L’Esprit des lois et où il répondait à la gazette janséniste (car il était des plus sensibles à la critique), il y a, vers la fin, une page très animée, qui nous représente assez bien, au dire de d’Alembert, ce qu’il était en causant.
Sa philosophie, à lui, restait toute pratique, non critique, non ironique, nullement pessimiste, mais toute en vue de l’usage qu’on peut faire, du parti qu’on peut tirer de ce merveilleux instrument qui s’appelle l’homme, dans une société, dans une nation. […] Napoléon avait achevé, ou à peu près, de dicter à bâtons rompus ce qui concernait son histoire, celle de ses campagnes, lorsqu’en 1819, des livres qui traitaient des grands capitaines de tous les temps tombèrent sous sa main, et il s’en saisit avec avidité ; il eut, à l’instant, l’idée de devenir historien et critique des autres. […] Quand on est lettré soi-même, on sourit involontairement d’abord de voir la critique de Napoléon s’appliquer à l’examen de chacune de ces campagnes fameuses dans l’histoire comme on procéderait au jugement d’une œuvre d’esprit, d’une épopée, d’une tragédie : mais n’est-ce pas une œuvre de génie également ? Il est le grand et souverain critique, le Goethe dans cette branche comme les Feuquières, les Jomini, les Saint-Cyr sont des La Harpe ou des Fontanes, des Lessing ou des Schlegel, tous bons et habiles critiques ; mais lui, il est le premier de tous, et pour peu qu’on y réfléchisse, il n’en pouvait être autrement. […] Elle n’a pas même besoin de se défendre à une première lecture, et ce n’est qu’à la réflexion et après avoir profité de tout ce qu’on lui doit de net et d’utile, qu’on lui peut faire et qu’on lui fait quelques critiques.
La critique et les règles. […] Cette tendance fut enrayée pour un temps par la critique. […] Érudit universel à la mode du xvie siècle, homme du monde à celle du xviie , ayant le goût de la politique, de l’histoire, de la philosophie, poète, ou du moins faiseur de poèmes, son vrai caractère, celui par lequel, même après la Pucelle, il conserva son autorité dans les salons et la confiance de Colbert, ce fut d’être l’« expert », le critique des œuvres littéraires. […] Les complaisances injustifiées de sa critique ont rapetissé son rôle, et l’ont fait méconnaître à ses successeurs. […] Cousin, Paris, 1824. 10 vol. in-8. — À consulter Krantz, Essai sur l’esthétique de Descartes, Paris, 1882, in-8 ; Brunetière, Études critiques, etc., t.