Il arrive au bord de quelque large fleuve ; qui ne connaîtrait ses habitudes pourrait craindre que ce ne fût là pour lui un obstacle insurmontable : point du tout, il déploie ses ailes, s’élance et glisse comme un trait au-dessus du redoutable courant. […] Une fois, je traversais la partie la plus obscure et la plus inextricable d’un bois, dans la grande forêt de pins, non loin de Maunchunk, en Pennsylvanie ; et je n’étais attentif qu’à me garantir des reptiles venimeux dont je craignais la rencontre en cet endroit, lorsque soudain les douces notes du troglodyte parvinrent à mon oreille, et produisirent en moi une émotion si délicieuse, qu’oubliant tout danger, je me lançai bravement au plus épais des broussailles, à la poursuite de l’oiseau dont le nid, je l’espérais, ne devait pas être loin. […] Mais alors son ennemi craint encore qu’il n’aille tomber dans l’eau du fleuve.
Je ne vois qu’une seule façon de tourner la difficulté ; se serait de tenter une solution approximative en faisant, parallèlement, ceux traductions : l’une littérale et littéraire, comme je l’ai indiquée, — l’autre, littérale aussi, mais qui ne se soucierait que des exigences de la musique, et qui ne craindrait pas de sacrifier à ces exigences la syntaxe, pour placer chaque fois que cela est nécessaire, et sans une seule exception, le mot sous le mot et sous la note. […] Et je crains, si je dis d’elles ce que j’en pense, que ceux de mes lecteurs qui ignorent la langue allemande ne croient que j’exagère. […] Wagner choisit les mots les plus simples, les racines de la langue, et il ne craint pas à cet effet de reprendre dans leur forme primitive les mots tombés en désuétude ou bien décolorés par une littérature molle.
Pour te parler seulement des Spartiates, ne fussent-ils que mille, ils le combattraient ; car ils ont un puissant maître, la Loi, et ils la craignent beaucoup plus que tes sujets ne te redoutent. […] Pars et rapporte à Mardonios ce que disent les citoyens d’Athènes : Tant que le soleil suivra sa route dans le ciel, nous ne traiterons pas avec Xerxès, mais nous combattrons contre lui, avec les dieux et les héros dont il a brisé les statues et brûlé les temples. » — Puis, se retournant vers Sparte, avec une fraternité magnanime, justement blessée pourtant d’avoir été soupçonnée : — « Qu’on ait craint à Lacédémone de nous voir traiter avec le Barbare, c’est dans la nature. […] Mais les Grecs ne craignaient plus rien, le succès enflait leur courage.
Sans craindre la contradiction d’ailleurs, il déclarait aussi que « la poétique est perfectible » tout en assurant quelques lignes plus loin « qu’il a lieu de penser que la technique du langage poétique est achevée » «4. […] je sais mesurer la distance du rêve à la réalisation, mais — si je ne crains d’assumer la charge qu’ainsi d’aucuns m’imposent, que je m’imposai passionnément à moi-même pour retendre mon effort, à l’heure où, la première Partie de mon œuvre republiée avec corrections, je me remets à la continuation de la seconde, découverte et émoi des vérités naturelles sous les Mythes premiers de l’Humanité, et à la méditation de la dernière et ses Synthèses. […] Telle est, du moins, l’impression qu’on tire de son livre Les Force, tumultueuses (1902), que je ne crains pas de déclarer, sinon le meilleurs du moins le plus significatif de tous ceux qu’il a donnés. » (John.
* * * — Lu, dans le bain, un joli vers d’un poète entre Ronsard et Corneille, de l’inconnu Pager : « Je crains ce que j’espère. » * * * — Que n’avons-nous écrit, jour par jour, au début de notre carrière, ce rude et horrible débat contre l’anonyme, toutes ces stations dans l’indifférence ou l’injure, ce public cherché et vous échappant, cet avenir vers lequel nous marchions résignés, mais souvent désespérés, cette lutte de la volonté impatiente et fiévreuse contre le temps et l’ancienneté, un des grands privilèges de la littérature. […] L’expression de ses yeux était comme un grand étonnement… La main devint glacée… C’était fini… J’ai voulu user ma douleur… Je ne suis pas sorti d’ici… Je n’aurais jamais pu y rentrer. » Après un silence : — « Pour cet enfant… c’était une manie, une toquade… J’avais toujours peur… Quand je revenais, en descendant de gondole, mes yeux se portaient aux fenêtres de suite… Je craignais toujours voir un accident, un attroupement, je ne sais quoi… Oh ! […] 20 août Me voilà en plein rêve de bien des gens, à la campagne, de l’argent dans ma poche, avec une femme bon garçon, vieille amie qui me raconte ses amants ; libres tous les deux, n’ayant à craindre l’amour ni l’un ni l’autre, et bien à l’aise.
c’est un mauvais homme… Il y a déjà six mois, j’écrivais à Flaubert : « Je crains que Sainte-Beuve, d’ici à quelque temps, ne nous joue quelque tour… » C’est lui qui a écrit à Nefftzer… il y a de son ami d’Alton-Shée dans tout cela. » Et avec une parole d’amertume sifflante : « Il m’écrivait, au Jour de l’an, que tout le confortable et le bien-être qui entouraient sa maladie, il me les devait… Non, on ne se conduit pas comme ça. » Et elle suffoque, elle étouffe, elle se bat la gorge avec le haut de sa robe brodée, qu’elle agite à deux mains, et des larmes, qu’elle dévore, lui montent dans la voix, que l’émotion étrangle par moments. […] Edmond, qui a des éblouissements causés par le sang, ne me dit pas ce qu’il craint : d’avoir l’œil crevé. […] Il a la parole nerveuse qui se presse et sort par saccades, et une espèce d’inquiétude générale qui le fait appeler, à tout moment, son fils, qu’il craint de voir écraser par les voitures.