Allez, montez sur la montagne sainte de Jérusalem, rebâtissez le temple de Jéhovah. » — « À cet ordre du libérateur, continue Chateaubriand, tous les Juifs, et jusqu’au moindre d’entre eux, doivent rassembler des matériaux pour hâter la reconstruction de l’édifice. […] Et il continue modestement : « Je contribuai à lui donner une seconde fois la couronne par l’heureuse issue de la guerre d’Espagne. » S’il était de bon goût à Louis XVIII de dire de cette brochure qu’elle lui avait valu une armée, il l’est bien peu à l’auteur de n’être pas satisfait de cet éloge hyperbolique et de vouloir surenchérir encore. […] Ceux pourtant qui continuent d’aimer les phrases, les belles pensées détachées, les fragments spécieux de théorie, les prédictions inutiles et frappantes, les fantaisies poétiques dont on peut faire collection, trouveront amplement encore, en le lisant, de quoi se satisfaire ; mais les esprits qui demandent de la suite, de la raison, un but, quelque conséquence dans les actes et dans la conduite, savent désormais à quoi s’en tenir sur la valeur de l’écrivain éminent qui, avec de si hautes parties, n’a été en politique qu’un grand polémiste toujours personnel, et un agent lumineux de dissolution. […] Nous parlant des conférences et réunions particulières qui précédèrent l’entrée de MM. de Villèle et Corbière au Conseil et dont il était l’un des principaux moteurs, M. de Chateaubriand se complaît à tracer de ses collègues des caricatures plus ou moins grotesques ; il nous étale les fronts chauves de tous ces Solons peu soignés : « C’était bien vénérable assurément, dit-il, mais je préférais l’hirondelle qui me réveillait dans ma jeunesse, et les Muses qui remplissaient mes songes. » Et il continue de se jouer avec ces images de cygne et d’aurore.
Il n’en est ni la cause, ni l’effet, ni, en aucun sens, le duplicat : il la continue simplement, la perception étant notre action virtuelle et l’état cérébral notre action commencée. […] D’où cette double thèse La mémoire n’est qu’une fonction du cerveau, et il n’y a qu’une différence d’intensité entre la perception et le souvenir. — Au contraire, si l’état cérébral n’engendrait aucunement notre perception de l’objet présent mais la continuait simplement, il pourra encore prolonger et encore faire aboutir le souvenir que nous en évoquons, mais non pas le faire naître. […] L’état cérébral continue le souvenir ; il lui donne prise sur le présent par la matérialité qu’il lui confère ; mais le souvenir pur est une manifestation spirituelle. […] Comment, composé d’une série de positions instantanées, remplirait-il une durée dont les parties se prolongent et se continuent les unes dans les autres ?
Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. […] Et il continue de badiner sur l’ami très médiocre et assez peu digne (un certain abbé de Linant), à qui il décerne ce dernier éloge. […] Qu’aurait dit Voltaire, s’il avait vu les plus circonspects, il est vrai, mais non les moins malins de ses disciples, comme Daunou, désignés pour continuer l’œuvre du premier bénédictin, s’attachant tout entiers à le faire dignement sans en altérer l’intention, et y mettant leur honneur ?
Livet, qui s’est attaché dès son début à étudier, à remettre en lumière et en honneur la littérature et la poésie du règne de Louis XIII, cette poésie que ne continue guère Malherbe et que balaiera Boileau. […] Il va continuer ainsi ses descriptions des lieux d’alentour, celle du torrent roulant au creux du vallon, celle du marais et du peuple aquatique qui s’y joue ; il arrive ensuite aux ruines gothiques, là où un moderne verrait le sujet de la ballade : Que j’aime à voir la décadence De ces vieux châteaux ruinés, Contre qui les ans mutinés Ont déployé leur insolence ! […] Saint-Évremond dit cela en pensant à Pétrone, et il continue en appliquant ses observations à ce qui n’est que grossier et répugnant à la propreté et aux sens : Notre délicatesse va plus loin, et l’on n’aimerait pas aujourd’hui la description d’un objet rebutantt.
L’année suivante, Villars continua de servir encore quelque temps en Allemagne sous Turenne, qui l’apprécia, et qui dit qu’il le fallait faire colonel le plus tôt possible ; puis il passa en Flandre, sous Condé, de qui il eut pareillement l’honneur d’être distingué. […] L’année suivante (1675), il continua de servir en Flandre sous Condé encore, puis sous Luxembourg, l’un de ses maîtres pour le brillant et le hardi comme pour le bonheur. […] Louis XIV, la première fois qu’il le revit après cet accident, « lui fit l’honneur de lui dire qu’il avait trop bonne opinion de l’étoile du marquis de Villars pour croire qu’il eût pu périr d’une chute dans les fossés de Bâle. » Dans les années de guerre qui suivirent et qui ne se terminèrent qu’à la paix de Riswick, Villars, d’abord commissaire général de la cavalerie, puis maréchal de camp, puis lieutenant-général et gouverneur de Fribourg en Brisgau, continua de se distinguer ; mais il souffrait beaucoup de l’inaction où l’on restait trop souvent avec de fortes armées, et se plaignait de ces campagnes trop peu remplies d’événements.
Ce qui l’est moins, ce qui m’a le plus, je ne dirai pas étonné, mais choqué, c’est que les hommes considérables qui n’avaient certainement pas voulu pousser à cette résistance devenue du désordre, qui cependant, et très involontairement sans doute, n’y avaient pas nui, ne se soient pas tenus pour avertis, ne se soient pas arrêtés aussitôt après ces manifestations d’un assez mauvais caractère, et qu’ils aient cru devoir continuer publiquement la polémique engagée, en gens non informés et prétextant d’ignorance, comme si de rien n’était. […] Mérimée, après lui, précis, attentif et positif comme pas un, allait continuer pendant des années cette suite de services d’un détail infini, et qui exigent des déplacements continuels, une sagacité infatigable ; il sauvait de la ruine quantité d’édifices intéressants, menacés et méconnus. […] Viollet-Le-Duc se sépare des architectes classiques proprement dits, à le suivre dans les fines et savantes explications qu’il a données de l’architecture française des XIIe et XIIIe siècles, sa grande et principale étude, son vrai domaine royal, si je puis ainsi parler, et à y reconnaître avec lui, sous des formes si différentes à l’œil, et si grandioses à leur tour ou si charmantes, quelque chose de ces mêmes principes et de ce libre génie dont l’art s’est inspiré et s’inspira toujours aux époques d’invention heureuse et de florissante originalité ; tellement qu’à ne voir que l’esprit, il y a plus de rapport véritable entre les grands artistes de la Grèce et nos vieux maîtres laïques bâtisseurs de cathédrales, qu’entre ces mêmes Phidias ou Ictinus d’immortelle mémoire et les disciples savants, réguliers, formalistes, qui croient les continuer aujourd’hui.