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1191. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Renforts correspondants et textes contemporains : les résistances que j’ai éprouvées ne sont rien auprès des renforts abondants et de tous les ordres qui me sont arrivés des quatre points cardinaux. […] Tancrède de Visan, en deux remarquables études, essai sur le symbolisme (1904) et l’attitude du lyrisme contemporain (1911), a montré à quel point le bergsonisme nous aidait à identifier la « poésie pure », celle qui va plus loin que le mot qui l’exprime. […] Textes du passé de Baudelaire aux « préromantiques » : or, à l’origine de ces textes contemporains et de leur concordance, nous rencontrons ces lignes de Baudelaire : plus l’art voudra être philosophiquement clair, plus il se dégradera… plus, au contraire, l’art se détachera de l’enseignement, et plus il montera vers la beauté pure. " (sur Reynolds.) […] " (citation d’émile Le Brun. — « la connaissance. ») on peut remonter ainsi des contemporains à Baudelaire et de Baudelaire, à travers le monde, jusqu’à ce « préromantisme » européen qui, pendant plus d’un siècle, en plein règne de l’abstraction classique, renouvelait peu à peu « les notions de vraie poésie ». […] Relisez là-dessus un des manifestes symbolistes, le livre de Robert de Souza, sur la poésie populaire et le lyrisme sentimental. lisez de même le livre charmant de Mlle Simone Téry- l’ile des bardes (Flammarion) — sur la renaissance poétique de l’Irlande contemporaine ; l’Irlande, où tout le monde est poète, même et surtout les paysans.

1192. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Quelques années plus tard (1826), Leopardi publiera une traduction d’une ancienne chronique sacrée grecque ou copte (Martyre des saints Pères du mont Sinaï,) traduction censée faite sur une version latine par quelque bon Italien du xive siècle (1350) en prose contemporaine de celle de Boccace, et il trompera à première vue les connaisseurs les plus exercés. […] Je ne sais si Leopardi rendait toute justice au mouvement italien contemporain, dont il n’était lui-même qu’un des nobles organes, et s’il y reconnaissait autant de signes de parenté avec lui qu’on croit en découvrir à distance, mais je me plais à enregistrer ici le mot de Manzoni sur son talent : « Vous connaissez Leopardi, disait-il vers 1830 à un voyageur, avez-vous lu ses essais de prose ? […] (Voir, dans nos Portraits contemporains, tome II, les discussions de Fauriel et de Mauzoni à ce sujet, pages 540, 550.)

1193. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Camus, Mlle Gournay, Garassus et Petau, ce sont ses vrais contemporains en style français (si français il y a). […] Guillaume Colletet, ce rimeur né suranné, est son seul poète moderne contemporain. […] En cela il fut bien le contemporain et le coopérateur des Conrart, des Colbert, des Perrault (de loin on mêle un peu les noms), de tous ceux enfin du nouveau siècle qui, par les académies, par les divers genres de fondations, d’encouragements ou de projets, contribuèrent à mettre en dehors la pensée moderne et à la vulgariser.

1194. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

On entrevoit dans ses Lettres tout un groupe plus naturel que lui, plus hardi et plus libre, toute une délicieuse bande qui précède en date et qui présage le groupe des Du Deffand, des Hénault et des Desalleurs, de ces contemporains de la jeunesse de Voltaire. […] Pour se rendre compte de la grande réputation du personnage, et, en général, pour s’expliquer ces hommes qui laissent après eux des témoignages d’eux-mêmes si inférieurs à la vogue dont ils ont joui, il faut se dire que les contemporains, surtout, dans la société, s’attachent bien plus à la personne qu’aux œuvres du talent ; là où ils voient une source vive, volontiers ils l’adorent, tandis que la postérité, qui ne juge que par les effets, veut absolument, pour en faire cas, que la source soit devenue un grand fleuve. […] On reconnaît encore le joueur d’alors et le contemporain du chevalier de Grammont à de certaines anecdotes ; en voici une qu’il entame en ces termes : « Il y avoit à la suite de Monsieur un fort galant homme qui ne laissoit pourtant pas d’user de quelque industrie en jouant… » (Œuv.

1195. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Plus purement qu’aucun de ses contemporains, il est « homme de lettres ». […] Parce qu’il a gardé, avec une coquetterie hautaine, la syntaxe du dix-septième siècle, on le croit contemporain de Bossuet par les idées. […] Or, ce railleur est tellement ingénu qu’il est un des trois ou quatre de nos contemporains qui ont fait des tragédies  oui, des tragédies en cinq actes où tout est pris grandement au sérieux, où se déroulent des événements imposants, où des personnages royaux se débattent dans des situations douloureuses et terribles, où s’entre-choquent les passions les plus violentes et où s’énoncent en alexandrins les sentiments les plus nobles et les plus hauts dont l’humanité soit capable.

1196. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Vous avez raison de penser que l’avenir des lectures est lié en grande partie à celui de notre littérature, et réciproquement les lecteurs du peuple préparent leur public à goûter une littérature saine et sérieuse, que produiraient des contemporains ; et il faut d’autre part que les producteurs ne viennent pas sans cesse, par de plats feuilletons ou de malpropres romans, détruire les résultats laborieusement acquis de la lecture publique. Je pense, comme vous, que le souci de la vérité sociale, dans les œuvres d’imagination, s’impose avec force ; et, comme une littérature vivante ne peut être que l’expression de la vie réelle, d’une société donnée, tout ce qui est d’intérêt social doit occuper une grande place dans le roman contemporain, comme dans les préoccupations à la fois des penseurs et de la grande masse des hommes d’aujourd’hui. […] Dans le corps du journal sont présentés et discutés les faits du jour, de politique, de sociologie, de morale, etc., suivant telle ou telle conception générale en rapport avec l’état de l’âme contemporaine, et dans le feuilleton du rez-de-chaussée se perpétuent des traditions romanesques qui ne correspondent à rien.

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