Laissons donc les prodiges, les exceptions, et considérons le grand nombre, la multitude, devant laquelle les exceptions sont comme si elles n’existaient pas. […] Les honnêtes politiques qui veulent une religion pour les femmes et les enfants, mais qui n’en veulent pas pour eux-mêmes, considèrent la religion comme un frein, comme le mors avec lequel on gouverne un cheval fougueux. […] Ce n’est donc plus un corps ; ce sont les membres séparés d’un cadavre, lesquels, en tant qu’on les considère en eux-mêmes, peuvent encore vivre d’une vie propre, mais n’ont plus de vie commune. […] L’erreur vient de ce qu’on ne considère pas ce qu’il faut entendre par société. […] Considérez-le maintenant sous le scalpel de l’anatomiste : voilà son cœur et ses artères, mais ils ne battent plus ; ses nerfs, ses muscles, ses os, mais plus de mouvement, plus de vie ; au lieu de cette vie d’ensemble, de cette vie unitaire, une vie de décomposition, une vie de mort, pour ainsi dire, a commencé partout.
Aussi, la littérature du moyen âge, considérée dans son ensemble — et Dante ou Pétrarque mis à part, qui sont les premiers des modernes, — est-elle impersonnelle, universelle et anonyme. […] Considérons un peu ce que ce seul mot — dont je crains bien à la vérité que Boileau n’eût jamais voulu se servir — enveloppe de conséquences. […] Mais, tous ou presque tous, ils étaient amis de Boileau, à commencer par le plus fameux et le plus considéré du parti, celui que l’on saluait alors du nom du « grand Arnauld ». […] Il ne va plus s’agir désormais de considérer les œuvres en elles-mêmes, pour elles-mêmes, mais par rapport aux états de civilisation dont elles sont le produit naturel. […] et l’auteur d’Andromaque et de Phèdre ne s’est-il pas un jour, selon le mot de Nicole, considéré lui-même comme un « empoisonneur public » ?
Gide a coqueté avec le naturisme, puis il est revenu au symbolisme, où on le considère comme destiné à relever l’école. […] De plus, stylés par la Thorah, ils considérèrent les Chrétiens comme une semence de bétail qu’il était louable d’exploiter. […] L’éternité se fait souriante, et je la considère désormais sans effroi. […] Nous en portons, au fond de nous, le sentiment, nous les considérons comme des biens souhaitables, mais fort peu osent chercher les moyens d’en faire des réalités vivantes. […] Ceux qui se tiennent à l’écart sont considérés comme des idiots ; on les bafoue.
Cette lettre, préface à l’édition française des quatre poèmes d’opéra (Paris, 1861), peut être considérée comme l’œuvre excellente de la théorie wagnérienne. […] Cependant le poème du Nibelung, dont la composition avait conduit Wagner à considérer ces détails techniques de l’art, fut enfin achevé. […] Ainsi est considérée l’œuvre d’art en la Lettre sur la Musique. […] La foi seule nous empêche de le penser. » En d’autres articles, le Public dans le temps et dans l’espace, le Public et la Popularité(1878), il considère, plus particulièrement, le public de l’œuvre dramatique. […] Après 1916, il considère le wagnérisme comme antipatriotique et lutte contre les représentations wagnériennes.
Ne nous laissons pas ici duper par l’imagination, qui ne considère guère que des images toutes faites et principalement visuelles ; ne nous laissons même pas duper par la pure intelligence, qui ne s’applique bien qu’à des idées de contour défini, exprimées par des mots définis et immuables. […] L’intensité est donc un élément capital, mais elle n’est pas le seul : il faut encore considérer le rapport de l’activité à l’objet, selon que cette activité s’adapte entièrement l’objet, ou qu’au contraire elle est en tension sans se l’adapter. […] Si l’appétit enveloppe le temps, la représentation considérée en elle-même ne l’enveloppe pas. […] À l’exemple de ce dernier, il considère, en premier lieu, la représentation ordinaire du temps comme spatiale ; il va même jusqu’à dire qu’en croyant nous représenter la durée nous ne nous représentons que de l’espace. […] Mais où voit-on que les partisans de l’expérience, par exemple Guyau, considèrent l’expérience comme n’étant soumise à aucune loi ?
Et de fait, si nous voulions savoir la signification du mot dans l’acception très haute, très vaste, il nous suffirait de considérer la destinée des sublimes conceptions du Maître, écloses depuis Lohengrin, qui, seul, aux yeux de bien des gens, passe pour avoir « réussi ». […] C’est pourtant la stricte vérité : ainsi que l’on considère le réveil de Brunnhilde, l’une des meilleures scènes de la partition française, comme musique et comme livret, et celle sur laquelle elle semble avoir été calquée, c’est-à-dire cette resplendissante scène dernière de Siegfried ! […] Dans un autre ordre d’idées, les jets de vapeur sont considérés comme un effet pitoyable, alors qu’ils fonctionnent admirablement et sans bruit, comme on l’a pu voir depuis 1869 à Munich. […] Quand on considère l’attitude du public envers lui, envers Berlioz, envers tous les grands artistes enfin, il est difficile de ne pas lui donner raison sur ce point. […] Si nous considérons, dans son impression totale la plus profonde, le monde si complexe des formes créées par Shakespeare, avec l’extraordinaire relief des caractères que ce monde contient et qui s’y meuvent ; puis si nous comparons à ce monde le monde, également complexe, des motifs de Beethoven, avec leur expression si poignante et leur extraordinaire précision ; nous sentirons, alors, que chacun de ces mondes recouvre l’autre, entièrement, de telle sorte que nous verrons chacun d’eux contenu dans l’autre, bien qu’ils paraissent se mouvoir en des sphères absolument différentes.