Ils sont rares comme la tranquille conscience du talent qu’on a et de la fierté de l’esprit qu’on se sent… Avec l’effroyable prurit de vanité littéraire qu’ont les moins littéraires de ce temps, et qui fait d’eux des mendiants de publicité se trémoussant comiquement autour du moindre article pour qu’on leur en fasse la charité, un écrivain qui publie son livre et le met tout simplement sous la vitrine de l’éditeur, sans importuner personne de son importance et sans viser à la pétarade des journaux, m’est, par cela seul, plus sympathique que les autres, et je suis très disposé à aller vers lui, parce qu’il ne vient pas vers moi avec ces torsions de croupe respectueuses qu’ont les quêteurs d’articles qui veulent qu’on en mette dans leur chapeau… C’est précisément ce qui m’a fait aller à M. […] Félix Rocquain, qui, dans son livre, ne parle que par la voix des autres, doit penser, s’il en prend la peine, comme les voix dont son livre est l’écho… Évidemment, en effet, il doit être, dans l’intimité de sa conscience d’historien, de l’avis de ces hommes dont il répète les mots comme un commissionnaire qui fait sa commission, et sa pensée doit transpirer à travers les citations qu’il leur emprunte.
Pour mon compte, il me satisfait à la fois dans ma double conscience de moderne et de chrétien. […] Elle n’a pas à entrer dans l’examen de conscience fait bien indiscrètement, selon moi, dans son épilogue expiatoire… dans la peur du reproche — immérité, dit-il, — d’avoir critiqué l’enseignement moderne à travers l’enseignement ancien, et d’avoir écrit « une satire, historiquement allégorique », du corps enseignant actuel.
Il est difficile, en effet, de donner à distance une idée très-exacte de cette poésie consciencieuse et bien intentionnée, mais qui n’a guère pour elle que son intention et sa conscience. […] Malgré la sympathie et l’estime que nous avons pour les intentions morales et la conscience littéraire de M.
Mais on aurait pu répondre sans déclamation que cet article était une précaution de haute prudence, qu’il faut tenir compte dans un pays des antécédents historiques, que les Jésuites d’aujourd’hui payent et payeront longtemps encore pour ceux d’autrefois, que la religion tout entière et son libre et paisible exercice pourraient être compromis, troublés, si on ne prenait cette mesure, et qu’enfin il est à désirer que vienne un temps où tout vestige de cette interrogation de conscience puisse disparaître : mais on ne pourrait supprimer à présent la garantie sans de graves inconvénients pour la chose sacrée qui doit être le plus chère à M. de Montalembert, et sans compromettre le gouvernement lui-même.
Des dettes oubliées se sont réveillées au fond de ma conscience, et ma conversion n’eût-elle produit que cela, nous devrions tous la bénir. […] Mais songez que ce traitement spécial au cas où il vous plairait d’y voir une atteinte indirecte à la liberté de conscience c’est dans un projet tout idéal que Veuillot le sollicite. […] Il n’en est presque pas un sur qui son jugement ne soit double, selon les ouvrages, et aussi selon qu’il les juge davantage avec sa conscience ou avec son goût. […] Ne peut-il tenir autant d’émotion, de trouble, de douleur, de faiblesse et d’effort, et de « drame » enfin, dans l’examen de conscience d’un catholique tenté que dans le monologue d’Auguste ou dans celui d’Hermione ? […] Rêve toujours surveillé par sa conscience de chrétien ; car c’est dangereux, la nature et la musique, et la mélancolie, et même la tendresse.
— La lettre audacieuse des évêques donne à penser : ils n’osent de telles choses que parce qu’ils sentent qu’il y a, à côté du roi, une conscience timide et religieuse, celle de la reine, qu’ils effrayent et qu’ils espèrent dominer.