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1679. (1898) La cité antique

Il est vrai qu’il brille, qu’il réchauffe, qu’il cuit l’aliment sacré ; mais en même temps il a une pensée, une conscience ; il conçoit des devoirs et veille à ce qu’ils soient accomplis. […] Elle est présente, comme la conscience même, à ses moindres actions. […] Si le sentiment de la force vive et de la conscience qu’il porte en lui avait inspiré à l’homme la première idée du divin, la vue de cette immensité qui l’entoure et qui l’écrase traça à son sentiment religieux un autre cours. […] L’homme n’a pas eu à étudier sa conscience et à dire : Ceci est juste ; ceci ne l’est pas. […] Car ce qui obligeait l’homme dans ce droit antique, ce n’était pas la conscience ni le sentiment du juste, c’était la formule sacrée.

1680. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Mercure, d’autre part, est nommé avocat d’office de Folie, et il fera son devoir en conscience, « bien que ce soit chose bien dure à Mercure, dit-il, de moyenner déplaisir à Vénus. » Le discours d’Apollon est un discours d’avocat, un peu long, éloquent toutefois ; il peint Amour par tous ses bienfaits et le montre dans le sens le plus noble, le plus social, et comme lien d’harmonie dans l’univers et entre les hommes.

1681. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Il existe peu de méchants ; ceux qui ne sont pas retenus par la conscience le sont par la société ; l’honneur, cette fière et délicate production de la vertu, l’honneur garde les avenues du cœur et repousse les actions viles et basses, comme l’instinct naturel repousse les actions atroces.

1682. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

De retour en France, Farcy était désormais un homme achevé : il avait l’expérience du monde, il avait connu la misère, il avait visité et senti la nature ; les illusions ne le tentaient plus ; son caractère était mûr par tous les points ; et la conscience qu’il eut d’abord de cette dernière métamorphose de son être lui donnait une sorte d’aisance au dehors dont il était fier en secret : « Voici l’âge, se disait-il, où tout devient sérieux, où ma personne ne s’efface plus devant les autres, où mes paroles sont écoutées, où l’on compte avec moi en toutes manières, où mes pensées et mes sentiments ne sont plus seulement des rêves de jeune homme auxquels on s’intéresse si on en a le temps, et qu’on néglige sans façon dès que la vie sérieuse recommence.

1683. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Écoutez comme la jeune fille, en sarclant le blé vert et en emportant sous sa faucille les gerbes de pourpre des pavots où se noie son visage, s’encourage elle-même à l’ouvrage par un chant à demi-voix dont elle n’a pas même la conscience !

1684. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Le chiffre n’a pas d’âme : l’âme a une force à millions de chevaux, comme on dit, qui soulèverait plus de poids que la vapeur ; ils se défient de cette force, ils dévirilisent l’humanité pour la dompter ; l’homme spécial ne leur refuse rien, l’homme universel leur fait peur ; il sent et il pense ; la conscience et la pensée sont les deux ennemies divines de la servitude, Némésis de la tyrannie ; l’antiquité n’en avait qu’une, nous en avons deux.

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