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10. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

L’office de la science, c’est la systématisation de notre connaissance des phénomènes, considérés comme phénomènes. […] Le but dernier de la connaissance est l’adaptation, et nous appelons vérité l’adaptation précise. […] La pierre de touche de la connaissance, c’est la prévision. […] Anaxagore « pensait avec Xénophane que toute connaissance sensible est trompeuse, et avec Heraclite que toute connaissance vient des sens : ce qui est un double scepticisme. […] Je me brûle, j’ai conscience d’une sensation, j’en ai une connaissance certaine et immédiate.

11. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VI. Le Bovarysme essentiel de l’humanité »

Le Bovarysme scientifique ou le Génie de la connaissance : L’homme, croyant augmenter, par la recherche intellectuelle, la somme de ses joies, n’augmente que la somme de ses connaissances — Double mobile de la recherche intellectuelle : Mobile métaphysique : l’homme mortel se veut immortel. — Mobile d’intérêt immédiat : par la connaissance des lois de la nature, l’homme prétend accroître son bien-être. […] Ainsi la connaissance se donne à l’homme comme un moyen propre à satisfaire son intérêt. […] Il fait appel à la connaissance pour atteindre ce double but. […] Plus tard avec Kant, cette science soupçonneuse devient la science pure de la connaissance. […] Il apparaît que tout cet effort, dirigé consciemment vers un but intéressé, a réalisé un objet différent, convoité par cet antre être que l’on nomme ici le Génie de la Connaissance.

12. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

L’opposition du sujet et de l’objet est la forme même de toute notre connaissance. […] Notre connaissance arrive à connaître qu’elle ne connaît pas tout, qu’il y a de l’inconnu. Cet inconnu provient souvent de ce que notre connaissance actuelle ne l’a pas encore atteint, quoique pouvant l’atteindre un jour. […] Mais elle n’en est pas moins utile pour nous exciter à rechercher de plus en plus loin les conditions de nos connaissances, à remonter l’échelle des effets ou celle des moyens ; elle exige de nous la plus grande extension possible de la connaissance suivant les lois de l’expérience. […] Par la persistance de la force, nous entendons la persistance d’un pouvoir qui dépasse notre connaissance et notre conception.

13. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

. — Le souvenir, comme la perception extérieure, est une illusion qui aboutit à une connaissance. — Notre rêve actuel correspond alors à une sensation antérieure. — Illusion psychologique à propos de la mémoire. — Nous sommes tentés de prendre la connaissance de nos états passés pour un acte simple et spirituel. […] C’est ici le cas, puisque nous lui devons notre connaissance du passé et, par suite, nos prévisions de l’avenir. Cette fois encore, nous saisissons sur le fait une illusion de la conscience. — Quand un psychologue observe un de ses actes de mémoire, il remarque d’abord que c’est une connaissance, et, posant que toute connaissance exige deux termes, un sujet connaissant et un objet connu, il se dit que dans le souvenir il y a deux termes, la sensation passée et la connaissance que nous en avons. […] Je rencontre par hasard dans la rue une figure de connaissance, et je me dis que j’ai déjà vu cet homme. […] Cette science ou connaissance s’appelle conscience, parce que son objet est interne et présent ; elle s’oppose ainsi aux connaissances dont l’objet n’est point présent ou n’est point interne ; à ce titre, on la sépare de la perception extérieure et de la mémoire, et l’on fait d’elle un département distinct, auquel on prépose une faculté distincte.

14. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

Dans tout sentiment il y a donc deux états opposés, dans tout acte de connaissance deux choses qui sont connues ensemble. […] Sentir n’est point connaître ; il est faux de croire que la connaissance ait autant d’étendue que la sensation ou la conscience. […] Ce que nous appelons attention, observation, concentration de l’esprit, doit s’ajouter à l’acte de la discrimination pour que la connaissance commence. « Le processus de la connaissance est essentiellement un processus de sélection. » Les éléments essentiels de la connaissance peuvent se résumer ainsi : Connaître une chose c’est savoir qu’elle ressemble à quelques-unes et diffère de quelques autres. […] On sait par ce qui a été déjà vu, que la connaissance du monde extérieur est due aux sensations associées du toucher, de la vue et du sens musculaire. […] La connaissance est un état de l’esprit ; la notion d’une chose matérielle est une chose mentale.

15. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

Dira-t-on en effet que la science est une connaissance organisée ? […] Logiquement donc la distinction entre la connaissance scientifique et la connaissance commune n’est point justifiable. […] Puisque la science, par son processus d’évolution, sort de la connaissance commune, de celle que nous donnent la raison et les sens réduits à eux-mêmes ; et que la connaissance commune sort elle-même des simples perceptions, la genèse de la science devrait, à rigoureusement parler, prendre pour point de départ l’origine même de la connaissance. […] Il nous est maintenant possible de comprendre comment s’opère le passage de la connaissance qualitative à la connaissance quantitative. […] Lui seul voit vraiment qu’une connaissance absolue est impossible.

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