Pour bien connaître un critique, pour se retracer au vrai sa physionomie et sa personne, il ne suffit pas de lire ses écrits. […] Il connaissait bien l’Antiquité, bien le xviie siècle, et moins le xviiie . […] À part ce dernier mot, c’est à peu près là l’exact jugement que portait M. de Féletz sur des critiques qu’il avait si bien connus, et parmi lesquels lui-même il ne tenait pas la place la moins distinguée. […] Il avait dans la manière de finir, dans le jet de la phrase, certain geste de tête que nous lui avons bien connu ; il avait de l’abbé Delille en prose. […] J’ai eu, pour mon compte, le bonheur de le connaître au sein de l’Académie et à la bibliothèque Mazarine, dont il était alors administrateur.
Il est vrai que, lorsque j’en donnais de si favorables aperçus en avril 1834, je ne parlais que de ce que je connaissais et de ce qui était terminé à cette date ; mais on avait déjà l’idée de l’ensemble. […] de n’avoir pas nommé M. de Chateaubriand dans ce livre publié avant que M. de Chateaubriand fût connu, dans ce livre que M. de Chateaubriand a commencé lui-même par attaquer afin de se faire connaître. […] À travers cette contradiction de mouvements, il se dessine lui-même et se trahit dans sa nature secrète, mais il se fait connaître par le côté où il s’y attendait le moins, et on ne lui en sait pas gré. […] À un endroit, parlant de la mort de La Harpe qui, malgré ses défauts bien connus, se convertit avant l’heure suprême, il lui est échappé de dire : « Il n’a pas manqué sa fin, je le vis mourir chrétien courageux. » C’est ainsi qu’il aurait dit de l’auteur dramatique : « Il n’a pas manqué son cinquième acte. » De tels mots, lâchés par mégarde, donnent fort à penser. […] Je ne le connais pas, je ne le devine pas en le lisant, et pourtant il ne se fait pas faute de s’exhiber ; mais c’est toujours sous un costume qui n’est point fait pour lui.
Saint-Simon, par les ducs de Beauvilliers et de Chevreuse, avait connu Fénelon autant qu’on peut connaître un homme à travers ses amis les plus intimes. Directement il l’avait vu très peu, et il nous en avertit : « Je ne le connaissais que de visage, trop jeune quand il fut exilé. » C’était assez toutefois à un tel peintre qu’une simple vue pour saisir et rendre merveilleusement le charme : Ce prélat, dit-il, était un grand homme maigre, bien fait, pâle, avec un grand nez, des yeux dont le feu et l’esprit sortaient comme un torrent, et une physionomie telle que je n’en ai point vu qui y ressemblât, et qui ne se pouvait oublier quand on ne l’aurait vue qu’une fois. […] Fénelon connaît à fond le monde et les hommes, il n’a pas une illusion sur leur compte. […] Rien ne serait plus sot et plus déplacé ; mais j’ai appris à connaître les hommes en vieillissant, et je crois que le meilleur est de se passer d’eux sans faire l’entendu. — J’ai pitié des hommes, dit-il encore, quoiqu’ils ne soient guère bons. […] Il avoue qu’il serait curieux de le connaître et de l’observer : Ses actions de guerre sont grandes ; mais ce que j’estime le plus en lui, c’est des qualités auxquelles ce qu’on appelle fortune n’a aucune part.
Arlequin était plutôt connu jusque-là par ses balourdises et ses facéties : Florian voulut y mettre plus d’esprit jusque dans la naïveté, plus de finesse dans la balourdise ; il lui insinua surtout du sentiment. […] Lacretelle, l’un des hommes qui ont le mieux connu et le mieux peint Florian par tous ses aspects, nous raconte cette anecdote, avec beaucoup d’autres traits dont nous profitons. […] Pour vaincre la modestie de cette jeune femme, qui se refusait à l’honneur d’une dédicace, même anonyme, Florian lui écrivait : « Tous ceux qui vous connaissent, verront bien que c’est vous ; tous ceux qui ne vous connaissent pas croiront que c’est Mme la duchesse d’Orléans. […] monsieur, lui disait-il, si l’on ne vous connaissait pas, on vous volerait. » Vers ce temps-là, ce redoutable Rivarol avait écrit, à l’occasion de Numa Pompilius, un article si sanglant, que des amis de Florian le supplièrent de ne pas le publier. […] Il se plaît en réalité avec les animaux ; lui aussi, il vit avec eux à sa manière : Vous connaissez ce quai nommé de la Ferraille, Où l’on vend des oiseaux, des hommes et des fleurs : À mes fables souvent c’est là que je travaille… On nous le montre aussi logé à l’hôtel de Toulouse, ayant sa bibliothèque tout près d’une volière peuplée d’une multitude d’oiseaux, sujets vivants de ses Fables.
Nous connaissons deux frères de Boileau, Gilles et Jacques Boileau, et tous deux sont marqués du même caractère avec des différences qu’il est piquant de relever et qui serviront mieux à définir leur cadet illustre. […] M. le Prince, voulant déconcerter l’orateur, qu’il ne connaissait pas, affecta d’avancer sa tête et son grand nez du côté du doyen pour faire semblant de le mieux écouter, mais en effet pour le faire manquer s’il pouvait. […] le bailli de Chevreuse, lequel se trouvant à Paris, avait voulu connaître un homme de cette importance. […] Je l’appelle ainsi, parce qu’il n’y a point de jour où il n’y ait quelque nouvel écot, et souvent deux ou trois qui ne se connaissent pas trop les uns les autres. […] Nous avons connu des rois qui étaient moins délicats en cela que Louis XIV.
Ma foi, il n’hésitait pas, et le voici en France, dont il ne sait rien, où il ne connaît personne. […] Ces jours-ci est morte, une semaine après son mari, Mme X… La maison X…, sans un capital bien connu, était une maison à chevaux, à voitures, à nombreux domestiques. […] Et vraiment je ne connais guère, en ce temps-ci, qu’un homme, qui ait véritablement aimé le peuple gratis : c’est Barbès. […] Il se plaint des amateurs qui travaillent à devenir les amis des peintres, pour payer moins cher, et à ce propos, il me cite la phrase de Diaz : « Oui, ils veulent connaître intimement la p…, dans l’espérance de devenir ses maquereaux ». […] Et de cette vie de voyage, de ces compagnonnages avec des êtres de toutes sortes, de ces lectures économiques, statistiques, sociales, dans une existence où n’existe pas le besoin du sommeil, il est sorti un tout autre garçon, que celui que j’ai connu.