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2312. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Le monde est un lieu d’opprobre et de péché, la nature est maudite, seul le séjour divin est pur ; l’humanité se divise en deux groupes dont l’un, celui des fidèles, possède toute la vérité, l’autre, celui des infidèles ne possède que l’erreur ; l’homme se compose d’un corps, substance vile et méprisable et d’une âme, substance divine et immortelle.

2313. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

Fuyons toutes les discussions qui tournent sans fin autour de ces entités en disant plus simplement qu’une idée est sociale lorsqu’elle est communément admise par les individus qui composent une société.

2314. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

Considération oiseuse, pensera-t-on peut-être : la quantité des éléments n’est, dans les êtres sociaux comme dans tous les êtres composés, qu’un phénomène superficiel, et qui n’affecte pas leur constitution intime.

2315. (1888) Impressions de théâtre. Première série

C’est donc sans préméditation que Molière composa (et pour ne jamais plus recommencer) une pièce irrégulière et d’une liberté toute « romantique ». […] Par qui ont été composés, je vous prie, les proverbes, les contes et les chansons populaires, si admirables quelquefois, si pleins de sagesse et de poésie ? […] J’oserai dire que Souvent homme varie est une fantaisie très sévèrement composée et déduite, presque sans caprice, par un esprit très lucide et très raisonnable. […] C’est, de plus, un épicurien délicat, un dilettante, un nonchalant très ingénieux, qui a su arranger et composer toute sa vie avec art et qui tire doucement de Paris tout le plaisir qu’il peut donner. […] Même je me disais qu’on a beaucoup vanté ces Russes ; qu’on a un peu trop accablé, sous leur naturalisme évangélique, le naturalisme curieux, sensuel et dédaigneux de nos romanciers ; que ceux-ci, sachant mieux choisir, mieux lier, mieux composer, sont, après tout, de plus grands artistes ; que leur refus de s’attendrir et de s’apitoyer trop visiblement n’est peut-être qu’une pudeur ou bien une crainte de sortir de l’art, de nous émouvoir à trop bon compte et par des moyens qui ne relèvent pas de la littérature ; que leur morosité même, leur pessimisme, leur mépris des hommes est un sentiment très intéressant, très humain, et qu’enfin rien ne nous empêche d’éprouver cette pitié qu’ils n’expriment pas volontiers, mais que la tristesse et la brutalité de leurs tableaux nous suggèrent… Ainsi je réclamais pour mes compatriotes et je les voulais défendre contre ces Slaves diffus, désordonnés et mystiques… Eh !

2316. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Il leur a composé des épitaphes magnifiques, fastueuses ; il les y fait parler à sa guise. […] — « Monsieur, monsieur, repartit Malherbe, cela ne vous doit pas affliger : ne vous souciez que de bien servir, vous ne manquerez jamais de maître. » Les odes de Malherbe, qui sont inspirées de l’esprit de Henri IV et, en quelque sorte, marquées à son empreinte, à l’effigie de sa politique, sont les plus belles, les plus durables, en ce qu’elles ont été aussi les plus Françaises ; j’y comprends des odes même composées après la mort du grand roi.

2317. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Mercredi 21 avril Dans nos dîners du mercredi, chez la princesse, maintenant des peintres bouchent les vides des morts, des nombreux morts de l’ancien dîner, uniquement composé d’hommes de lettres. […] Il devient un sujet à expériences, et il coûte près de 20 000 francs à l’hôpital, tant on lui fait prendre de sulfate de quinine, qu’on arrêtait lorsqu’il devenait sourd, et de choses extraordinaires, et de bains composés de plantes aromatiques de l’Inde.

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