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1331. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Il compose admirablement les œuvres d’art et très mal les œuvres de logique. […] Il a toutes les manières de bien composer une œuvre d’art pur. […] C’est parce qu’il compte sur elle qu’il ne compose pas. […] Comment il compose. […] On compose toujours comme on conçoit.

1332. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Il y a des caricatures d’intérieur touchées d’un mot : « Au déjeuner, M. de Casembrood (le chapelain) lit d’ordinaire dans la Bible, en robe de chambre et bonnet de nuit, et cependant en bottes et culottes de cuir, ce qui compose en vérité une figure très-risible et point charmante. […] Elle compose pour elle et ses amis, au jour le jour, à bâtons rompus, c’est-à-dire qu’elle ne compose pas. […] Cela est bien redoutable. — Théobald, d’accusateur devenu accusé, se sentit plus doux comme plus modeste, et fut reconnaissant à l’excès du silence qu’Émilie voulut bien garder. » La seconde partie des Trois Femmes, qui se compose de lettres écrites du château d’Altendorf par Constance à l’abbé de La Tour, ressemble souvent à des conversations qu’a dû offrir le monde de Mme de Charrière, en ces années 94 et 95, sur les affaires du temps.

1333. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Voici des vers que je composai en prison, et que j’adressai à M.  […] Cesano, une Amphitrite entourée de tritons et des dieux de la mer ; et moi, je composai une ovale d’environ quinze pouces de hauteur ; elle était ornée de deux figures qui s’entrelaçaient, comme la mer entrelace la terre ; et par dessus, un vaisseau qui renfermait le sel. […] « Après avoir donné mes ordres aux personnes qui composaient mon atelier, je partis pour Rome ; j’y allais pour voir Antonio Altoviti, auquel j’avais fait son buste en bronze pour orner son cabinet. […] Avec ces paroles, je coupai court à leurs cérémonies, et je les remerciai de leurs éloges, qui étaient le prix le plus digne des beaux ouvrages, et qui m’encourageraient à en composer de plus beaux encore.

1334. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

Après cela, que Macpherson ait profité de sa découverte pour élaguer quelques imperfections, compléter quelques lacunes et composer même quelques poëmes dans le même mode de style et d’images sur des données fugitives, on n’en saurait guère douter ; mais le caractère de Macpherson, malgré sa jalouse partialité pour son œuvre, était trop religieux pour s’obstiner à une supercherie si contraire à la vérité et démentie par tant de témoignages pendant la durée de plus d’un siècle. […] Ce fut la première des traductions galliques que Macpherson essaya de donner à ses compatriotes dix ans avant les autres poëmes ou chants dont son recueil se compose. […] Le deuxième volume, quoique composé de plusieurs chants écrits par des bardes de l’école d’Ossian plus que par Ossian lui-même, n’est ni moins original, ni moins lugubre, ni moins beau. […] Nom de l’Irlande, composé de deux mots, dont l’un signifie île et l’autre ouest ; l’île d’Ouest.

1335. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Au bout d’un petit nombre d’années, quand la fureur de la cabale et l’esprit de parti auraient fait place à la décision des sages, ces juges aussi ignorants que sévères se trouveraient en contradiction ou avec eux-mêmes ou avec le public ; car, malgré toutes les injures que l’on dit si souvent au public (et qu’il mérite quelquefois), il en est un qui décide avec connaissance et avec équité ; il est vrai que ce public qui juge, c’est-à-dire qui pense, n’est pas composé de tous ceux qui prononcent ni même de tous ceux qui lisent ; ses arrêts ne sont pas tumultueux, souvent il examine encore lorsque la passion ou la prévention croient avoir déjà décidé, et ses oracles mis en dépôt chez un petit nombre d’hommes éclairés, prescrivent enfin à la multitude ce qu’elle doit croire. […] La renommée, espèce de spectre composé de bouches et d’oreilles sans yeux, une fausse balance dans une main, et une trompette discordante dans l’autre, fait entrer pêle-mêle dans le temple une partie des voyageurs ; là tous les états sont confondus, tandis que le reste des aspirants, empressé d’entrer et repoussé par la justice ou par la fortune, fait retentir les environs du temple de satires contre ceux qui y sont renfermés. […] Dans le temps que notre langue n’était encore, grâce aux tribunaux d’esprit, qu’un mélange bizarre de bas et de précieux, les grands écrivains la devinaient pour ainsi dire, en proscrivant de leurs ouvrages les tours et les mots qu’ils sentaient devoir bientôt vieillir : c’est ce que Pascal a fait dans ses Provinciales, ouvrage qu’on croirait de nos jours, quoique composé il y a cent ans. […] Il voulut que cette académie fut presque entièrement composée des bons écrivains de la nation, pour la décorer aux yeux des sages ; d’un petit nombre de grands seigneurs, pour la décorer aux yeux du peuple ; que ces derniers vinssent remplir seulement les places que les grands écrivains laisseraient vides ; qu’ainsi dans l’Académie Française les préjugés, servissent à honorer le talent, et non le talent à flatter les préjugés, et qu’on eût surtout l’attention d’en exclure ceux qui prétendant être à la fois grands auteurs et grands seigneurs, ne seraient ni l’un ni l’autre.

1336. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Ce conseil se composait de deux théologiens et de deux jurisconsultes, dont les noms sont restés inconnus. […] Écoutez cet hymne de triomphe saluant la défaite finale de la Réforme en France ; je ne puis résister à la joie de transcrire tout le morceau, tant il est imprégné de saveur :‌ « Prenez vos plumes sacrées, vous qui composez les annales de l’Église : agiles instruments « d’un prompt écrivain et d’une main diligente » hâtez-vous de mettre Louis avec les Constantin et les Théodose… Nos pères n’avaient pas vu,‌ comme nous, une hérésie invétérée tomber tout à coup ; les troupeaux égarés revenir en foule, et nos églises trop étroites pour les recevoir ; leurs faux pasteurs les abandonner, sans même en attendre l’ordre, et heureux d’avoir à leur alléguer leur bannissement pour excuse ; tout calme dans un si grand mouvement ; l’univers étonné de voir dans un événement si nouveau la marque la plus assurée, comme le plus bel usage de l’autorité, et le mérite du prince plus reconnu et plus révéré que son autorité même. […] Vingt-cinq mille d’entre les réfugiés entrèrent dans l’armée de Frédéric Guillaume, parmi lesquels six cents officiers et des régiments entiers, uniquement composés de Français. […] L’opinion de Henri Martin (Histoire de France, tome XIV) est intéressante à connaître à ce sujet :‌ « Louis avait longtemps conservé quelques scrupules sur la violation des engagements pris par son aïeul Henri IV ; mais ses derniers doutes avaient été dissipés, depuis quelques mois, par un conseil de conscience particulier, composé de deux théologiens et de deux jurisconsultes, qui avaient décidé qu’il pouvait et devait révoquer l’Édit de Nantes.

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